Chapitre 27

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Thaïs

Un pied devant l'autre. C'est comme ça que j'ai décidé d'avancer : par étapes. Et le fait de pouvoir être seule avec Axel lorsqu'il est venu me chercher m'a permis de mieux me préparer à la présence de Valentin et Noé. Malheureusement, j'ai de plus en plus de mal à ressentir du confort dans des situations sociales prolongées. Ça va revenir, c'est comme le vélo, mais en attendant de retrouver cette facilité, je préfère prendre mon temps et me fixer des repères. Et au cours de cette journée en terre inconnue, je fonde tous mes espoirs sur Zaïna, dont la présence est indispensable à mon bien-être dans des épopées aussi périlleuses. Bien sûr, j'apprécie qu'Axel prenne toutes les précautions pour me mettre à l'aise et me montrer que je peux compter sur lui, mais sans Zaïna, je crois que je ne me serais pas sentie capable de passer une journée entière dans un endroit étranger avec mille déclencheurs potentiels de crises d'angoisse à chaque coin de rue. Je me rends tellement malade pour n'importe quoi, qu'avoir Zaïna avec moi me semble être la meilleure solution pour contrer mon anxiété. Autant y aller par étapes et ne pas prendre de risques inutiles tant que je n'ai pas trouvé d'autre élément pour me rassurer.

La première partie du trajet sans Zaïna, Valentin et Noé s'avère relativement tranquille. Axel est un peu moins loquace que d'habitude, et j'imagine sans peine que ses pensées doivent être occupées par les différentes tâches du jour, en commençant par aller chercher nos passagers manquants, et être à l'heure pour les différentes activités de la journée. Il est vrai qu'avec trois heures de route séparant Angers et Deauville, la journée semble raccourcie et nous ne devons pas traîner. Sur notre route, le soleil se lève et ce spectacle me coupe le souffle. Je me souviens alors que Marceau m'avait prévenue qu'il comptait aller faire des photos avant de travailler, car l'heure dorée serait éblouissante, à coup sûr. Comme promis, les couleurs du ciel sont merveilleuses, et le conducteur de la voiture m'adresse un signe discret pour me désigner la voûte céleste, avant de river à nouveau ses yeux vers l'horizon. Je jette un rapide coup d'œil vers la route, mais je reporte rapidement mon attention vers un spectacle bien plus précieux. Je contemple religieusement Axel, et passe en revue mille petits détails de sa personne pour mieux les inscrire dans ma mémoire. Je parcours du regard la courbure de ses cils, l'ourlet de ses lèvres, son air concentré et ses mains fermes qui agrippent le volant. Pouvoir regarder Axel et apprendre à le connaître, même silencieusement, est pour moi plus beau que le plus éclatant des levers de soleil, et je le savoure sans modération. Je le dévore des yeux et malgré mes précautions, je dois être tout sauf discrète, car le visage d'Axel finit par pivoter dans ma direction. Ses yeux rencontrent les miens, et à nouveau, je retrouve la sensation que j'ai éprouvée mercredi soir au bar, quand Axel m'a retrouvée après ma fuite dans la chambre à l'écart. Cette fois, nous sommes seuls, et, quand bien même les circonstances de ce face à face pourraient me déstabiliser, je ne baisse pas les yeux. Au contraire. Je ne pense qu'à lui. D'ailleurs, je ne suis pas la seule à penser à lui au même moment, car la sonnerie de son téléphone, fixé sur son kit mains libres entre nous deux, retentit et rompt brusquement notre échange de regards. Désarçonné, Axel décroche pendant que je reprends mes esprits. La voix de Noé résonne alors dans l'habitacle :

— Salut mec, je suis avec Valouchou et Zaïna, je viens de t'envoyer nos coordonnées GPS exactes, on vous attend, on est déter !

— Oui, d'ailleurs, renchérit Valentin, Noé a même emporté son oreiller pour dormir dans la voiture !

— Bon, on va passer le trajet à entendre Noé ronfler alors, s'esclaffe Axel. On arrive dans une minute, on est juste à côté. 

— Ok, à tout de suite bg, conclut Noé, qui semble avoir repris le contrôle de son portable, avant de mettre fin à la conversation.

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