Quatorze heures au QG
Je venais d'entrer dans un bâtiment abandonné en dehors de la ville. Un vieil escalier au métal rouillé me faisait face. Je le gravis en évitant les marches qui ne manqueraient pas de s'écrouler sous moi. Arrivée au premier étage, j'ouvris la porte battante sur ma gauche et pénétrai à l'intérieur.
Des rayons de soleil se frayaient un passage entre les planches vermoulues cloutées aux fenêtres, éclairant les pièces. Je me déplaçai dans l'une d'elles et me posai dans un vieux fauteuil bancal et éventré, mon sac à mes pieds. Le regard noyé dans la poussière qui voltigeait et tournoyait dans les halos de lumière, je sentis mes paupières devenir lourdes. Je piquai un somme, laissant derrière moi les événements du matin qui m'avaient bouleversée et ramenée à un moment de mon existence dont j'aurais préféré ne jamais me souvenir.
*******
Des pas feutrés près de moi me tirèrent de ma somnolence. Me levant d'un bond au risque d'avoir un étourdissement, je me préparais à frapper la personne si elle tentait je ne sais quoi lorsqu'un grand sourire éclaira mon visage ensommeillé.
- Sébastien ! soufflai-je de soulagement en passant mes bras autour de son cou.
Il ne se priva de se moquer de mon brusque changement d'attitude en resserrant mon étreinte.
- Patate, grommelai-je. Tu m'as juste fait super peur.
Il rit, puis m'informa qu'il avait repéré un sympathique endroit dans une forêt. Je le relâchai et nous dévalâmes l'escalier. À l'air libre, je retrouvai ma vieille bicyclette planquée dans la broussaille, l'enfourchai et m'élançai sur la route dont le bitume était éventré à de nombreux endroits. Les paysages étaient splendides, leurs couleurs m'inspiraient. Le soleil jouait à cache-cache derrière les nuages. Un sourire planait sur mes joues.
- C'est là ! m'avertit soudainement Sébastien, une bonne demi-heure plus tard.
Je ralentis l'allure et me stoppai sur le bas-côté de la route de campagne qui serpentait dans la campagne alentours. Mon ami s'enfonçait déjà dans la végétation et je me dépêchai de le rattraper. Le soleil automnal jouait avec les tons jaune, rouge, orange et brun des feuilles des arbres et des buissons. C'était beau. Ces mélanges de couleurs stimulaient mon imagination ; mes doigts impatients tapotaient les bretelles de mon sac.
Bientôt, une vieille bâtisse en ruine nous apparut au milieu d'une petite clairière. La végétation avait repris ses droits : des arbustes, des herbes folles et des ronces avaient poussé de-ci de-là entre les carreaux cassés des fenêtres, dans les trous béants de certains murs... On marcha encore sur quelques mètres avant d'entrer à l'intérieur.
Je lâchai mon sac dans le coin de la pièce. Sébastien fit la même chose avant de se poster devant un mur en parti recouvert par un rosier grimpant dont les pétales, au stade de la décomposition, s'étalaient au sol. Quant à moi, j'observai plus précisément les lieux à la recherche de l'endroit qui m'inspirerait le plus.
Après avoir arpenté les trois pièces du bas, je décidai d'aller visiter celles du haut. Je grimpai l'escalier au bois vermoulu en faisant attention de ne pas tomber et continuai mon expédition. La pièce dans face était sombre ; une vieille armoire, un lit en fer et une table pour tout mobilier indiquaient clairement une ancienne chambre. Je passai à la suivante et m'arrêtai net, subjuguée par le lieu. C'était une pièce qui donnait sur un balcon en fer rouillé par le temps. Une glycine aux feuilles jaunes et rouges le surplombait et entrait par la porte à petits carreaux grande ouverte ; les tomettes, en parfait état, couvraient le sol de leur belle couleur ocre et brune ; et sur ma gauche, un grand mur blanc écru me tendait les bras.
VOUS LISEZ
Quand l'espoir se meurt - Chauve-souris
Ficção GeralLorsqu'une avalanche balaye tout sur son passage, vies humaines charriées comme fétus de paille, ne reste plus que les remords, ses yeux pour pleurer et sa voix pour se mourir en silence. Maude, dix-sept ans, a perdu sa joie de vivre, son souffle de...