Chapitre 1. Dure réalité

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8 FEVRIER 2020

Une journée longue et sans grand intérêt se profilait encore, pour ne pas changer. Définitivement, travailler dans ce bar s'avérait être de plus en plus une corvée. Je ne devrais pas me plaindre, je le sais pertinemment. Après tout, il y a bien pire comme travail. Seulement, plus le temps passait, plus je pensais trouver des raisons légitimes d'exprimer ce manque d'entrain. 

Rien ne se déroulait comme je l'avais imaginé dans ma vie. Je m'étais destinée à de brillantes études de médecine, emportée par mon envie d'aider les autres et de comprendre comment les choses fonctionnent. Finalement, me voilà à servir dans un vieux bar parisien, institution vieillissante dont l'avenir paraissait particulièrement incertain. Mon fidèle groupe d'amis n'était qu'une maigre consolation pour faire face à cette morosité quotidienne. Au fond, je me sentais bien seule, loin de mon rêve, de mes objectifs, de ma famille ; embarquée dans ce qui était devenue ma triste réalité, nageant dans un océan de doute, de lassitude et de peur, prônant la confiance en pensant en réalité au désespoir et à la crainte du futur. 

Ainsi, comme à mon habitude, je me dirigeais vers le lieu de mon infortune en trainant les pieds de désintérêt. Il était 18h, et je n'allais pas en sortir avant au moins 2h du matin. Malgré la faible clientèle, quelques fidèles obligeaient le bar à rester ouvert jusqu'au bout de la nuit. Une situation qui poussait le propriétaire de cette endroit à n'employer que trop peu de serveur pour assurer les longues heures d'ouverture. Autrement dit, l'exaspération était totale concernant l'ensemble des employés. Heureusement, nous avions tous trouvé du réconfort dans la solidarité que nous avions mis en place entre nous. 

Lorsque j'arrivai enfin devant l'enseigne implantée dans un quartier assez animé de Paris, un de mes collègues fumait à l'extérieur dans une attitude particulièrement parisienne. La devanture du bar, verte et défraichie, n'avait pas bougé depuis des années, n'inspirant pas vraiment les gens à pénétrer à l'intérieur. Ceci, malgré la position stratégique des lieux, entre bureaux et quartier très résidentiel. 

-Salut Adèle ! Fit mon collègue, Maxime, en me voyant arriver au loin

-Salut. Comment s'annonce la soirée ? Demandai-je, visiblement moins enthousiaste 

-Calme probablement, comme d'habitude. Répondit-il en tirant sur sa cigarette. Par contre ce week-end y'a un match de rugby, il devrait y avoir plus de monde. 

-Je le sais bien, je vais le voir au stade ce match ! Dis-je en retrouvant soudainement le sourire 

-Sérieusement ? T'as réussi à avoir une place ? Lâcha-t-il, son visage se décomposant sous la surprise et la jalousie 

-C'était un cadeau d'anniversaire, je ne fais qu'en profiter ! 

-Tu vas nous laisser à deux alors, pas cool... Constata-t-il, son visage s'animant d'une morosité nouvelle 

-Désolée, je pouvais pas refuser ! Dis-je pour me défendre

-Non je te taquine, ça va ! Tu vas bien t'amuser oui ! Fit-il en retrouvant son sourire habituelle 

-C'est clair, j'ai trop hâte ! 

-Et tu y vas avec qui ? Demanda-t-il avec quelques sous-entendus

-Ma meilleure amie. Ajoutai-je, ayant parfaitement bien compris son allusion à la gente masculine

-Ah d'accord... Bon j'espère qu'ils vont gagner en tous cas, les gens consommeront plus au moins ! 

-Toujours tout pour l'argent toi hein... Finis-je en levant les yeux au ciel

Ma réponse provoqua son rire avant que je ne le quitte pour pénétrer à l'intérieur. Peu de personnes étaient présentes à cette heure-ci dans la pénombre des lieux. Le mobilier n'était vraiment pas très moderne, tout comme les clients en réalité. Le bois était le principal composant de la décoration et le peu de lumière n'était pas s'en rappeler la noirceur des pubs londoniens les plus typiques. Certains pouvaient y trouver un certain charme, pour ma part je n'y voyait que la décrépitude et n'éprouvait que du dégoût. 

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