Je ne peux pas la perdre

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La soirée file à toute allure, et quand nous sortons du bar, la nuit est tombée. Elle frissonne alors je lui donne ma veste qu'elle porte par dessus son sweat. J'aime la voir porter mes affaires...

- Je peux te ramener chez toi. C'est loin d'ici ? demandais-je.

- À pieds on en a pour au moins une heure, voire plus, dit-elle.

- Ça me va.

Je veux passer le plus de temps possible auprès d'elle. Chaque seconde compte, chaque minute est importante pour moi.

- Moi aussi.

On marche en silence sous les étoiles. Le quartier est désert et nous ne croisons personne. Nous sommes parfaitement seuls et cela me convient. Sa simple présence est tout ce dont j'ai besoin. Je refuse de penser à mon départ et à notre séparation imminente. Je ne peux pas la perdre...

Nous avons parlé pendant des heures assis dans ce bar, j'ai appris beaucoup sur elle. J'ai désormais l'impression de l'avoir toujours connue.

- Félix...

- Hum ?

- J'ai faim.

Je ris. Son honnêteté naturelle reprend peu à peu le pas sur son stress social.

- Tu veux t'arrêter manger quelque chose ?

- Il y a quoi d'ouvert à 1h du matin ?

- L'hôtel dans lequel je loge, dis-je naturellement. Ils ont un buffet à volonté.

- Ouvert à 1h du matin ? relève-t-elle, sceptique.

- Non, mais on pourra toujours aller se servir.

Elle rit :

- Tu es pas croyable !

- Tu n'aimes pas enfreindre les règles ?

Elle hausse les épaules :

- Si. Allons-y.

On marche encore quelques minutes, puis on arrive à l'hôtel. Je scanne ma carte et on rentre. Les lumières du hall s'allument, mais tout est vide.

- Nos chambres sont à l'étage, dis-je. Mais le buffet est dans la salle qui est là-bas. Ils ne ferment jamais à clé, donc on devrait avoir accès aux cuisines sans problème.

- C'est pas très sécurisé pour un hôtel qui accueille des stars, dit-elle en souriant.

- Personne ne sait qu'on loge là. On est très prudents, sinon on risque des émeutes de fans. Et puis sans cette carte, impossible d'entrer.

- C'est déjà arrivé ? Une émeute de fans ?

Je hoche la tête à ce souvenir. C'est marrant d'y repenser, mais sur le coup c'était flippant.

On pousse la porte du self qui est vide, puis je la guide vers les cuisines. Elle siffle d'admiration devant toute la nourriture à disposition :

- C'est pas mal d'être des célébrités dans un hôtel de luxe.

- Serre toi, prend ce qui te donne envie. Mais n'allume pas la lumière, il y a quand même des concierges qui bossent de nuit.

- On est vraiment des délinquants, dit-elle avec un sourire malicieux.

Je ne peux pas m'empêcher de la trouver craquante en cet instant.

Soudain, un bruit nous fait sursauter.

- Viens ! Vite !

Je lui prend la main et l'attire contre moi. On court dans les cuisines comme des fous et on se cache derrière des frigos, en faisant le moins de bruit possible. La lumière du self s'allume et on entend une voix :

- Il y a quelqu'un ?

Je sens que Saeona a envie d'éclater de rire alors je pose ma main sur sa bouche pour la retenir. Elle me regarde droit dans les yeux, surprise par mon geste, et reste silencieuse. Nos regards sont accrochés, le temps est suspendu. Je peux sentir son odeur et entendre son cœur battre tant nous sommes silencieux. Je replace une mèche de ses cheveux derrière son oreille avec ma main libre, et je sens son sourire sous mes doigts. Je libère donc sa bouche, sans cesser de la regarder. Elle ne dit rien et se contente de soutenir mon regard. J'ai envie de l'embrasser.

- J'ai du rêver, marmonne la voix.

La lumière s'éteint de nouveau et on entend la porte se refermer. Je rompt notre contact visuel. Une seconde de plus et je l'embrassais... Nous attendons encore quelques secondes, puis on soupire un bon coup, soulagés. On sort de notre cachette et je fonce vers la porte du self. Verrouillée. Je peste. Il nous a enfermés.

- Je croyais qu'ils ne fermaient jamais à clé ? dit Saeona avec un sourire.

- La gardien a dû préférer ne pas prendre de risque après avoir entendu des bruits. On a de la chance qu'il ne nous ai pas vu.

- On se serait fait gronder ? rit-elle.

- Sûrement, dis-je en riant à mon tour.

Elle regarde autour d'elle.

- Donc on est enfermés ici ?

J'acquiesce :

- Jusqu'à demain matin quand ils viendront préparer le petit dej.

- Mais alors dans tous les cas on va se faire prendre !

Je lui souris :

- Alors autant en profiter pour manger.

Juste un regard ➳ 𝔉𝔢𝔩𝔦𝔵Où les histoires vivent. Découvrez maintenant