Sul'Een T2: La voie de la sagesse

9. Exploration

Le soleil est déjà haut dans le ciel quand j'émerge de mon sommeil. Pourtant, le silence est absolu, si l'on écarte les quelques sons émis par la faune. Je savoure cet instant de tranquillité. Il y a longtemps que je ne me suis pas retrouvée vraiment seule. Je referme les yeux un moment et m'étale en étoile de mer sur le lit. Je fais le vide dans mon esprit pour me concentrer sur tout ce que je peux percevoir. Un petit moment de méditation ne peut qu'être bénéfique. Il faut que je profite de ces quelques jours seule pour faire tout ce que juge nécessaire d'accomplir. Juste avant de me lever, je fais quelques étirements, histoire de soulager mes courbatures qui ont presque disparu.

Il y a déjà quelque temps que je n'ai pas pu ressentir de contact avec ma deuxième âme, et je dois avouer que ça me manque un peu. Comme j'avais prévu d'aller explorer les environs aujourd'hui, je décide de le faire sous ma forme animale.

Je saute les dernières marches de l'escalier, et à mon plus grand étonnement, je me sens particulièrement en forme et de bonne humeur, aujourd'hui. Je m'enfonce dans la forêt, et tout en m'assurant qu'il n'y a personne autour de moi, je me déshabille. Je ne pense pas que je m'habituerais à être presque nue devant tout le monde un jour. Une fois chose faite, je me concentre sur mon corps et appelle ma forme animale à prendre le dessus. Rapidement, je la sens juste sous ma peau, impatiente d'aller se dégourdir les pattes. Un sourire se dessine sur mon visage quand cette impatience s'installe profondément en moi.

Petit à petit, je sens certains de mes os s'allonger, prendre le pas sur d'autres. Mes côtes se brisent avant de se reformer, me coupant le souffle. Ma colonne vertébrale s'arque dans un horrible craquement et je réprime un cri de douleur. Je sens mes dents s'élargir, s'allonger en tirant sur les muqueuses de mes gencives, et le goût du sang se répand sur ma langue. Ce n'est qu'au bout d'une bonne quinzaine de minute de souffrance que le processus se termine enfin. Je ne m'attendais pas à ce que ça dure autant de temps. En effet, je pensais avoir fait des progrès, et ma dernière réelle transformation m'avait pris au moins moitié moins de temps. Mais je suppose que c'est tout simplement parce que ça fait un peu trop longtemps que je ne l'ai pas fait. Je prends un moment pour me remettre de cette épreuve épuisante en m'étendant de tout mon long. Contrairement à ce à quoi je m'attendais, je ne meurs pas de chaud sous cette épaisse fourrure d'argent, qui se révèle parfaitement isolante. Il faut dire aussi que la terre fraîche et aérée sur laquelle je me repose n'y est pas pour rien. Je crois que je commence à comprendre pourquoi certains animaux aiment beaucoup se rouler sur le sol.

J'inspire profondément les odeurs de la forêt en me levant. Une autre chose que j'avais oublié, c'était cet odorat incroyable. Grâce à celui-ci, je pouvais savoir qu'il y avait des animaux qui étaient eux aussi passés par là. Malheureusement, mon manque de connaissances ne me permet pas de savoir à quoi ils ressemblent. Mais j'assimile toutes les informations que je peux. C'est toujours utile, et à défaut de l'être, ça m'amuse.

Mes coussinets s'écrasent confortablement et silencieusement sur la litière de débris végétaux. Lorsque j'arrive sur un lieu moins dense en arbres gigantesques, une légère brise vient perturber l'organisation méticuleuse de mes poils, et je jubile. Comme ça m'avait manqué ! J'ai l'impression de ne faire qu'un avec la nature. Mais, ici, ça me semble légèrement différent de sur Terre. Je me sens bien plus apaisée, plus sereine... Comme si je recevais une vague d'énergie rassurante. Définitivement, il faut que je passe plus de temps sous cette forme.

Mes oreilles se dirigent d'elles-mêmes en direction d'un bruit provenant certainement d'un cours d'eau. Intriguée, je suis la provenance du son en trottinant sous les rayons du soleil. Lorsque l'air se rafraîchit quelque peu, je suis certaine de me rapprocher de la ripisylve.