Chapitre 1 : Famille Brazivich.

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Hurler.

Frapper.

Abattre.

C'est ce que j'aurais dû faire.  Frapper, contrôler, descendre de sang froid, ce à quoi j'ai été entraînée des années. Pour me protéger moi et les autres. Mais, je n'en ai pas été capable.

Cela fait maintenant quarante-cinq minutes que je suis dans cette salle en plein milieu de la nuit, je suis en nage, la respiration erratique, mon souffle est court, saccadé. Mes yeux me brûlent de fatigue et de larmes que je refuse de laisser couler. Pourtant je ne peux pas, je ne peux pas quitter ce sac de frappe que je martèle de coups. Les images dans ma têtes fusent, les flashs viennent, repartent et sont remplacés par de nouveaux. Plus douloureux que les précédents. Je ferme les yeux, serre la mâchoire et augmente la puissance dans mes bras. Mes poings s'abattent avec force sur le sac de frappes.

Ils sont en sang, mes oreilles bourdonnent. Il faut que je m'arrête maintenant, il ne faut pas que je perde pied. Droite, gauche, pied droit. Je tremble, mes yeux se révulsent. C'est trop tard. Mes jambes flanchent, je m'écroule au sol.

- Putain, je crache en reprenant  mes esprits.

Je me frotte le visage brusquement et me relève. Je récupère une serviette et une bouteille d'eau posées sur les étagères dans le coin de la pièce et me dirige vers mon téléphone que j'avais laissé sur un des rings. 4 :37 du matin encore une nuit affreuse à mon palmarès, je mériterais presque un oscar pour ces exploits.

Ahah c'est vraiment drôle ça Stella, tu veux un oscar aussi pour ton humour ?

Je sors de la salle d'entraînement construite dans une partie des sous-sols de la maison, je remonte les escaliers et traverse le rez-de-chaussée. Je gravis de nouveaux escaliers de l'autre côté de la maison et atteint le premier étage. La villa en contient trois, mais certaines pièces du dernier étage me sont accessibles seulement sur autorisation ou totalement interdites. Mon père a jugé bon de m'éloigner de toutes ses activités illégales depuis quelques années maintenant afin que j'ai une vie plus saine. Si seulement il savait que ça n'avait rien changé.

Arrivée dans ma chambre, je me dirige directement vers la salle de bain attenante et me passe plusieurs fois de l'eau sur le visage. Incapable de prendre une douche tout de suite je rejoins mon dressing et enfile un tee-shirt et une culotte propre. Je regagne enfin mon lit  et m'écroule dessus épuisée, je branche mon téléphone. Il est bientôt 5 : 00  du matin,  je me lève dans moins de deux heures pour le travail. Je ne me pose pas plus de question et ouvre le premier tiroir de ma table de nuit, j'y trouve ma plaquette de somnifère. J'en avale deux et me recouche, je plonge quelques minutes après dans un sommeil profond, sans rêve, sans cauchemar ni cri.

***

Je suis tirée de mon sommeil par le bruit de la poignée que l'on abaisse. Ma main se pose immédiatement sur le Glock 19 caché sous mon oreiller. Dos à ma porte, je ne bouge pas, prête à me défendre si nécessaire. Mes muscles se tendent à mesure que l'individu se déplace dans ma chambre. Je l'entends pester contre le chien qui a dû se faufiler à sa suite et me détends aussitôt.

- Putain, Ralph dégage tu fais chier, chuchote-t-il.

Mes doigts se desserrent de la crosse et ma respiration se calme instantanément. RAS juste mon abruti de frère. Je le sens sauter sur mon lit, et venir m'écraser. Allongé de tout son long sur moi, je tente de me retourner pour me dégager de son emprise.

- Je te jure Gabriel que si tu ne dégage pas tout de suite, je t'arrache les couilles et les donne à bouffer à Ralph.

Je le sens ricaner, tandis qu'il presse un peu plus ma tête contre le matelas. Puis, il roule sur le dos à côté de moi. 

BRAZIVICHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant