Chapitre 10

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- L'IPhone est donc le symbole d'une mondialisation prônant l'instantanéité des transferts de données, l'uniformisation culturelle et la dysneylandisation, conclut Floriane.

Très à l'aise à l'oral, elle avait su compenser mes manques et mon air de poisson trop longtemps hors de son fief marin.

Monsieur Froquas, assis à une table parmi les autres élèves, nous remercia. Des applaudissements résonnèrent dans la salle mais s'essoufflèrent rapidement. Je quittai l'estrade avec empressement en me frottant instinctivement le dessus de la main gauche que j'avais vilainement amochée. Heureusement, je ne m'étais rien cassé et il m'avait suffi d'appliquer du baume tout le week-end, en plus d'un bandage, pour calmer la douleur et ne pas trop me servir de mes doigts pour laisser les tuméfactions se résorbaient sans complications. Je m'échouai à ma place au fond en même temps qu'un autre groupe nous succédait devant le tableau. Et tandis que le binôme se lançait dans son introduction, je croisai les bras sur la table par-dessus mon cahier et fermai les yeux.

Un bruissement feutré près de moi m'alerta. Je rouvris les paupières et tournai légèrement la tête vers le bruit en question. La défiance devait se lire sur mon visage ; pourtant, Côme ne se gêna pas pour s'asseoir à côté de moi. Il était passé de la chaise voisine d'un de ses grands amis, Amir, à ma table. Je ne comprenais pas ce type. Que cherchait-il ?

- C'est quoi ton problème ? marmonnai-je discrètement.

Il afficha une tête étonnée mais qui ne me dupa pas le moins du monde.

- Tu veux quoi à la fin ?

- Je vois pas de quoi tu parles, Maude.

- Et moi, si.

Côme soupira mais ne répliqua rien, se concentrant plutôt sur ce que nos camarades racontaient. Il voulait jouer au plus fin avec moi ? Très bien, on verrait bien où cette affaire nous mènerait.

À la fin du cours, monsieur Froquas nous fit un petit speech avant de nous laisser vaquer à nos prochaines occupations. La sonnerie éclata dans l'établissement, provoquant la ruée des lycéens dans les couloirs. C'était la pause de dix heures.

Je n'eus pas le temps de faire dix pas en direction des toilettes que je me faisais rattraper par le jeune homme aux bouclettes blondes, aux prunelles d'un bleu orageux et au faciès avenant. Je retins un soupir d'agacement et me tournai vers lui.

- Je déteste quand on essaye de me cerner et je n'aime pas du tout qu'on veuille me mettre sous cloche pour m'observer sous toutes les coutures comme un bestiau de foire, crissai-je, les sourcils froncés.

- Ce n'est pas mon intention, rassure-toi, nia Côme en bloc.

- Alors quelle est-elle ?

- Tu m'intrigues, c'est tout. Tu sembles irréelle, à la fois parmi nous et ailleurs. J'ai l'impression que tu n'attends rien de la vie, que tu agis comme l'anti-héros romanesque.

Je haussai les épaules négligemment en même temps qu'une rafale de vent glaçait mon cœur derrière sa muraille de givre. Côme me faisait presque peur à vouloir entrer dans mon univers.

- Ce n'est que maintenant que tu t'en aperçois ? T'es du genre long à la détente ou j'me trompe ?

Un mince sourire accrocha ses lèvres.

- Je ne suis pas aveugle, contrairement à ce que tu crois, je suis du genre à prendre le temps d'observer avant de me lancer.

- Ça veut dire que tu m'espionnes comme un psychopathe ?

À ces mots, je crus qu'il allait s'étouffer avec sa salive. Sa paupière droite tressauta nerveusement et sa bouche s'incurva en un rictus déplaisant. Mes yeux s'illuminèrent d'une malice narquoise face à son visage décontenancé d'où s'était retirée toute la morgue coutumière.

Quand l'espoir se meurt - Chauve-sourisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant