Chapitre 31 : « Fais-moi goûter au bonheur. »

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Elles sont douces. Elles m'offrent ce que mon âme désirait tellement et ce que mon cœur avait oublié : la tendresse et l'amour. Les gestes de June sont révélateurs des sentiments qu'elle ne pouvait plus contenir à mon égard. À chaque fois que mes lèvres lâchent les siennes, elle me presse un peu plus contre elle et en redemande. Je suis incapable de lui dire non. Tout mon être la réclame. J'abandonne ma raison pour suivre les émotions qui me submergent. Les mains de la métamorphe descendent de ma nuque jusqu'à mes épaules et font glisser le large gilet dans lequel je me cachais. Celui-ci tombe au sol, révélant mes bras nus que June s'empresse de caresser, ses doigts s'aventurant sur toutes ces petites cicatrices significatives de mon mal-être. Ma peau est écorchée par la souffrance mentale que je vis. Par le passé, je me suis coupée à de nombreuses reprises. La douleur me permettait de constater que je n'étais pas morte, que je pouvais encore avancer. Aujourd'hui, je n'ai plus besoin de tout ça.

La métamorphe ne me pose pas de questions. Elle ne s'arrête pas dessus, elle continue à m'embrasser avec une fougue qui ne cesse de s'intensifier. Ses mains agrippent férocement mes hanches. Je libère mon pouvoir pour balayer les éclats de verre sur la commode derrière moi. Elle me hisse dessus sans trop d'effort, tandis que j'enroule mes jambes autour d'elle, avide de cette proximité qui me fait tourner la tête. Sa respiration est pantelante. Ses lèvres descendent le long de mon cou et y tracent un chemin brûlant de désir. Je m'agrippe à elle, l'encourageant à continuer ce qu'elle est en train de me faire découvrir. Je n'avais jamais ressenti ces sensations. Mon corps a pris le dessus sur ma raison, il agit avant que je puisse réfléchir. Je ne contrôle pas la force que j'y mets et arrache la veste de June. Littéralement. La métamorphe se recule, plutôt surprise, mais bien vite, ce sourire provocant que j'aime tant vient remplacer l'incrédulité qui s'était installée sur son visage. D'un geste assuré, elle retire son haut et le jette par terre, sans me quitter un seul instant du regard.

La nuance de ses yeux bascule entre le rouge et l'orange. Ces quelques secondes qu'elle prend à m'observer sont une invitation à venir la toucher. Ses prunelles me mettent au défi de fondre la première, et je ne me fais pas prier. Je me sers de mes jambes nouées autour de ses hanches pour la ramener contre moi et me penche afin de l'embrasser. Mes mains caressent sa peau douce tandis que la saveur de ses baisers fait grimper la température de mon corps. Si avant je doutais d'avoir encore un cœur capable de battre, aujourd'hui, à cet instant précis, je comprends qu'il n'était pas mort. Il attendait simplement d'être ranimé. Qu'on lui rappelle comment fonctionner et pourquoi continuer. Alors je m'autorise à oublier. J'ouvre les bras à cet égoïsme qui sommeille en moi et m'accorde ce moment d'allégresse. Fais-moi goûter au bonheur.

Lentement, je guide la main de June jusqu'à mon jean. Je peux sentir son sourire à travers ses baisers. Elle m'embrasse fiévreusement tandis que ses doigts se faufilent à l'endroit convoité. Ses gestes sont animés par l'urgence de mon désir. C'est la première fois que l'on me fait goûter à ces sensations sans rien attendre en retour. C'est la première fois que je les ressens vraiment. Que je les vis. June m'offre son entière attention, chacun de ses gestes me donne l'impression de renaître. Je ne suis plus délaissée, mortifiée et abattue dans un coin sombre de l'Imposant. Je peux toujours sentir cette obscurité me coller à la peau, mais je n'en suis plus prisonnière. Aujourd'hui, je suis libre. Je peux enfin goûter à cette lumière agréable que la métamorphe a ranimée.

Ses caresses se font de plus en plus pressantes, à tel point que je ne peux plus retenir mes gémissements. Je ferme les yeux et bascule légèrement la tête en arrière, tandis qu'elle continue, accentuant le bien-être auquel je m'abandonne. Elle ne s'arrête que lorsque mon plaisir atteint son paroxysme. Mon corps tremble d'extase. Ce qu'elle m'offre est intense. Tout à son image. Il me faut plusieurs minutes pour me remettre de mes émotions. Je parviens à calmer un peu ma respiration et à rouvrir les yeux sur June, qui m'observe de ses prunelles rouges. La couleur orange a disparu, ce qui signifie que son désir a été comblé en même temps que le mien. Elle ne me demande pas de lui offrir quoi que ce soit en retour, bien que je ne serais définitivement pas contre. Elle est déjà pleinement satisfaite. Son sourire déborde d'affection. Elle me montre un côté d'elle que j'ai rarement eu l'occasion de découvrir. À la voir aussi douce et câline, j'en oublierai presque qu'elle est aussi capable de jurer comme un charretier et de cracher sur le premier venu à lui manquer de respect. J'aime sa dualité.

Surnaturels Tome 3 : Hécatombes. [Publié chez INCEPTIO EDITIONS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant