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tw;; émétophobie, angoisse

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Entre les verres alcoolisés et les silhouettes dansantes, Meika ne savait pas où donner de la tête. Elle remua le thé glacé dans son verre, un peu perdue dans ses pensées alors que Yuzuha s'échappa enfin de la piste de danse bondée, la peau de son visage luisante de sueur. Elle s'assit à côté de son amie sur le canapé et la sortit de ses songes par un ricanement non loin d'être moqueur.

- Si tu voyais ta tête.

- Mh ? Elle a quoi ma tête ?

- T'aimes pas les fêtes toi.

Meika haussa les épaules. Ce n'est pas comme si elle ne connaissait pas un dixième de la population dans la maison des Shiba. La famille de Yuzuha était plutôt aisée ; la famille, un bien grand mot : Yuzuha et son petit-frère, Hakkai, vivaient seuls la plupart du temps. Taiju, le grand-frère, possédait plusieurs restaurants dans la région et avait fait fortune. Il ne voyait très peu sa petite famille pour des raisons personnelles. Yuzuha ne s'était jamais étalée là-dessus à Meika et cette dernière respectait son choix.

- Y'a juste trop de monde. J'étais censée réviser pour des examens.

- Ils sont dans deux mois !

- Certes, mais je préfère m'y prendre à l'avance.

Meika avait la fâcheuse tendance à tout remettre au lendemain. Ce qui lui portait beaucoup préjudice. Elle connaissait mieux que personne la procrastination. Yuzuha rejeta ses cheveux en arrière et étouffa un bâillement.

Meika but d'une traite le reste de thé qui lui restait mais il n'en résulta qu'un arrière-goût amer. Elle ne cessait de penser à son appartement saccagé quelques jours plus tôt. Elle se sentait un peu mal de devoir séjourner chez son amie jusqu'à ce que les lieux soient plus sécurisés. Et ce n'était pas comme si la maison était des plus calmes tous les jours. Meika ne voulait pas se plaindre de la nuisance sonore mais c'était mieux que de vivre la boule au ventre chez elle. Elle songeait même à quitter Tokyo un certain temps.

Depuis quelques jours, elle ne recevait même plus de messages.

Yuzuha la dévisagea avec inquiétude mais n'en laissa rien paraître quand Meika la regarda à son tour, les sourcils froncés.

- Je reviens.

Meika fila à la cuisine pour se resservir du thé glacé dans son verre. Par chance, il en restait une bouteille entière dans le frigidaire et elle se servit. La boisson ne parvenait pas à chasser ses pensées négatives et la chair de poule se plaqua sur ses bras. Meika sentait la fatigue venir. Une fatigue qui pouvait l'endormir à tout moment.

Meika se faufila entre plusieurs personnes pour regagner le couloir principal qui menait vers la partie secondaire de la maison. Heureusement que Meika connaissait un minimum la maison, sinon, elle se serait perdue avec le nombre de portes qui criblait le couloir. Elle monta plusieurs marches, accédant au premier étage : vide. Chez les Shiba, la règle était que personne ne devait monter à l'étage lors d'une fête et c'était non négociable.

Meika s'engouffra dans la première salle de bain du couloir. Elle n'était pas très grande et contenait le minimum : un grand lavabo au fond et équipé d'un miroir reflétant toute la pièce, un placard pour mettre les serviettes de bain et affaires de toilette à droite de l'entrée et une baignoire cachée par un rideau juste après le placard. Meika soupira et posa son verre vide sur le côté du lavabo. Ouvrant le robinet, elle joignit ses mains et l'eau froide s'y déversa ; Meika arrosa ses joues, frottant au passage ses yeux qui se plissaient de fatigue. Se regardant dans le miroir pour contempler les cernes qui n'allaient pas tarder à atteindre ses pommettes un jour, Meika se mouilla de nouveau son visage dans l'optique d'au moins rester éveillée quelques minutes de plus.

𝐭𝐚𝐤𝐞 𝐲𝐨𝐮 𝐭𝐨 𝐡𝐞𝐥𝐥 | ₍ᐢ ̥ ̮ ̥ᐢ₎ 𝐭𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant