En qualité de leader du groupe armé, Sagasta avait été le premier à s'engouffrer dans le conduit de ventilation. Une fois en place, il tendit la main à Torrecilla pour l'aider à le rejoindre. Vint alors le tour de Reykjavík, qui se hissa dans le conduit, secondée par les deux soldats déjà en position dans le large tuyau métallique. Lorsque Reykjavík se trouva dans le conduit, les deux hommes relâchèrent ses avant-bras, et Sagasta recula pour laisser la prétendue policière prendre place derrière lui pendant qu'il commençait à examiner les traces de sang laissées par les braqueurs. Chacun d'un côté de la bouche d'aération, Reykjavík et Torrecilla firent monter Hernando. Cette fois, c'est Torrecilla qui se recula pour laisser une place à son collègue. Comme Hernando et Reykjavík étaient les plus proches de l'ouverture donnant sur le couloir, c'est eux qui se chargèrent d'aider Arteche à se hisser à son tour dans le conduit. Hernando attrapa le bras droit de la militaire, et Reykjavík agrippa son bras gauche. La pression qu'appliqua Hernando sur la blessure d'Arteche lui arracha un sourd grondement de douleur, mais étant donné l'étendue de la brûlure, il était nécessaire d'y toucher pour soutenir Arteche. Dès que cette dernière fut suffisamment haut pour s'appuyer sur le bord de la bouche d'aération, elle posa sa main droite et elle poussa du plat de la main afin qu'Hernando puisse relâcher la pression sur sa blessure sans risquer qu'elle ne retombe dans le corridor qu'ils avaient quitté. Reykjavík tira le bras gauche d'Arteche tout en s'écartant d'un pas de l'entrée du conduit, et dès que la militaire eut appuyé un genou derrière Reykjavík, près du bord de l'ouverture, Sagasta donna le signal du départ. Alors le petit groupe se mit en route. Sagasta avançait en éclairant les taches de sang que Tokyo avait laissées dans son sillage, et après avoir braqué sa lampe de chaque côté, il tourna à droite à la première intersection repérée depuis l'extérieur du conduit. Sagasta s'engagea dans cette nouvelle portion de tuyaux, suivi par Reykjavík, Arteche, Hernando et Torrecilla, et ils s'éloignèrent rapidement de la bouche d'aération qui leur avait servi d'entrée.
Puisqu'il fallait être discrets, personne ne traînait les pieds ou les mains pour avancer, pour éviter au maximum le bruit de frottement qu'ils auraient fait autrement. Les armes longues ne servant à rien dans un si petit espace, elles étaient toutes accrochées en bandoulière et reposaient dans les dos de leurs propriétaires. Les armes de poing étaient quant à elles à portée de main, cependant elles n'avaient pas quitté leurs étuis : les tenir en main les ferait à coup sûr toucher le sol du conduit, qui se comportait déjà comme une véritable caisse de résonance amplifiant chaque choc. Donc, à la place de tintements métalliques, seuls les sons feutrés du caoutchouc des chaussures, du tissu des vêtements et de la peau des mains pouvaient s'entendre si l'on tendait bien l'oreille. D'un rythme régulier, ces ondes de choc métalliques étouffées formaient presque une mélodie, et la monotonie de ce moment plus calme, mêlé à la fatigue, écarta les pensées de Reykjavík de l'instant présent.
C'était un jeudi, et au-dehors le ciel oscillait entre franc soleil et épais nuages gris, donnant la déroutante impression que le jour et la nuit alternaient toutes les dix minutes. Étendue dans son lit, Reykjavík observait cette danse ombreuse projetée sur le plafond, pied gauche en appui sur sa couette et pied droit bougeant de gauche à droite en rythme avec la musique qui se diffusait dans ses écouteurs. Soudain, trois petits coup résonnant sur du bois forcèrent ses yeux à quitter le plafond, et Reykjavík aperçut Tokyo qui la saluait d'un grand sourire depuis l'encadrement de la porte. Reykjavík répondit à son sourire, puis elle mit sa musique en pause et elle retira l'un de ses écouteurs afin d'entendre distinctement ce que la brune souhaitait lui dire.
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Une Partie de Loups-garous dans la banque d'Espagne - La Casa de Papel
Hayran KurguChiara s'apprêtait à entrer dans la Banque d'Espagne avec une unité des forces spéciales. Leur mission ? Déloger les braqueurs qui mettaient à rude épreuve les nerfs de la police de tout le pays. Elle se remémorait les consignes les plus importantes...