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Takemichi eut un sursaut de frayeur, le cœur battant anormalement vite et les yeux écarquillés. Il sut trois choses : la première, qu'il s'était endormi par miracle ; la deuxième, qu'il n'était pas dans sa chambre ; la troisième, la porte grinçait sous les coups de plus en plus insistants. La personne de l'autre côté voulait sûrement s'assurer que Takemichi était bel et bien réveillée. Pour preuve, le mécanisme de la porte se déverrouilla et au seuil de la porte, apparut l'homme aux cheveux roses que Takemichi avait surpris en train de tuer quelqu'un dans une ruelle. Le meurtrier à l'ensemble violet et blanc le fixa un bon moment avant de lui faire un signe de tête évocateur.
Takemichi devait sortir de la chambre.

Ses yeux bleus se figèrent sur le pistolet que le criminel tenait à sa ceinture. Si Takemichi exécutait un seul mauvais geste, il pourrait se retrouver avec une balle entre les deux yeux. En chaussettes, Takemichi ne perdit pas de temps à chercher ses chaussures ; il sortit de la chambre au pas de course. Sanzu le suivait, marchant à allure modérée, regardant sa montre hors de prix pour vérifier l'heure. Takemichi écoutait à peine les instructions de l'homme derrière lui, assourdi par son cœur qui battait trop vite et trop fort. S'il ne tremblait pas de tout son être, intérieurement, il était dans un état de terreur.

Les portes criblaient le couloir de toute part et impossible de se repérer à cet étage sans les indications glaciales de Sanzu. Takemichi osait à peine lever les yeux de ses chaussettes. Le sol lui refroidissait les pieds. De temps à autre, quelques hommes en costard sortaient de leurs bureaux, saluaient respectueusement l'exécuteur numéro 1 du Bonten, et repartaient à leurs tâches. Takemichi réalisait enfin que le Bonten était bien plus important que ça ; que ce n'était pas un groupe criminel basique. Aucune échappatoire.

- Entre.

Sanzu donna un coup dans l'épaule de Takemichi pour le sortir de ses pensées entremêlées. Le jeune homme bredouilla des excuses, s'arrêtant devant une énième porte et Sanzu lui ouvrit.
S'attendant à trouver dans cette pièce un immense bureau avec chaque chose bien ordonnée, Takemichi fut légèrement surpris d'y voir une table basse où des piles de papiers s'y accumulent, froissés ou par terre ; un coin occupé par une dizaine de coussins colorés ; une grande fenêtre ouverte, donnant un panorama bien singulier sur la ville. Assis à son bord, une jambe dans le vide, l'autre repliée contre lui, Mikey ne quittait pas l'horizon du regard. Son débardeur noir couvrait à peine sa maigreur et sa peau n'en ressortait que bien plus pâle encore ; ses cernes témoignaient de nuits d'insomniaque. Sanzu poussa Takemichi au centre de la pièce d'un coup de talon dans le dos avant de s'éclipser du bureau.

Maintenant face à celui qu'il redoutait le plus, Takemichi ignora tant bien que mal la crampe qui le saisissait aux entrailles. Qui de lui ou de Mikey devait parler en premier ? Takemichi avait tant de questions à lui poser. Pourquoi l'avoir kidnappé ? Pourquoi s'en être pris à ses amis ? Pourquoi agissait-il comme ça ? Des questions impossibles à poser sans que des conséquences puissent avoir lieu. Les yeux de Takemichi s'écarquillèrent. Mikey avait-il libéré Chifuyu comme cela était convenu ? À peine quelques secondes passées à dissocier, Takemichi rouvrit les yeux et recula d'un pas, tétanisé. Mikey se tenait devant lui, les mains plantés dans son pantalon noir, le regard indifférent et à la fois épuisé.

- Est-ce que tu as faim ? 

𝐭𝐚𝐤𝐞 𝐲𝐨𝐮 𝐭𝐨 𝐡𝐞𝐥𝐥 | ₍ᐢ ̥ ̮ ̥ᐢ₎ 𝐭𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant