Chapitre 5 Ulaïr

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Avant de commencer la lecture de chapitre, je tenais à m'excuser de ma très/trop longue absence. En effet de lourds problèmes de santé m'ont empêché de poursuivre la rédaction et la publication de ce roman. Néanmoins je suis désormais de retour, et les chapitres paraîtront à nouveau à raison de un par semaine. N'hésitez pas à laisser vos commentaires!

En espérant que vous vous portez bien, je vous souhaite une belle lecture de la suite des aventures d'Helledwen.


Les hommes nous ont saisis sans ménagement, enserrant nos poignets de lourdes menottes d'acier. Les bras croisés dans le dos nous sommes montés à bord d'une cariole, un garde pointant une arbalète armée sur notre gorge. Le moindre regard en coin nous valait une bourrade, le moindre geste brusque de notre part et l'arbalétrier décochait son carreau. Alors sans ciller je regardais devant moi, fixant ce soldat dont les yeux brillaient de fierté comme s'il avait arrêté Nyx à lui tout seul. Nous sommes descendus un à un sans un mot, un garde de chaque côté. Vy faisait pâle figure et il était davantage traîné que poussé par les soldats. Heureusement j'étais parvenue à soigner son empoisonnement juste avant que l'on remonte, il ne mourrait pas dans les vingt-quatre heures à venir au moins. Nous étions tous épuisés, silencieux, enchaînés comme les pires malfrats de la ville. J'ai été placée dans une cellule au fond, isolée de mes compagnons. Ma geôle était une simple pièce carrée, j'avais de quoi me déplacer et m'étirer, mais à deux la pièce aurait été trop petite. Une meurtrière laissait passer la lumière de fin de journée, illuminant d'un rayon les dalles grises du sol. Je pouvais entendre des cris de peur et de douleur dans le couloir. La porte face à moi était épaisse, faite de bois et renforcée de plaques de fer, occultant tout du couloir à l'exception d'une grille à hauteur de mes yeux qui faisait à peine la taille de mon buste. J'y jetais un regard pour constater que ma cellule, tout comme celle en face de moi n'était pas gardé, priant pour ne pas reconnaître la voix de mes compagnons dans les cris de douleur. Les charnières de la porte était simple, tout juste des gonds emboîtés, mais impossible pour moi de les défaire. Avisant la paillasse dans un angle, je décidais de m'y installer, bougeant le fourrage pour le rendre aussi confortable que possible. Et j'attendis. Lorsque la nuit fut tombée, un garde ouvrit un loquet sous la porte pour y dévoiler une trappe, et y glissa une carafe d'eau en fer et de la refermer sans un mot. J'imagine qu'ils ne comptent pas nous nourrir, la faim est un terrible ennemi quand on la sous-estime, mais ces idiots avaient au moins pensé au fait que de la céramique brisée aurait vite été transformé en un éclat tranchant. Calant mon dos contre les moellons froids, je m'assoupis, espérant trouver un moyen de nous échapper, grommelant sur les menottes qui me tenaillaient la peau. Je fus réveillée par un garde qui, à nouveau, ouvrit la porte, récupéra le litron auquel je n'avais pas touché, et en déposa un nouveau, toujours de fer blanc, ainsi qu'un seau grossier. Il s'approcha de moi, tandis qu'un autre garde se mit en travers de la porte, et je m'assis en tailleur en le fixant d'un regard froid. D'un geste brusque il me releva, me retourna et colla mon buste et ma tête contre le mur, me rendant incapable de bouger. L'espace d'un instant j'eu peur de son intention, mais heureusement pour moi, il se contenta de défaire mes menottes et de ressortir, verrouillant à nouveau la porte. Une succession de bruit de porte, de protestation se fit entendre et enfin le bruit de pas disparut. Massant mes poignets endoloris, je me décidais finalement à boire, doutant qu'ils aient empoisonnée l'eau. Je m'attendais à ce que l'on nous ramène du grain ou du pain, mais rien ne vint. Pas même un visage narquois de garde venant annoncer mon tour de torture. Alors je patientais, encore.

La faim se fit sentir au deuxième jour. J'avais déjà passé des jours sans manger, ou mangeant trop peu pour mon organisme, je connaissais ma limite. Mais il est vrai qu'une personne affamée sera toujours plus encline à parler sous la torture. L'eau fut à nouveau changée, comme je m'en doutais ils n'y avaient rien ajouté. Les cris résonnaient encore, parfois entrecoupés de supplications. Ce vacarme devint bientôt insupportable. Dormant peu, je commençais à atteindre mes limites mentales, alors pour y remédier, j'entamais des transes, profondes que je parvenais parfois à mener à terme. Pour éviter de devenir folle, je chantais, ou me racontais des histoires. Cette cellule avait des avantages : le premier étant une excellente acoustique, le deuxième étant une orientation qui me permettait de jouir d'un peu de lumière et de chaleur, et enfin l'absence de vermine. Pour lutter contre la crasse, je gardais une partie de l'eau, faisant une boule de paille pour me frotter les mains, les bras et le visage. Rudimentaire mais efficace. La faim me tenaillait le ventre et parfois je me sentais défaillir, parcourue de nausées. Les nuits étaient froides et humides, là où les jours étaient chauds et moites, la pierre accumulant la chaleur qu'il relâchait à la tombée du jour, moment où je tentais de dormir pour être active la nuit et ne pas souffrir du froid. Un matin je reconnus la voix paniquée de Tess qui jurait, dans la cellule face à la mienne. Si j'avais tenté de l'appeler, le couloir aurait résonné, mais au moins je ne vis pas de gardes devant sa cellule, j'en conclu qu'il ne lui arrivait sans doute rien de grave. Cinq jours passèrent ainsi, sans nourriture, dormant peu et chantant les mêmes chansons elfiques. Je commençais à croire que jamais nous ne sortirions de cet enfer... à l'aube du sixième jour un bruit de pas lourd se fit entendre, passant devant ma cellule. Un homme, vêtue d'une armure blanche, abîmée, usée par des combats et marquée du symbole de Justicaar passa devant ma cellule et me jeta un regard. Epuisée, affamée, je me ramassais sur ma paillasse, comme si la pénombre de ma cellule me dissimulerait à ses yeux. Si les Justicaarites étaient là, je ne resterais pas longtemps dans cette prison, mais leur compagnie serait certainement pire et plus brève que mes conditions de vie actuelles. Il poursuivit sa route, sans un mot. Dans la pièce à côté j'entendis le bruit d'une porte grinçante qui s'ouvrait puis se refermait. Le paladin passa à nouveau devant ma cellule, sans un regard, suivi d'Eiffor, menotté et silencieux. Sa peau blanche avait pris une teinte grise, ses yeux étaient cernés, son dos voûté malgré ses efforts pour se tenir droit. Pourtant je voyais sur son visage une expression de soulagement. Je sifflais une insulte qu'il connaissait bien, et il comprit mon message, souriant en coin tout en disparaissant de ma vue. S'il venait à être libéré, je ne voulais pas qu'il soit lié à moi. C'était notre plan depuis toujours, si des envoyés d'Anthéone nous trouvaient, il ne fallait pas plaider pour l'autre. J'espérais qu'il parviendrait à me libérer de cet endroit, ou au moins à m'épargner les Justicaarites.

Les Mémoires d'Helledwen, l'Elfe de Sang. Chroniques d'OblivionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant