Les Mémoires d'Helledwen, l'Elfe de Sang. Chroniques d'Oblivion

Chapitre 7 La bâtisse Assassine

La nuit était emplie de cauchemars.... Je les entendais susurrer leurs mots trompeurs à mon oreille, tourmenter mon âme et mon sommeil, avant de finalement m'abandonner à un repos salvateur.

La veille fut éprouvante, et j'ignore si aujourd'hui s'annonce sous de meilleurs auspices. Je profite du calme pour entrer en résonance avec mon arc d'Onirum. Je le ressens comme une extension de mon corps, et l'harmonie se fait entre nous. Une voix, ni féminine, ni masculine se fait entendre me disant dans ma langue natale « Une mort rapide à vous qui m'avez causé du tort ». Puis plus rien. L'arc m'a confié son mot secret, cette phrase qui lui permettra de terrasser mes ennemis. J'ai hâte de découvrir sa puissance combinée à ma flèche Arcanique.

Ajustant ma cotte de cuir et mes chausses, je vérifie que le fil de ma lame soit tranchant. Y passant la pulpe cornée de mon pouce, une perle vermeille y apparaît, luisante. Je les rengaine avec un sourire satisfait et entreprend de descendre l'escalier, rapidement suivie par mes compagnons. Tess est là, elle aussi, et aussitôt je retiens une terrible envie de la gifler. La nuit m'a fait réfléchir ; je sais qu'elle ne pourra pas fuir, elle serait perdue sans nous, et à la merci de la moindre menace d'Oblivion. D'un autre côté elle porte Nocturno, qui sans nul doute, est une arme puissante, liée à son porteur. J'imagine qu'elle aussi doit s'harmoniser avec Tess mais je doute que cette dernière en soit capable.

Prenant une grande inspiration, je décide de l'ignorer, même si ma colère et mon mépris pour elle doit se faire sentir. Rester concentrée, ne pas se laisser emporter. Aujourd'hui nous allons récupérer la matrice, coûte que coûte. Après un rapide repas animé par les explications de Clive, ce dernier se propose de nous accompagner sur le Sentier des Airs qui nous permettra d'atteindre rapidement la Bâtisse Assassine. Et alors, la vraie difficulté commencera, car tous nous ignorons ce que nous trouverons à l'intérieur. Nous montons rapidement dans la barque, menée par l'ogre bleu.

Le Sentier des Airs est un vaste réseau de cabine, qui permettrait de se déplacer dans l'intégralité du territoire d'Oblivion. Impossible néanmoins de trouver des sources sur son fonctionnement, ou ses origines. Nous accostons et entamons une marche pentue, dont les rares habitations que nous avons croisées semblent troglodytes. Comme si la pierre avait tenté de les aliéner. Koora nous fait le signe de nous arrêter, entendant un son lourd de pas, Vy nous pousse alors vers une apérité de la pierre, sous le regard étonné de Clive. Un géant de pierre apparaît alors, un golem d'obsidienne, accompagné de... Mouches ? Non. Ce sont des petites créatures noires, sorte de fées étranges aux ailes membraneuses. Clive le salue de la main avant que le géant ne poursuive son chemin. Oblivion a encore tant de choses à nous apprendre... Une autre création de Sinsemillia, similaire à Spark, vient de nous croiser pendant sa promenade. Il semblerait que chaque Incarnin possède des créations ou des créatures qui lui sont propres. Sinsemillia créer des formes vivantes à base d'obsidienne, Reghulus à ses méchanomes, l'Ecorcheuse, bien évidemment, se rattache à toutes ces créatures abominables que sont les ravageurs, les Gûraghastas et je ne sais quoi encore... Il n'y a que Schisme, l'Incarnin du chaos, qui ne nous a pas encore fait l'honneur de sa présence (peut être vaut-il mieux d'ailleurs). Ce dernier serait affilié aux Nomages. Ces êtres, humanoïdes, auraient par le passé cherché le pouvoir. Trouvant le moyen par les méduses de maîtriser la magie ils en seraient rapidement devenus dépendants, se nourrissant de leur substance. Cette tare se serait transmise de façon héréditaire, faisant d'eux de puissants magiciens, reconnaissables à leur chevelure de feu. A ce détail, je me retiens de pouffer de rire. Si Tess est une descendante d'Oblivion, malgré sa chevelure rousse, aucune chance qu'elle ait un lien de parenté avec de puissants magiciens, ou alors elle le cache vraiment bien, ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle pour elle. Ma colère reste palpable, à chacune de ses paroles je ne peux m'empêcher de lui lancer une remarque cinglante accentuant sa couardise, son inutilité. J'aimerais la briser, et je la vois avec satisfaction rentrer davantage la tête dans les épaules. La culpabilité est un poids terrible n'est-ce pas ?