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Une main secouait l'épaule de Takemichi, la poigne était plutôt douce et un rire retentit à ses oreilles. Takemichi ouvrit les yeux. Quelqu'un était assis à côté de lui, habillé en uniforme scolaire. Takemichi ne voyait pas sa tête. Cette dernière était recouverte de traits noirs, comme si un marqueur indélébile avait cherché à effacer ce visage. Un inconnu sans visage.

Et pourtant terriblement familier au jeune homme.

La chaleur disparut, emportée par la froideur du réveil et Takemichi chassa des larmes sur ses joues. De temps en temps, il faisait ce rêve. Pour une raison qui lui échappait, il ne savait pas pourquoi il finissait par pleurer. Encore une fois, il n'eut pas le temps de réfléchir aux différents sens de ce rêve ; son travail l'appelait et le jeune homme était en retard. Takemichi repoussa avec lassitude ses draps.

Une nouvelle journée recommençait.

____

Manjiro passait presque tous les jours au magasin, Takemichi s'ennuyait moins. Bien sûr, Takemichi ne pardonnait toujours pas à son ami d'avoir insulté les opossums. Si parler trop longtemps avec les clients aurait fait enrager sa patronne, elle ne disait rien. Hasegawa se contentait de regarder Takemichi du coin de l'œil. Manjiro écoutait les conseils de Takemichi sur des DVD qu'il avait déjà vu et apprécié.

- T'es sûr que tu ne veux pas enlever ton écharpe ? Il fait chaud quand même dans le magasin.

Non, ça ira. J'attrape facilement froid.

Manjiro détourna le sujet de la conversation en comparant la supériorité des cochons d'Inde sur les opossums.

- Tu compares l'incomparable.

Manjiro haussa les épaules. Takemichi rangea un DVD sur une étagère avant qu'une voix ne l'interpelle depuis la rue. Meika resta sur le pas de la porte et salua vite fait le noiraud d'un signe de main.

- Je repasse demain, je dois voir Chifuyu ! Bye !

Takemichi aperçut à peine la queue-de-cheval de Meika disparaître dans la rue, abasourdi par sa vitesse. Manjiro fixa la porte, impassible. Cela ne faisait que deux fois qu'il la voyait, et c'était déjà trop. Sa présence même l'énervait. Un peu plus froid que d'habitude, Manjiro demanda :

- C'est qui ?

Takemichi arqua un sourcil, étonné du ton de Manjiro. Ce dernier adoucit son regard et réitéra sa question plus gentiment.

- Je t'en ai déjà parlé, c'est elle, Meika. Mais... ça va ?

- Oui. (Manjiro soupira.) On parlait de quoi déjà ?

Un peu plus embêté, Takemichi rappela qu'ils parlaient de cochons d'Inde et d'opossums. Manjiro voulait tout simplement penser à autre chose. Il n'aimait pas cette fille. Elle dégageait de mauvaises ondes. Manjiro discernait très bien quel genre de filles c'était.
Facilement manipulatrice.
Détestable.

Manjiro s'enferma dans ses pensées, réfléchissant à comment il pourrait l'éloigner de Takemichi.

____

Meika traversa la rue au pas de course, le téléphone collé à son oreille et priant que son pote décroche. La sonnerie bipa trois fois avant qu'une voix masculine ne parvienne à l'autre bout du fil.

- C'est la quatrième fois que tu m'appelles cette semaine ? Qu'est-ce que t'as ?

Meika expira longuement, regarda autour d'elle comme si elle se sentait observée et répondit :

𝐭𝐚𝐤𝐞 𝐲𝐨𝐮 𝐭𝐨 𝐡𝐞𝐥𝐥 | ₍ᐢ ̥ ̮ ̥ᐢ₎ 𝐭𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant