Chifuyu décrocha à la deuxième sonnerie. Takemichi poussa un soupir de soulagement et s'installa mieux sur sa chaise, le ventre gargouillant un peu. Il n'avait pas encore mangé mais se lever de sa chaise lui demandait un effort insurmontable. Par quoi commencer ?
- Bon, allô ? répéta Chifuyu.
Il pensait que Takemichi lui faisait une blague. C'était loin d'être le cas.
- Ah ouais, désolé. Il fallait vraiment que je te parle. Mais comment ça va ?
- Va droit au but, je te dirai comment je vais après. T'as une petite voix.
Chifuyu lisait en lui comme un livre ouvert même avec des kilomètres les séparant. Takemichi étouffa un bâillement de fatigue. Il ne savait pas trop comment se sentir. C'était un maelstrom sans nom dans sa tête et mettre un point sur chaque émotion le dépassait.
- Tu te souviens des dessins que je t'avais montrés...?
- La fille ?
- Oui.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Takemichi n'avait sans doute pas remarqué le léger changement de ton de Chifuyu. Un ton moins maîtrisé que d'habitude, hésitant.
- Je l'ai vue en sortant de l'hôpital cet après-midi.
Il y eut un silence de l'autre côté de la ligne. Chifuyu se racla la gorge, semblant embarrassé.
- Et je pense que ça a un lien avec mon amnésie. Elle m'a reconnu Chifuyu, elle a même pleuré... mais elle est partie juste après ça. Je n'ai pas pu la rattraper.
Takemichi serra son poing sur son genou. Il ne savait pas pourquoi il ressentait un sentiment de culpabilité. Cela lui laissait un goût amer dans la bouche.
- Takemichi.
- Est-ce que tu sais quelque chose, Chifuyu ? Même avec les cheveux bruns, je l'ai reconnue. Il faut que tu me dises.
- Takemichi.
La voix de Chifuyu transcenda les graves. Takemichi s'en voulut de l'avoir irrité, bien que ce n'était pas vraiment de sa faute. Chifuyu s'énervait assez facilement sur des sujets sensibles.
- Désolé, Chifuyu.
- Non, ce n'est pas ça. J'ai vu ce que tu m'avais dessiné, j'entends bien ce que tu me dis mais je ne la connais pas. (Chifuyu insista sur ces derniers mots.) Alors, ne me fais pas répéter, s'il te plaît. (Il soupira avant de dire plus calmement.) Bref, j'espère que tu pourras la croiser de nouveau et qu'elle ne s'enfuira pas à toute vitesse !
- J'ai vraiment cru que tu étais en colère contre moi.
- Pourquoi je le serai ? Ok, j'ai mauvais caractère parfois mais j'assume.
- Je ne vais pas dire le contraire.
- HEY !!
- Bah, t'as dit que t'assumais y'a trois secondes.
- Certes, mais quand je souligne un de mes défauts, c'est de l'humilité. Mais quand toi, tu soulignes mes défauts, c'est irrespectueux.
- ...
- Quoi ?
- Chifuyu...
- Oui ?
- J'ai la référence.
- Oh.
Takemichi ricana. Chifuyu passait trop de temps à regarder des parodies et ça commençait à déteindre sur son langage au quotidien.
Chifuyu se leva de son lit, le téléphone collé à son oreille alors qu'il jeta un bref coup d'œil à un cadre photo posé sur sa table de nuit. Certaines têtes étaient brouillées de noir.
Chifuyu se dirigea à sa fenêtre, le regard inquiet par la tempête qui se préparait.
- Ça va aller pour ce soir, Takemitchy ?
- Mh ?
- Y'a l'orage. D'ailleurs, je vais aller rejoindre Kazutora à la boutique. Comme il termine tard, ça va le rassurer que je sois là.
- Bon courage alors !
- Ouaip, merci Takemichi.
Chifuyu raccrocha le premier. Takemichi se sentit un peu plus rassuré d'avoir eu des nouvelles de Chifuyu ; il n'appréciait pas vraiment l'orage, les bruits soudains le faisaient sursauter.
Mais Takemichi repensa à l'hôpital, à cette fille, à ses rêves. Quel était le lien entre tout ça ? Pourquoi était-elle partie en courant ? Elle savait quelque chose, c'était sûr. Maintenant que Takemichi pouvait placer un visage par-dessus les gribouillis noirs, il voulait à tout prix savoir son nom, qui elle était vraiment, si elle pouvait être la cause de son amnésie. Takemichi n'était sûr de rien.
Pas plus qu'un mal de crâne qui assomma soudainement sa tête à force de trop penser.De toutes ces années, il n'avait jamais ressenti ce besoin vital de retrouver la mémoire.
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𝐭𝐚𝐤𝐞 𝐲𝐨𝐮 𝐭𝐨 𝐡𝐞𝐥𝐥 | ₍ᐢ ̥ ̮ ̥ᐢ₎ 𝐭𝐫
Fanfiction𝘫𝘶𝘴𝘲𝘶'𝘰𝘶̀ 𝘱𝘦𝘶𝘵-𝘰𝘯 𝘢𝘭𝘭𝘦𝘳 𝘱𝘢𝘳 𝘢𝘮𝘰𝘶𝘳 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘲𝘶𝘦𝘭𝘲𝘶'𝘶𝘯 ? Takemichi se traîne dans un quotidien devenu étouffant : boulot, dodo, boulot, dodo. En plus de travailler doublement pour les frais d'hôpitaux de sa mère, il...