22. La cérémonie

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- Tu me fais mal, je grogne.

Nell me tire quelques mèches de cheveux en arrière pour les accrocher au reste de la coiffure qu'elle a déjà commencé.

- Oui, et bah, c'est pour ton bien.

Je lève les yeux au ciel. Je me demande comment me provoquer une migraine peut bien m'être utile.

- Tu as bientôt fini ?

Evidemment, elle ne me répond pas. Si j'avais su que « m'aider » lui prendrait autant de temps, je me serai débrouillée toute seule. Mais voilà, selon la tradition, c'était ma mère qui était censée m'accompagner durant ce moment, et inutile de préciser que c'est simplement impossible. Alors mon amie s'est gentiment proposée. Et ça fait maintenant toute l'après-midi que je suis bloquée dans la pièce principale de la maison de Veenyr, qui en passant s'est fait chasser de chez lui. Vraiment, je souhaite de tout cœur à Nell de ne jamais avoir d'enfants.

Quand, enfin, je ne sens plus ses doigts dans ma tignasse, je tente de me relever, mais c'est raté.

- Je n'ai pas terminé !

Je lève les yeux au ciel. A force de rester assise, je suis sûre que mes fesses ont pris la forme des planches de bois sur lesquelles je me trouve.

- Tu as plus d'affinité avec l'eau ou le feu ?

Depuis que je suis là, elle me pose ce genre de questions étranges. Qu'est-ce que je suis censée répondre à ça ? Je réfléchis un instant, et la réponse me paraît évidente. Je n'ai pas spécialement l'habitude de me transformer en pièce de viande sur le barbecue

- Je n'en sais rien, l'eau.

Mon amie penche ma tête en arrière pour que je puisse, j'imagine, bien voir la colère dans ses yeux.

- Ecoute, c'est très sérieux. Si tu veux réussir les épreuves, j'ai besoin de savoir !

Je marmonne des excuses. C'est vrai que je devrais être un peu plus conciliante avec elle. Après tout, elle n'était pas obligée de m'aider. Mais je n'en peux plus de rester sans bouger depuis des heures. J'ai des fourmis dans les jambes et ma nuque commence à devenir douloureuse.

- Lève-toi, me demande mon amie.

Je m'exécute péniblement, et cela soulage enfin mes muscles endoloris. Elle vient se positionner juste en face de moi, et me détaille un long moment, réarrangeant les ornements dont je suis munie de temps en temps. Je n'ai absolument aucune idée de ce à quoi je ressemble, mais Nell a l'air plutôt satisfaite, et je lui fais confiance sur ce point. J'avais peur de devoir porter un trop lourd accoutrement, mais je suis agréablement surprise. En effet, je suis sûre de pouvoir faire tous les mouvements que je veux, comme si finalement, je n'étais pas décorée de tout un tas d'objets dont je n'ai pas retenu la signification.

Nell se rince les mains dans un pot rempli d'eau, et les poudres colorées qu'elle a utilisées pour me marquer se répandent dans le liquide.

- Bon, elle souffle. Tu es prête ?

Je hausse les épaules. Je dois avouer que j'ai vraiment du mal à me remémorer toutes les étapes par lesquelles je vais devoir passer. Je ne peux pas m'empêcher d'angoisser à l'idée de faire quelque chose de travers. Mon amie semble l'avoir remarqué, car elle pose les mains sur mes épaules en souriant.

- Ne t'inquiète pas. Tu sais ce que tu dois faire, et je sais que tu vas y arriver.

Ses paroles me remettent un peu de baume au cœur, et je ferme les yeux. Quand j'étais plus jeune, j'ai fait un peu de théâtre et notre professeur nous avait expliqué une technique contre le trac, qui consistait simplement à inspirer autant de seconde que l'on expirait. C'est donc ce que je fais, et je sens que les battements de mon myocarde ralentissent un peu.

Sul'Een T2: La voie de la sagesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant