Chapitre 13 Perséone

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Qui était cette femme ? Cette question ne cessait de me tarauder... j'attendais, inlassablement, de revoir Eiffor sortir de cette tente. Je me sentais lasse, fatiguée même en étant assise sur ce sol. Tess trifouillait vaguement les barreaux, cherchant une aspérité, une soudure ou simplement une faille qui nous libèrerait. J'avais chaud, je me sentais fiévreuse. A force de me concentrer sur les Skums leurs mouvements devenaient flous, chaotiques, je devenais incapable de déceler ce qui se passait dans le camp. Ils sont nerveux, belliqueux, se cherchent comme des chiens hargneux. Un son métallique attire mon attention : à côté de nous se tenait un crustacé gigantesque, sorte de crabe à la carapace sombre qui tentait vainement de se retourner dans sa prison trop étroite. A ma gauche je distingue Koora, dans sa cage et son épaule précédemment transpercée par un javelot de Skums saigne un peu plus à chaque mouvement qu'elle fait. Au bout de quelques minutes elle se décide à tenter un sort de soin, appliquant la paume de sa main sur la plaie humide. Sa méduse s'est mise à briller d'une lumière nacrée à sa surface, reflétant les écailles de cuivre, leur donnant une teinte or. Peu à peu cette lumière diffuse se mit à descendre le long de son bras jusqu'à sa main avant de lui sur la plaie qui commençait à se refermer. Mais la lumière dorée nacrée se mua en une teinte turquoise, avant qu'un cristal n'apparaisse dans sa paume. Rapidement ce cristal s'allongea, se muant une longue aiguille de glace qui traversa la plaie à peine refermée pour ressortir dans son dos, arrachant un rugissement de douleur à Koora. Dès que sa concentration fut rompu, le pic se brisa en une poussière froide qui tomba au sol, ne laissant plus qu'une large tache carmin sur la tunique de la Drakéide. Son cri avait alerté deux Skums qui rôdaient autour des cages, et qui s'étaient aussitôt précipités vers Koora. Observant sa main, la neige presque fondue à ses pieds, mais aussi sa méduse qui brillait faiblement, les Skums se mirent à crier :

- Toi ! Magie !

- Magie ! Pas magie ici !

- Pas magie !

Le premier entra dans sa cage tandis que le deuxième la tenait en respect avec sa javeline. Sans ménagement il saisit la méduse qu'il arracha, fouillant également ses poches et ses vêtements sans doute pour y trouver une autre arme, avant de ressortir. Il se dirigea alors vers nous, et imita son geste en commençant par Tess. Koora crachait à côté, et Tess eut un rictus de douleur en se pinçant le nez à l'instant où la méduse lui fut retirée. Jetant son fardeau hors de la cage il se dirigea vers moi, toujours assise, et saisit la mienne d'une large main palmée, ses yeux globuleux fixant les miens qui se voulaient défiants. Craignant la douleur, je soufflai par le nez en sentant les tentacules s'extraire hors de mes narines, une sensation de brûlure désagréable et un sifflement dans les oreilles. Je me contentais de respirer profondément pour me concentrer sur autre chose avant de me laisser glisser au sol, épuisée. Je sentais la fièvre monter, j'avais froid dans cette chaleur étouffante et je fermai les yeux un instant tout en luttant contre le sommeil. Je rouvris les yeux au bout de ce qui semblait être des heures, mais seulement quelques secondes en réalité étaient passées. Tess se tenait à l'autre bout de la pièce, regardant les Skums s'éloigner, balançant nonchalamment les méduses au bout de leurs bras visqueux. Koora avait cessé de saigner à force de comprimer la plaie qui était profonde, mais très petite. Il y avait peu de risque qu'un tendon, un nerf ou une veine profonde n'ait été touché. Pianotant l'air de ses doigts, Tess ferma les yeux en chantonnant tandis que j'appelais Koora d'une voix faible :

- C'est bien du métal qui forme ces cages ?

- Oui, me répondit elle

- Tu crois que tu pourrais le faire fondre ? lui demandais-je. Au moins le faire rougir, le déformer...

Les Mémoires d'Helledwen, l'Elfe de Sang. Chroniques d'OblivionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant