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Allongée sur son canapé, Meika repoussa son ordinateur sur ses genoux, les cheveux exceptionnellement détachés et étira ses bras en l'air. Elle bâilla par la suite. Depuis le début de l'après-midi, elle avait essayé en vain de faire des recherches sur ce "Manjiro" mais Internet gardait le silence. Il n'apparaissait nulle part. Et aux dernières nouvelles, l'ami de Takemichi n'était pas une marque de nouilles.

- Je ne vais vraiment pas avancer avec ça...

Meika soupira. La veille, le blondinet lui avait envoyé un message pour lui dire de ne pas s'en faire pour lui. Manjiro était quelqu'un de très gentil, prévenant, et tout le blabla. Meika n'y croyait pas et n'y croirait jamais. Manjiro n'était pas quelqu'un en qui on pouvait faire confiance facilement ; Meika se tiendrait à cette idée et ne changerait pas d'avis.

Mais d'un autre point de vue, ça lui faisait un peu de peine de penser que Takemichi pourrait la détester pour ça.

meika >

désolée d'être envahissante

meika >

mais je ne le sens vraiment pas

meika >

après tu fais ce que tu veux de
ce que je dis...

meika >

encore désolée

meika >

j'ai l'impression de faire que
de la merde en ce moment

meika >

tu fais quelque chose la
semaine prochaine en
dehors du travail ?

meika >

si jamais tu ne fais rien
on pourrait se faire
une sortie ?

vu.

Meika attendit patiemment pendant quelques minutes que Takemichi lui réponde mais il n'envoya aucun autre message. Peut-être était-il occupé à faire autre chose ? Ou travaillait-il ? Meika avait oublié de lui poser la question. Au moment d'écrire son huitième message, elle effaça tout.

Non, Takemichi va être embêté si j'en envoie encore un. Il n'a sûrement pas répondu parce qu'il n'a pas de réponse à me donner. Ou peut-être qu'il ne veut plus me parler du tout. Il préfère Manjiro. Oui, c'est sûrement ça.

Meika posa son téléphone sur sa table basse ainsi que son ordinateur. Elle attacha ses cheveux en queue-de-cheval et souffla d'agacement. Elle détestait se sentir comme ça. La jeune étudiante ressentit un vif pincement au cœur alors que ses pensées s'entrechoquaient brutalement.

Pourquoi il ne répond pas ?

Meika resta allongée durant de longues minutes supplémentaires sur son canapé, les yeux rivés au plafond. Même le tic tac incessant de son horloge pendue au mur l'insupportait. Son téléphone vibra sur sa table et Meika se leva d'un bond, laissant retomber toute sa colère en une fraction de secondes. Mais la notification lui glissa un sourire froid sur les lèvres.

C'était juste sa mère.

Pas Takemichi.

maman >

coucou toi !
pense à bien manger ce soir
est-ce que tu as pris les
teriyaki que je t'avais préparé ?
bosse bien tes cours à la FAC !
ta petite sœur a écrit un
petit article sur les opossums !
je t'ai envoyé une photo,
il est très mignon !
bisous

Meika tapa machinalement une réponse, pas dans la meilleure humeur, à la limite d'une bombe à retardement.

meika >

salut !!
oui !! super bon
je vais éviter de redoubler
son avenir est tout tracé
hihi
<3

Meika ne prit pas la peine de lire l'article. Elle n'était pas concentrée de toute façon. Elle n'aimait pas mentir à sa mère mais elle ne voulait pas l'inquiéter non plus. Meika mangeait en dents de scie. Et ses cours à l'université ? Elle les révisait au dernier moment, tout comme elle faisait ses exercices le jour même. Sans réellement la connaître, elle se donnait une image parfaite d'elle-même devant les autres. Ou plutôt était-ce elle-même qu'elle essayait de convaincre.

Ma sœur a plus d'avenir que moi. Je ne sais même pas ce que je vais faire plus tard, c'est flou. Même travailler ça devient trop lourd.

Meika laissa son téléphone sur le canapé, n'attendant plus la réponse de Takemichi et sortit de son appartement. Le soleil perçait les nuages et le quartier était bien silencieux pour une fois. C'était bien mieux que de retrouver une voiture brûlée un beau matin. Meika parcourut le couloir ouvert sur l'extérieur, descendit les dizaines de marches et s'arrêta devant les boîtes aux lettres. Tête en l'air, elle avait oublié les clés chez elle. Meika y retourna et revint avec les fameuses.

Le pied sur la dernière marche, elle n'avait pas relevé ce détail au début mais son œil était attiré par une voiture noire au bout de la rue. Personne ne semblait être à l'intérieur. Mais Meika ressentit un malaise en la fixant.

Elle secoua sa tête pour le chasser et ouvrit sa boîte aux lettres. Malgré son petit mot "STOP PUB", un magazine traînait dans la caisse métallique ainsi qu'une enveloppe blanche. Meika récupéra les deux et jeta le magazine dans une poubelle non loin avant de retourner chez elle.

Meika retourna l'enveloppe dans tous les sens sans savoir de qui ça pouvait venir. Elle l'ouvrit sans grande délicatesse et en sortit un papier. Il n'y avait rien sur le recto.

- Si c'est papa qui fait une blague...

Le recto ? Non, Meika regardait le verso.

Six mots.

Meika fronça les sourcils.

La curiosité est un vilain défaut.

Meika soupira et roula le papier en boule. Elle ferma sa porte d'entrée. Du moins, elle allait la fermer.

Hein ?

D'un coup de panique, elle claqua sa porte et ferma à clé.

La voiture noire n'était plus là. 

𝐭𝐚𝐤𝐞 𝐲𝐨𝐮 𝐭𝐨 𝐡𝐞𝐥𝐥 | ₍ᐢ ̥ ̮ ̥ᐢ₎ 𝐭𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant