Chapitre 16

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« Et si on paradait un peu ? proposa-Ayame.

— Comment ça ? demanda-Ciel.

— Et bien, marcher main dans la main dans les couloirs, faire semblant d'être fous amoureux en public. Il faut bien exposer notre amour et notre bonheur à la face du tueur pour le faire sortir.

— Effectivement...

— Mais nous n'avons pas encore décidé des règles à suivre.

— Pourquoi des règles ?

— Tu n'as peut-être pas envie de m'embrasser, sur la bouche. Moi, ça ne me dérange pas, on ne fait que jouer la comédie. Mais tu es peut-être un romantique qui considère que c'est précieux et que tu ne donnera tes lèvres qu'à...

— J'ai compris, j'ai compris. Je ne réserve rien, pour personne. De toute manière la seule personne pour qui... Yuuka est morte. Alors peu importe.

— Même pas l'espoir d'un futur amour ? Après notre vengeance, tu pourrais très bien rencontrer quelqu'un d'autre.

— Je n'en ai pas l'intention. Lorsqu'elle sera vengée... Je partirais.

— Où ?

— Là où les gens ne tombent pas amoureux.

— Tu vas te suicider ? demanda-t-elle tout de go.

— Non ! s'offusqua-t-il. Mais, tu as un démon à tes côtés, tu sais comment ça marche non ?

— Ah, ça... Donc tu vas abandonner ta vie, lorsque ce sera terminé ?

— Oui, je n'aurais plus de raison de... vivre, après tout.

— Et qui s'occupera de la tombe de Yuuka ? »

Ciel n'y avait pas pensé. Personne d'autre que lui ne s'en inquiéterait, parce qu'elle n'avait plus de famille, et que ses amis les plus proches étaient morts. Et avant ça, ils ne s'étaient même pas inquiétés de savoir où elle était enterrée. Les gens n'en auraient rien à faire. Quelqu'un trouverait sa tombe et la détruirait sans doute ; pour construire une maison, ou n'importe quoi d'autre.

« De toute manière, dit-il, je finirais par mourir. Alors ça arrivera bien un jour.

— Peut-être. Mais tu as dit que tu le ferais parce que tu n'auras plus de raison de vivre. Ça veut dire que tu as le choix. T'occuper de sa tombe, de sa mémoire, ce n'est pas une raison suffisante de vivre ? Pour l'instant c'est dur. Il y a les cauchemars, la culpabilité, et cette haine constante. Mais peut-être que tout ça s'arrêtera et que tu te sentiras en paix, une fois la vengeance accomplie.

— Et si ce n'est pas le cas ?

— Laisse juste une chance à la vie, avant de dire que tu n'as plus rien à en tirer. Elle pourrait te surprendre. »

Il renifla de manière condescendante.

« Je te ferais changer d'avis » décréta Ayame.

✩ ✩ ✩

Ayame donnait cours lorsque Ciel frappa à la porte de la classe.

« Entrez. »

Ciel passa le pas de la porte.

« Je peux te parler une seconde ? demanda-t-il.

— Oui, bien sûr. »

Il s'approcha d'elle, vraiment très proche et murmura à son oreille.

« Quel show on leur montre aujourd'hui ? »

Ayame se mit à rire, pour que tout le monde la voit. Il replaça une mèche de cheveux derrière son oreille et la regarda tendrement.

« Je ne sais même pas quoi dire, lui chuchota-t-elle à l'oreille.

— Il suffit de faire semblant d'avoir quelque chose de très intéressant à dire.

— Et comment on fait ça ?

— Continue comme ça, tu t'en sors bien. »

Elle l'embrassa sur la joue avant de s'éloigner. Les élèves les huèrent et sifflèrent, se qui les fit tous les deux sourire. Ciel sortit, satisfait.

Il n'avait plus à s'exposer de cette manière ridicule avant le repas du midi.

Il avait maintenant le temps d'enquêter un peu plus sur le passé des professeurs. Il lui paraissait improbable qu'un élève ai fait tout ça, surtout réussir à pendre deux adultes. Alors, il se concentrait surtout sur les professeurs, et autres employés.

Personne ne semblait avoir quelque chose à cacher, et leur passé était tout ce qu'il y avait de plus normal. Cela désespérait Ciel, il n'y avait aucune piste. Le passé révélait toujours des raisons pour ce genre de meurtres. Alors il devait creuser plus, vérifier qu'ils ne cachaient rien.

Il soupira et s'affaissa dans son fauteuil. Il aurait aimé avoir le journal de Yuuka, pour relire les passages sur Laura et Louis, ceux qu'il avait tant de fois survolés parce qu'il les considérait inimportants. Mais ça ne l'aiderait sans doute pas.

« Parce que rien dans la vie de Laura et Louis ne pourrait expliquer la mort des quatre élèves » marmonna Ciel, pour lui même.

La porte de son bureau claqua. Ayame venait d'apparaître devant lui, avec la discrétion d'un chat.

« J'ai une théorie à ce propos, dit-elle.

— Laquelle ?

— Et si les élèves n'étaient que des dégâts colatéraux ? Ou plutôt, des essais avant le grand saut. Peut-être que le tueur visait précisément les Jah, mais à commencé par des cibles plus faciles.

— C'est une théorie complètement délirante, sans aucun fondement.

— Oui, je sais. Je ne dis pas que c'est la réponse, juste une possibilité.

— Je veux bien y croire, mais dans ce cas notre stratégie ne marche pas. S'il voulait juste tuer les Jah, nous faire passer pour un couple ne le fera pas sortir de sa cachette.

— À moins qu'il ait pris goût au meurtre entre-temps. En tout cas, je pense que ça vaut le coup de passer au peigne fin le passé des Jah, et peut-être même celui des élèves, au cas où ce serait un des autres couples qui ai été précisément visé. »

Ciel acquiesça.

« On va voir ça, dit-il. Mais, qu'est-ce-que tu fais là ?

— Tu n'as pas vu l'heure, sur ta montre hors de prix ? Il est temps d'aller manger. »

Ciel se leva de son fauteuil en soupirant.

Mon histoire d'amour avec Ciel Phantomhive tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant