Deux semaines plus tard, mercredi après-midi...
Côme m'avait invitée chez lui pour passer l'après-midi ensemble entre devoirs scolaires et discussions. Je n'avais pas pu refuser, ayant accepté qu'on apprenne à se connaître et pourquoi pas devenir amis. En attendant que l'on vienne m'ouvrir, je levai les yeux sur l'élégante façade à l'architecture simple, dénuée de fioritures éclectiques et pesantes. Soudain, un mouvement derrière une fenêtre retint mon attention. Malgré la distance, je distinguai une silhouette à la chevelure blonde et lisse coupée au carré qui se diluait dans le voilage de la vitre. Cette étrange vision me laissait perplexe. Était-ce elle la sœur de Côme, cette espèce de fantôme dissimulé derrière les rideaux des fenêtres ? Mes questions s'évanouirent au moment où la porte d'entrée s'ouvrit et une tête blonde angélique apparue sur le perron.
— Désolé, le temps de descendre du grenier..., s'excusa-t-il en arrivant devant le portail.
— Qu'est-ce que tu fabriques dans ton grenier ? m'étonnai-je en haussant les sourcils. Tu papotes avec les araignées ?
— Tu devrais essayer, elles sont de bonne humeur après avoir englouti plusieurs mouches, blagua Côme.
— Bien sûr... Bon tu m'ouvres ou tu projettes qu'on fasse la conversation chacun d'un côté du portail ?
— Oui, pardon..., se confondit le jeune homme, presque honteux d'avoir oublié de m'ouvrir.
Un sourire goguenard retroussa mes lèvres et je relevai fièrement le menton en passant de l'autre côté de la barrière comme si j'entrais dans un nouveau monde : celui des puissants. La mère de Côme était loin d'être une inconnue à Dijon ; elle faisait partie du conseil municipal dans le camp adverse du maire, à l'instar d'Eric Vaumoron – le papa de Sébastien.
Déjà que l'extérieur était impressionnant de magnificence mais l'intérieur était à se pâmer face à tant de luxe et de bon goût. Le sol était couvert d'un carrelage en damier, un lustre sublime pendait du plafond dans le hall d'entrée, un escalier en pierre imposant trônait à droite de l'immense pièce, qui accueillait ses visiteurs et habitants, et tournait sur la gauche pour gagner les étages supérieurs. À l'opposé du monumental escalier, il y avait deux portes, une sûrement pour les commodités et l'autre peut-être pour la cuisine. Les murs étaient habillés de splendides tapisseries chaleureuses, le mobilier en marqueterie de qualité réchauffaient les lieux.
— Tout le monde se laisse impressionner par cette entrée, remarqua Côme, les mains dans les poches.
— Il y a de quoi en même temps !
— Ouais. En tous les cas, je m'en passerais bien, moi, de tout ça.
Je pivotai vers lui, passablement choquée qu'il puisse penser une chose pareille. Qui ne rêverait pas d'évoluer dans un endroit si étourdissant de beauté ? Je n'eus pas besoin de lui poser la question car il reprit lui-même la parole face à mon air interrogatif.
— Si on vivait dans une maison comme les autres, on aurait pas à supporter les soirées mondaines de nos parents, ni les rallyes qu'ils organisent deux fois par an dans l'espoir secret qu'on trouve chaussure à son pied.
Je grimaçai en comprenant tout ce que cela sous-entendait.
— Tu vois, toi aussi, tu n'as plus très envie de vivre dans un décor aussi magnifique. Bon, allez, viens, je vais te faire visiter.
Je lui emboîtai le pas vers la première pièce du bas, sur la droite. Nous passâmes du dallage à du parquet parfaitement entretenu ; au vu de sa beauté, il devait être lustré toutes les semaines et ciré tous les six mois. C'était la salle-à-manger et elle rivalisait de grâce avec le hall. Une immense cheminée couvrait une bonne part d'un mur et sur son linteau en pierre, il y avait des candélabres décoratifs avec de fausses bougies. Dans le recoin d'un côté de la cheminée, je reconnus le valet qui servait à ranger les outils nécessaires à l'entretien de la cheminée ; rien ne manquait, du soufflet à la balayette en passant par la pelle, les tisonniers et les pinces de cheminée. Devant l'âtre éteint, une très longue table finement sculptée occupée la place centrale et était entourée d'une myriade de chaises. La lumière du jour éclairait nettement la pièce grâce aux nombreuses fenêtres à petits carreaux que les rideaux blancs aux motifs floraux dans les tons verts et jaunes encadraient. D'autres meubles agrémentaient la pièce de vie, tel que le buffet.
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Quand l'espoir se meurt - Chauve-souris
General FictionLorsqu'une avalanche balaye tout sur son passage, vies humaines charriées comme fétus de paille, ne reste plus que les remords, ses yeux pour pleurer et sa voix pour se mourir en silence. Maude, dix-sept ans, a perdu sa joie de vivre, son souffle de...