II : Collocation

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GIULIA

Après avoir reçu le message d'Antonio, j'enregistre le numéro de ce fameux Liam au nom de "inconnu au bataillon".

Je regarde l'heure, 5h32. Il faut que je rentre avant qu'Emily ne se lève, puis New York commence à se réveiller et à grouiller de New Yorkais alors vaut mieux que je fasse vite.

Avant de partir, je me fais un rappel téléphone pour appeler monsieur inconnu avant les cours en espérant qu'il réponde.

Je suis sur le point de partir en courant quand mon téléphone sonne et affiche "bambina princesa".

Eh merde !

Je suis partie sans laisser de mot à Mimy disant que j'étais partie courir, et je ne lui ai pas non plus envoyé de message. Je vais me faire tuer, mais pour ma défense à cette heure-ci elle devait encore dormir.

Pourquoi elle dort pas d'ailleurs ?

Après avoir soupiré, je décroche et éloigne mon téléphone de mon oreille sachant déjà d'avance qu'elle va me hurler dessus :

- GIULIA EVANS JE PEUX SAVOIR OÙ TU ES À 5H36 DU MAT !? ! TENIA TANTO MIEDO GUILIA ! (J'ai eu si peur Giulia) PENSE QUE TE HABIA PASADO ALGO... (J'ai cru qu'il t'était arrivée quelque chose), j'ai cru... j'ai cru qu'ils t'avaient..., sa voix se brise sur la fin de sa phrase et je crois entendre mon coeur se briser un peu plus alors qu'il est déjà mort.

Si Emily parle espagnol, qui est sa langue d'origine, c'est qu'on a franchi sa limite la plupart du temps. J'ai bien conscience d'avoir merdé, je lui ai fait peur.

T'es vraiment trop conne !

- No me paso nada, estoy bien (il ne m'est rien arrivé, ça va), je lui dis en la coupant avant qu'elle ne finisse sa phrase, car ni elle, ni moi, avons envie d'entendre ce qu'elle était sous le point de dire. Je suis juste partie courir bambina.

J'ai appris à parler espagnol quand j'étais encore enfant. Emily et sa mère me l'ont appris étant que je passé la moitié de mon chez elles. Lorsqu'on était encore enfant, on passait beaucoup de temps l'une chez l'autre alors j'ai vite appris et en grandissant je n'ai rien perdu de la langue étant donné que parfois avec Emily on parle encore espagnol ou dans ma vie de tous les jours ça m'arrive de l'utiliser.

- Toi et moi savons que "ça va" ne veut rien dire, rétorque-t-elle d'une voix douce maintenant qu'est soulagée que je vais bien, mais avec une pointe de tristesse.

Je savais qu'en lui parlant espagnol j'allais la calmer.

Tout de même, elle n'a pas tort, "ça va" ne veut rien dire. On répond cela la plupart du temps soit par réflexe, soit pour être débarrassé de la personne qui nous a posé la question. Mais la plus part du temps on ne le pense même pas.

Emily sait que "ça va" est mon plus gros mensonge avec elle. Je ne lui mens jamais, puisque je déteste le mensonge.

Après tout, généralement je ne mens pas, je manipule pour faire en sorte de ne pas répondre, j'évite les questions ou je ne réponds tout simplement pas.

Si je mens c'est que je n'ai pas le choix, ou du moins je mens toujours pour protéger les autres, jamais pour moi, j'essaye toujours d'assumer mes actes et mes paroles la plupart du temps mais ça peut m'arriver de le faire pour me protéger moi aussi.

Les seules fois où je mens c'est pour mon travail, j'ai pas le choix, mais quand je peux, j'évite le mensonge.

Le mensonge n'est qu'un poison qu'on vous donne avant que la merde ne s'éclate sur votre gueule. Il n'est que de l'espoir, comme un os à ronger qu'on donne à un chien en attendant son vrai repas.

Live or DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant