Chapitre 3

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- Non ! Je n'irai pas ! Jamais ! Vous entendez ? Jamais !

Ces vociférations émanaient de mon incompréhension totale et de mon incapacité à concevoir ce que le couple Vulpair essayait de m'expliquer.

Dix-sept ans, renfermée sur moi-même et sans ambitions pour mon avenir - je m'arrangeais chaque trimestre pour flirter avec la moyenne et ne jamais passer la barre des douze sur vingt -, telle était la personne que j'étais devenue au fil de ma peine immense et de mon cœur saignant encore sur les vestiges de la petite-fille que j'avais été par le passé.

- Réfléchis, Maude, s'évertua à me convaincre Christelle.

- C'est tout réfléchi ! m'époumonai-je une dernière fois en claquant violemment la porte de ma chambre.

Les murs tremblèrent sous le choc. Je me réfugiai sous ma couette et fermai les yeux. Ils me picotaient mais aucune larme ne s'accumula au bord de mes paupières closes. C'était comme ça depuis le décès de mes parents. Je n'avais pas lâché une seule larme depuis leur tragique disparition. Quelqu'un toqua à ma porte.

- Quoi ? grommelai-je.

- C'est Étienne. Je peux entrer ?

- Hum.

Le battant grinça sur ses gonds. Des pas amortis sur le tapis. Mon matelas s'affaissa quelque peu sous le poids du jeune échalas, le seul avec qui je m'entendais à merveille dans cette maison.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il doucement en dégageant de mon visage les courtes mèches de cheveux qui tombaient sur mon front.

- Rien.

- Qu'est-ce qui te contrarie, Maude ? insista-t-il.

- Un foutu voyage scolaire de merde, maugréai-je finalement à voix basse.

- Laisse-moi deviner... le traditionnel voyage en Savoie ! triompha-t-il avec un grand sourire. Ils veulent que tu y ailles, comme tous les ans, ajouta-t-il, le sourire moins joyeux.

- T'as tout bon, marmonnai-je, amère.

- Et tu as refusé comme chaque année, j'imagine...

- Ta clairvoyance m'éblouit, ironisai-je.

- Merci, sourit-il avec malice avant de poursuivre sur un ton mystérieux : j'ai une idée pour te changer les idées.

- Quoi donc ?

- Ah ! ah ! T'as qu'à venir !

Sur ces derniers mots, celui qui n'avait plus rien à voir avec le garçon que j'avais rencontré des années auparavant quitta ma chambre. Étienne avait abandonné son enveloppe malingre pour celle d'un jeune homme grand et bien bâti ; la seule chose immuable chez lui était son air mélancolique. Ma curiosité éveillée, je m'extirpai de mon lit et sortis de ma chambre. Je le vis rejoindre l'espace aménagé sur le palier en mini salle de jeux. Je m'avançai jusqu'à cet endroit qu'un pan de mur dissimulait en partie et découvris les trois jeunes en rond sur le parquet, une poignée de cartes dans les mains.

- Tu joues avec nous au Tas de merde ? demanda Laurie, tout sourire.

Je haussai les épaules et m'assis entre elle et Étienne. Mes doigts s'emparèrent des quatre cartes laissées à mon intention, comme s'il était évident que j'allais jouer.

Au bout d'une heure, Marc nous appela du rez-de-chaussée pour nous prévenir qu'il était temps de passer à table.

- Encore une minute ! On a presque terminé la partie ! objecta la jeune collégienne.

Quand l'espoir se meurt - Chauve-sourisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant