Chapitre 10 Asservissement

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L'odeur de fleurs fit rapidement place à celle de l'humidité, l'herbe fauchée, les fougères... des odeurs de clairière après la pluie. Je me redressais avec la sensation d'être couchée sur un tapis d'orties, mon dos, mes bras, mon crâne, tout me brûlait je me sentais enfermée dans mon armure comme dans un carcan de cuir, et je repoussais avec humeur les cheveux dans mon cou. En me relevant je vis Tess se précipiter pour enlacer Eiffor dans un mouvement brusque qui m'attendrit. Eiffor, le visage surpris, du haut de son double mètre qui se retrouve coincé contre Tess et son épaisse chevelure de feu, Koora à côté qui faisait une franche étreinte à Vy, trop petit derrière le corps de la Drakéide. Eiffor me fixa, comme s'il avait vu un fantôme et je m'élançais à mon tour dans ses bras, faisant fi des brûlures au contact. Nous sommes restés ainsi de longues secondes avant de se reprendre, et je vis qu'il ne portait ni armes, ni armures, tout juste ses chausses et sa chemise de coton encore tachée de sang et de poussière, Vy quant à lui avait les poings en sang et fuyait nos regards :

- Qu'est ce qui t'es arrivé ? demandai-je à Eiffor. Vous avez pu trouver un refuge en forêt ? On vous a perdu de vue, mais vous allez bien ? Et Valkin ? Il va bien ? Il est à l'abri ?

- Pas vraiment... me répondit mon mentor

- Hell... m'appela Vy alors que je tournais ma tête vers lui, je suis désolé. Pour Valkin... Je me suis fait attraper, et je sais pas ce qu'il est devenu... Je suis désolée, vraiment...

- Non... Non, non, non, non ... répétais-je, accusant le coup

Je réalisai qu'alors que nous avions été séparés, Vy avait lâché Valkin, avant d'être emmené par les gardes et que nous aurions pu le retrouver si nous avions remonté la piste de notre fuite. Mon ventre se tordait de frayeur en imaginant Valkin agonisant dans les sous-bois ou enfermé dans le Moratorium à se frapper la tête contre les murs de sa cellule. J'imaginais ses yeux bleus devenus fous, son visage à la peau déchirée, ses cheveux blonds devenir rouge à mesure qu'il touchait les moellons de pierre dans une douloureuse et insensée agonie. La voix de Vy me sortit de cette vision :

- J'ai fait ce que j'ai pu vraiment...

- Je sais... Je sais... ai-je répondu. Tu as fait ce que tu as pu, je ne peux pas t'en vouloir Vy. On a fait ce qu'on pouvait... Mais et toi Eiffor ?

- Kortos m'a récupéré, après qu'un dragon m'ait attrapé... Et cet enfoiré... J'en ai marre d'être poli avec ce connard, il m'a mis une pierre d'asservissement là, nous dit-il en nous montrant l'arrière de son crâne.

- Une pierre d'asservissement ? s'enquit Tess

- Je ne peux plus rien faire sans qu'il ne me l'ordonne mais il ne peut pas m'empêcher d'ouvrir ma gueule, fit-il avec un sourire satisfait

- Alors... Tu es à Anthéone ? demandais-je

- Oui. Dans son bureau. Cette enflure m'a laissé là, planté, debout, dans son bureau comme si j'étais un foutu porte manteau ! vociféra mon ami

- Et on ne peut rien faire ?

Mon esprit se détourna un instant de la discussion, m'enveloppant dans une bulle, réalisant que j'avais des choses à dire avant qu'il ne soit trop tard. Baissant la tête, je pris une grande inspiration et les interpellais :

- Les gars, je... j'ai des choses à vous dire.

- Maintenant ?

- Maintenant... sinon je sais pas si je pourrais le faire un jour.

Le silence se fit religieux alors que tous me regardaient, je serrais les poings, tentant de maîtriser les tremblements de ma voix :

- Koora...je sais qu'on a eu des relations assez houleuses et que j'ai pu me montrer assez dure parfois, mais j'ai beaucoup de respect pour toi et je voulais te dire merci de m'avoir sauvé la vie hier

Les Mémoires d'Helledwen, l'Elfe de Sang. Chroniques d'OblivionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant