Chapitre 51

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L'ambiance fut bien différente après cette étrange discussion. Ciel se sentait rassuré sur les sentiments d'Ayame, et d'avoir enfin compris ses propres sentiments, d'avoir réussi à mettre des mots sur ce qu'il ne comprenait pas jusque-là. Et il se sentait enfin prêt à laisser partir Yuuka.

Elle, cependant, se sentait étrangement vide. Elle avait l'impression que, l'éloignement que ressentait Ciel vis-à-vis de Yuuka, l'éloignait aussi d'elle. Peu importe ce qu'il en disait, ses sentiments pour elle n'étaient pas à la hauteur de ce qu'elle voulait. Son esprit était confus mais elle essaya de ne pas le laisser transparaître.

★★★

L'enquête sur le professeur de violon fût très rapide. Peu importe la rancœur qu'il ressentait contre Louis, il n'avait ni le mobile ni la force nécessaire pour une telle action. Et il avait un alibi qui ne laissait aucun doute sur son impossibilité à être présent à deux endroits en même temps : il donnait un cours particulier à des élèves récalcitrants, AKA il forçait des élèves à venir après les cours pour les punir de n'être pas assez doués.

★★★

Ils enquêtèrent ensuite sur la prof de français. Elle semblait avoir un caractère de bouchère sans cœur de l'extérieur mais, lorsqu'on lui parlait, elle était cultivée, avec un sens de l'humour pointu et une personnalité en or. Elle avait beau ne pas supporter Ciel et Ayame, elle se comportait avec beaucoup de finesse en présence de Sébastian.

Ils ne sûrent trop quoi en penser, car son antipathie envers eux laissait présager une potentielle haine des couples heureux, ce qui la rendait tout de même suspecte. Sebastian ne trouva pourtant rien de compromettant dans sa chambre, mais cela ne la déculpabilisa pourtant pas.

Ciel et Ayame continuaient à jouer le couple heureux en public — même si pour le coup, l'amour était réel — afin de garder l'attention du tueur. Ils n'eurent pas l'impression que la prof de français faisait plus attention à eux qu'à d'autres.

Un peu de temps et beaucoup de boulot passèrent avant qu'ils ne découvrent qu'elle avait un amant depuis le début de l'année mais ne pouvait juste pas le montrer en public. Elle filait presque le parfait amour, et ne ressentait que de l'antipathie à cause de son incapacité à l'exposer.

Cela pouvait certes être une raison pour haïr assez les couples pour les tuer, mais cela lui créa surtout un alibi puisqu'elle était avec l'amant en question lors de l'un des meurtres.

★★★

Ceux qui furent les plus difficiles à disculper étaient Emma et Ben, puisque Ciel, Ayame et Sebastian n'y arrivèrent tout simplement pas.

Un duo d'amis, capables de se donner des alibis, de porter un corps à deux. Quoi de mieux comme suspects ?

Mais s'ils étaient complices, leur stratégie pour se déculpabiliser était bien étrange.

Un lundi, Ayame alla à l'hôpital pour parler à Ben.

« Bonjour Ben, comment ça va aujourd'hui ?

— Un peu mieux je crois, répondit-il.

— Ça me rassure. J'avais une question à te poser.

— Oui ?

— Tu as bien dis que tu étais allé dans cette salle de classe, où tu as trouvé les corps des Jah, parce que tu avais reçu une lettre d'Emma ?

— Oui, c'est ça... dit-il doucement, et il semblait regretter de l'avoir dit.

— C'était son écriture ? Tu as toujours cette lettre ?

— Euh, oui, je l'ai reconnu, c'est pour ça que je ne l'ai pas remit en question. C'est déjà arrivé que, pour se moquer de moi, des élèves m'écrivent des lettres en se faisant passer pour elle, alors j'ai fini par retenir son écriture... Mais je n'ai plus la lettre, non.

— Emma était proche de sa camarade de chambre, celle qui est aussi morte ?

— Je ne suis pas sûr, elles ne s'entendaient pas tant que ça en début d'année mais ça s'est calmé avec le temps.

— C'est ta meilleure amie, non ? Tu la connais mieux que personne. Alors, j'ai juste une dernière question. Les Jah ont été tués, ce n'était pas un suicide. Et tu as reçu une lettre d'Emma, comme pour t'emmener dans la salle de classe pour que tu sois celui qui trouve les corps, comme si elle savait déjà qu'ils seraient là. Cette lettre aurait pu être un piège pour que tu sois le premier suspect de cette enquête — car oui, nous menons une enquête. Est-ce que tu crois qu'Emma aurait pu faire ça ? »

Ben la regarda sans expression. Elle ne savait pas s'il était sous le choc ou juste indifférent.

« Vous pensez qu'Emma aurait pu tuer tous ses gens, faire passer ça pour un suicide et essayer de faire de moi le coupable ? demanda-t-il calmement.

— C'est une hypothèse, oui.

— Je... Je ne sais pas. C'est tellement incongru. Elle n'est pas comme ça. Mais présenté tel que vous l'avez fait, c'est sûr que ça paraît louche.

— Donc tu as un doute ?

— Euh, je... Ce n'est pas ce que je voulais dire. C'est juste que je comprends votre raisonnement. Je ne pense pas qu'Emma ait fait ça...

— Pourtant...

— Mais c'était son écriture, la coupa-t-il. Je ne sais pas, c'est trop étrange. Et... des meurtres, vraiment ? Mais dans ce cas, ce n'est pas que les Jah, si ? Les élèves aussi ont été tués ?

— Oui. »

Il la regarda les yeux vides. Il resta si longtemps comme ça qu'Ayame décida que c'était assez.

« Je vais te laisser. Tu peux me recontacter si tu veux. »

Elle sortit de la pièce sans un mot de plus.

Le lendemain, Sebastian apprit que Ben avait refusé la visite d'Emma. Ayame, Ciel et Sebastian décidèrent qu'il était temps de refaire le même coup dans l'autre sens. Sebastian demanda donc à Emma de venir dans son bureau.


Mon histoire d'amour avec Ciel Phantomhive tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant