Chapitre 17

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Sandre avait vaguement conscience que le fait qu'elle ait réussi à sortir de la ville indemne tenait du miracle, tant elle avait foncé sans prendre de précaution. Apparemment, Lochkov était tombée et la nouvelle se diffusait dans la ville, celle de déposer les armes, de se rendre, de se rassembler ou quoi que sient sensés faire les gens dans ces moments. Bien sûr, les combats ne s'étaient pas arrêtés immédiatement. Entre ceux qui n'étaient pas au courant, ceux qui étaient au courant mais s'en fichaient, et surtout les civils, le chaos était loin d'être retombé.

Les civils, surtout, seraient compliqués à calmer. Ils étaient incontrôlables et répartis en divers groupes aux objectifs très différents. Certains attaquaient Aravalli qui avait tué de nombreux innocents pendant leur progression. D'autres attaquaient la milice, car ils les considéraient comme leurs principaux adversaires après la longue période de répression autoritaire qu'ils avaient vécue avant que la guerre n'éclate. Beaucoup profitaient du chaos pour essayer de s'accaparer des territoires voisins, et nombreux étaient les groupes qui s'affrontaient entre eux. Un pillage frénétique avait lieu dans les quartiers les plus défavorisés avec quelques percées dans les quartiers huppés. Les maisons des morts étaient mises à sac par leurs voisins. C'était comme ça dans les endroits où les gens manquaient de tout.

Mais de tout cela, Sandre s'en fichait.

Lorsqu'elle avait reprit conscience, dans la chambre, sur le lit, son premier réflexe avait été de tendre la main pour trouver son amant. Il n'était pas là. Elle se rappela ce qui s'était passé et se réveilla en sursaut. Assise en un clin d'oeil, raide, les yeux grand ouverts à regarder partout autours d'elle. Le rythme de son coeur s'accélérait à mesure qu'elle prenait conscience de la situation. Il y avait du sang partout. Jusqu'au plafond. Les innombrables talismans de papier jonchaient le sol. Ils n'étaient plus habités par la puissance magique qu'ils avaient contenue. Piétinés et souillés, il n'étaient plus que des déchets. A peu près tout dans la chambre avait été détruit.

Sandre eut un frisson en voyant les traînées de sang au sol, abondantes. Comment savoir à qui il était ? Elle bougea un peu pour sonder son état : aucune douleur, elle semblait parfaitement intacte. Elle était à demi nue, ses habits en pièces, maculés de sang. Absolument aucun souvenir de ce qui s'était passé. L'état dans lequel était la chambre était la seule indication de la violence des affrontements qui avaient eu lieu. Il y avait quelque chose de vertigineux et d'anxiogène dans le fait de ne pas avoir ces souvenirs, car beaucoup de choses s'étaient visiblement passées pendant que Gham lui avait pris son corps. Elle pensa à Dao. Elle l'avait vu sortir par la fenêtre, possédé par son horrible dieu. Il n'avait pas l'air blessé. Mais il n'était pas revenu, ce qui voulait dire que n'importe quoi aurait pu lui arriver.

La voyageuse décida de ne pas perdre plus de temps en atermoiements. Elle se leva vivement et se dirigea vers la fenêtre : il faisait toujours nuit. Ce qui ne voulait rien dire vu que le soleil ne se levait plus. Elle n'avait aucune idée de combien de temps avait pu passer depuis qu'elle avait perdu connaissance. Les combats faisaient encore rage dehors. Ils embrasaient même une plus grande part de la ville. L'oiseau géant volait toujours, un peu plus loin cette fois, probablement encore avec Kimmer dessus.

Sandre sortit dans le couloir. Personne. Elle parcourut rapidement la zone : aucune trace de combat, aucun objet laissé sur place par inadvertance, pas le moindre indice. Bon sang, ça faisait des mois que Dao se faisait étouffer par cette fichue escorte, et celle-ci démontrait un talent fou pour surtout ne jamais être là quand le jeune elfe était en danger. Qu'à cela ne tienne.Elle prendrait les choses en main. La voyageuse retourna dans sa chambre pour s'habiller et s'équiper. Elle aperçut des fragments de ses habits éparpillés en peu partout dans la chambre.

T4 - Le MonstreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant