Chapitre 14

23 2 0
                                    

Les premières heures de cours données par Ayame furent une véritable épreuve. Les élèves étaient très agités et ne faisaient que poser des questions sur le professeur précédent. Elle les installa tous devant leur chevalet et leur donna une nature morte à peindre afin de déterminer leur niveau.

Elle passa d'élève en élève, utilisant l'exercice comme excuse pour se renseigner.

« Vous savez comment va l'élève qui a découvert votre ancien professeur ? demanda-t-elle à celle qu'elle savait être sa meilleure amie.

— Oh, je suis allée le voir pendant notre repos, il est complètement bouleversé.

— Vous en avez parlé ?

— Non, il ne parle quasiment plus. Je n'ai même pas réussi à le faire sourire, alors qu'il riait tant avant. Je ne sais pas ce qu'il a vu ce jour-là mais ça l'a complètement changé. »

Quelques élèves plus tard, elle passa à des questions sur le professeur.

« C'était un bon professeur ?

— Excellent ! En première année je faisais du violon, mais tous mes amis adoraient ce cours grâce à lui, alors j'ai changé d'activité. Et j'ai bien fait, le professeur de violon est toujours de mauvaise humeur même s'il enseignait bien ; mais le professeur de peinture était tout son contraire, toujours souriant et à l'écoute. On apprend - apprenait - moins vite avec lui mais on s'amusait bien plus.

— Beaucoup d'élèves ont arrêté son cours pour cette raison ?

— Oh, oui ! En première année, environ un tiers des élèves prennent violon, les autres choisissent peinture ou sport. Mais en deuxième année, plus de la moitié des élèves en violon passent vers l'un des deux autres. Ceux qui restent le font pour la plupart parce qu'ils n'ont pas le choix, que leur parents décident à leur place. Le nombre reste à peu près le même en troisième année, même si certains élèves supplémentaires réussissent à convaincre leurs parents d'abandonner entre-temps. »

Une bonne raison pour que le professeur de violon veuille se venger, peut-être, pensa-t-elle. Mais il aurait tout aussi bien pu tuer le professeur de sport. Et pourquoi le couple entier ? Et pourquoi les élèves ? À moins que...

« Les élèves qui se sont aussi suicidés, demanda-t-elle, est-ce qu'ils étaient dans le cours de violon en première année ? Avant d'abandonner pour un autre cours ?

— Je ne sais pas... Il y en a un oui, on a abandonné ensemble, pour les autres aucune idée.

— Est-ce que le professeur de violon est célibataire ?

— Oui, mais pourquoi cette question ? »

Ayame évita la question en complimentant le tableau de l'élève puis passa à un autre.

✩ ✩ ✩

« Et pourquoi pas un conseiller ? proposa Ayame. Sébastian pourrait en apprendre plus sur les élèves en écoutant leurs problèmes. Pas besoin de tuer quelqu'un pour ça, puisque c'est un poste qui n'existe pas encore. Après tout ce que les élèves ont vécu, la mort de leurs camarades et professeurs, ça ne paraîtra pas bizarre de proposer quelqu'un pour les écouter et les conseiller. Je suis sûre que Sébastian en sait beaucoup en termes de psychologie, grand manipulateur qu'il est !

— Toujours dans le sarcasme, n'est-ce pas ?

— C'est naturel chez moi, peut-être parce que je ne crois pas en la bonté, contrairement à celle que tu aimes. Mais ce n'est pas en croyant qu'on survit, n'est-ce pas ?

— Parlons d'autre chose... C'est une bonne idée, pour Sébastian. Pas de mort nécessaire et le rôle idéal pour découvrir tous les secrets de l'école. Puisque je suis directeur, je suppose que c'est mon rôle de le faire entrer ? Le mérite me reviendra, auprès des professeurs, pour cette brillante idée, même si c'est la tienne.

— Ne jouons pas à ces jeux Ciel, peu importe de qui vient l'idée, l'important c'est le résultat. On veut trouver le coupable, n'est-ce pas ? Il n'y a pas que Yuuka qui mérite vengeance.

— Je ne comprends pas comment tu as pu être amie avec Yuuka, avec une telle manière de penser.

— Yuuka... Avait beau avoir tout d'une sainte, elle est tombée amoureuse de toi, alors pourquoi pas une amitié avec moi ? L'un comme l'autre nous cherchons à la venger, et ne nous mentons pas, on sait tous les deux ce qui adviendra de ceux qui lui ont fait ça. Personne n'en ressortira vivant. Tu crois qu'elle serait d'accord avec notre méthode ? Sans doute pas, mais elle a choisi d'écrire votre histoire en toute connaissance de cause, en sachant quel genre d'homme tu es.

— Tout ce que je disais c'est que... Yuuka a un jour dit qu'il fallait haïr le péché pas le pécheur.

— Et du coup, elle est tombée amoureuse de toi, le pécheur par excellence. De toute manière, tu n'as toujours pas envie de savoir comment elle a changé après votre histoire, non ? Tu ne veux pas savoir si elle croyait toujours en cette merde inutile qu'est la bonté qui réside en chacun.

— Bon, je comprends pourquoi Yuuka a pu te considérer comme une amie, mais comment as-tu pu toi t'attacher à elle avec une telle manière de penser ?

— Le temps change les gens. Je n'ai pas toujours pensé comme ça, de même que tu n'as pas toujours été celui que tu es. Je veux dire... Tu étais quelqu'un d'autre avant de rencontrer Yuuka, et encore quelqu'un d'autre avant la mort de tes parents. »

Mon histoire d'amour avec Ciel Phantomhive tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant