Chapitre 26

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Axel

— Ça passe, un chino, pour aller à la plage ?

Mon père passe la tête dans l'encadrement de ma chambre, pour me retrouver penché dans mon tiroir à pantalons.

— Ça dépend, qu'est-ce que vous avez prévu pour la journée avec tes amis ?

— On va aller manger dans un restaurant un peu chic, se promener, peut-être visiter deux-trois trucs, et aller à la plage après. Tu penses que ça passe, pour la plage ? Je veux dire, ça ne fait pas trop, avec la chemise en plus ?

— À Deauville, tu n'auras pas l'air ridicule. Mais tu ne te poses pas autant de questions d'habitude. Tu y vas seulement avec Noé et Valentin, ou est-ce que vous avez changé vos habitudes ?

Sa remarque me fait sourire. Décidément, je ne peux rien cacher à mon père.

— On emmène une fille que j'ai rencontrée il n'y a pas longtemps, et une de ses copines.

— Je vois. D'où le chino. Et c'est sérieux entre vous, pour que tu veuilles à ce point l'impressionner ?

La franchise de sa question me désarçonne. Mais j'ai déjà enfumé Val' et Noé en leur disant qu'il fallait que je sorte avec Thaïs, il faudra déjà que je leur révèle la vérité quand j'aurai terminé mon enquête. Avec mon père, je préfère être honnête tant qu'il est encore temps.

— C'est une amie, et je l'aime bien, mais je ne pense pas que quoi que ce soit de plus sérieux sera possible entre nous, du moins de son côté. Ce n'est pas à l'ordre du jour en tout cas.

— Elle a un copain ?, s'interroge mon père, intrigué.

— Non, mais elle a des problèmes personnels, donc c'est plus une question de moment opportun. Mais on va passer une bonne journée ensemble aujourd'hui, et c'est tout ce qui compte.

— Tu as bien raison. Tu vas chercher tout ce petit monde ?

— Oui. D'ailleurs, il faut que je rappelle Noé pour savoir s'il est prêt, parce que si se lever à six heures un dimanche matin, ça pique pour le commun des mortels, pour Noé, c'est une épreuve insurmontable !

— Tu as raison, file, finit par déclarer mon père. Je serai sorti toute la journée, mais tu sais que tu peux toujours m'appeler si quelque chose ne va pas, d'accord ?

Pour clore la discussion, il extrait ses clés de voiture de la poche de son pantalon, les place dans la paume de ma main, me tend mon sac à dos, et m'accompagne vers la porte de notre appartement. Je m'empresse de dévaler les marches de l'escalier pour rapidement atteindre la voiture de mon père garée à notre place de parking. Je retrouve avec beaucoup de facilité l'itinéraire pour me rendre chez Thaïs. Le trajet semble plus simple que dans l'obscurité de la nuit, et j'arrive en quelques minutes devant l'incroyable maison des Delmont. Je me précipite sur mon portable pour avertir Thaïs de mon arrivée. Je tente de faire le moins de bruit possible, de peur de réveiller sa famille, et tout le voisinage par la même occasion. Après quelques instants, une lumière s'allume au rez-de-chaussée, et la porte s'entrouvre pour dévoiler, non pas Thaïs, mais son frère, qui me fait signe de le rejoindre. Désarçonné, j'obtempère, sors de la voiture et arrive à sa portée.

— Thaïs descend dans deux minutes, elle finit de se préparer et m'a demandé de te laisser entrer, histoire de ne pas te laisser attendre dehors.

Sur ces mots, il m'invite à le suivre dans l'entrée, où un sac et des affaires ont été jetées précipitamment par terre et sur un banc en bois, le long du mur qui fait face à l'escalier.

— Merci, je parviens à balbutier, j'espère que je ne dérange pas, surtout à cette heure-là.

— Ce n'est pas grave. Je travaille aujourd'hui, ça ne m'a pas fait me lever plus tôt.

Entre deux pagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant