Chapitre 17

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Si Ciel détestait cette idée de faire semblant d'aimer Ayame pour s'exposer en public, il trouvait quand même cela agréable de reprendre le travail. Sur les années depuis la mort de Yuuka, il n'avait fait que rester enfermé chez lui à ruminer pendant que Sebastian faisait tout le travail. Retrouver le monde extérieur, une activité, ça l'aidait à penser à autre chose ; même si tout ce qu'il faisait restait lié à Yuuka, parce qu'ici il ne voyait pas son deuil du même oeil, il agissait enfin réellement, et avec quelqu'un qui vivait pour la même raison que lui.

Yuuka lui manquait chaque jour et ce lycée n'était qu'un rappel de ce qu'ils avaient vécu, mais pas un rappel désagréable, plutôt quelque chose de doux, nostalgique, pas douloureux. Cet endroit lui avait manqué, finalement. Dans chaque couloir il voyait Yuuka marcher, rire. Alors que lorsqu'il était chez lui, il avait l'impression de ne la voir que pleurer, comme le jour où Shûsei - son ange gardien - était mort, et le dernier jour, celui où elle avait appris ce qu'il avait fait à sa soeur, le jour à partir duquel il ne l'a plus jamais revu. Il l'imaginait toujours hanter ces couloirs, ceux où elle avait attendu des mois qu'il revienne, jusqu'à ce qu'elle n'ait plus une once d'espoir. Il ne voyait rien d'autre que sa tombe. Et ça lui brisait le cœur.

Mais ici, en ces murs, elle irradiait de bonheur. Elle riait, lui disait qu'elle l'aime, jouait sur son piano, le regardait tendrement, prenait le thé avec lui. Il la revoyait le dessiner dans cette salle de classe, ou danser avec lui dans la cafétéria, prendre leur petit-déjeuner ensemble. Il la voyait comme si elle était toujours là, et il aurait voulu l'appeler, mais il savait qu'elle n'était pas réellement là, qu'elle ne le serait plus jamais.

Et ce couloir où ils s'étaient si souvent croisés. Il ne pouvait s'empêcher de passer toujours par là, quitte à faire un détour.

Il trébucha.

Étonné, il se tourna vers Ayame qui venait de lui faire un croche-patte. Elle affichait un petit sourire satisfait.

« Pourquoi as-tu fait ça ? »

Elle lui tendit la main pour qu'il se relève.

« La prochaine fois que tu tombes... commença-t-elle.

Et ce fut le visage de Yuuka qui se superposa au sien.

— Tombe amoureux, finit-elle, ça fera moins mal. »

Il lâcha sa main prestement.

« Quoique, ajouta-t-elle, on voit bien ce que ça a donné la seule fois où tu as aimé quelqu'un. Et je ne suis pas mieux lotie...

— Ça t'amuse, de reprendre mes répliques ? demanda-t-il.

— C'était tellement mielleux que oui, ça me fait marrer. La prochaine fois que tu essaies de draguer quelqu'un pour un travail, réfléchi à l'avance à tes répliques, celle-là était terrible.

— Tu as lu ce journal combien de fois, hein ? J'ai l'impression que tu connais chaque phrase comme si tu l'avais toi-même vécu.

— Il y a des phrases qui marquent plus que d'autres, se moqua-t-elle. »

Ciel ronchonna et cela fit d'autant plus rire Ayame.

« Comment tu sais que c'est arrivé ici ? demanda-t-il.

— Peut-être parce que c'est arrivé après un cours de violon et que nous sommes ici devant la classe de violon ?

— Ah, oui... Mais, c'est bien ce que je dis ! Tu te souviens de tout ce qui est écrit dans ce journal. Ce n'est pas le genre de détail qui marque.

— Tu cherches quoi Ciel ? Bien sûr que je sais tout ce qu'il a marqué dans ce journal. J'ai essayé une centaine de fois de trouver un indice, quelque chose qui me dirait qui est le coupable. Disons que... Hum, tu vas mal le prendre. Je suis... entrée chez toi plus d'une fois pour le relire.

— Tu, quoi ?

— Moi qui pensait qu'il était moins facile que ça de passer entre les mailles du filet qu'a dressé ton majordome autour du manoir. Il y a beaucoup de failles.

— Tu rigole ?

— Ciel, Ciel. Cher Ciel. Tu as vraiment cru que c'était des hallucinations lorsque tu voyais quelqu'un sur la tombe de Yuuka ? Il n'y a pas que toi qui l'aimait assez pour lui rendre hommage.

— Toi ! C'est aussi toi qui piquait des fleurs dans les bouquets que je mettais sur sa tombe ?

— Ciel, rit-elle. Bien sûr que non. Qui irait voler les fleurs d'une morte ? Elles ne me sont pas destinées. Peut-être que Yuuka les a mangées. Tu as essayé de mettre des fruits en offrandes ? Les morts ont peut-être faim. En tout cas, c'est assez courant de le faire en Asie. »

Ciel leva les yeux au ciel, elle se moquait ouvertement de lui. Personne n'avait jamais été aussi impertinent avec lui. Cette femme avait un don pour lui donner envie de crier. Il passa son chemin et elle le suivit silencieusement, il pouvait quand même l'imaginer sourire, fière d'elle. Et étrangement, ça le fit sourire.

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Lorsque j'ai écrit le tome 1 de cette histoire, je l'avais commencé en janvier 2016 et finit en décembre de la même année. 1 an pour écrire une histoire de 80 000 mots. Je suis très loin du compte cette fois. Je tiens plus ou moins mon rythme de 2 chapitres par mois et je suis loin d'avoir fini. J'espère avancer plus vite avec le temps, quand j'irais assez mieux pour que ma plume glisse plus fréquemment. En attendant, je vais à mon rythme mais j'espère quand même que cette histoire vous satisfait et que vous ne m'en voulez pas trop de prendre tant de temps à sortir de nouveaux chapitres !

Mon histoire d'amour avec Ciel Phantomhive tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant