Chapitre 20

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Dao commençait à se sentir un peu mieux. L'effroi vertigineux qu'il avait ressenti lorsqu'il avait repris connaissance au milieu de nulle part, épuisé, sans savoir si sa compagne était en sécurité, fut une épreuve difficile mais heureusement de courte durée. Après avoir été ramené au palais central par Kimmer, il fut pris en charge par le personnel. On lui prépara un bain et une petite chambre dans une aile moins prestigieuse du palais. Il avait demandé après Sandre, et on lui avait répondu qu'elle était avec Caleb et le rejoindrait sous peu. C'était un mensonge éhonté, ça il l'avait compris par la suite, mais sur le moment il l'avait cru, s'était senti rassuré et s'était endormi comme une masse.

Il dormit longtemps, jusqu'à ce que le jour se lève à nouveau. Il se réveilla pourtant en sueur, se redressant d'un mouvement brusque. Il avait revécu en cauchemar l'horrible moment où Ioni les avait attaqués. La vision de sa compagne se faisant démembrer était un enfer qui semblait refuser de le lâcher. Il fut déboussolé pendant une seconde, avant de remarquer que Sandre était là, dans le lit avec lui, roulée en boule. Il ne l'avait absolument pas entendue entrer ni se glisser près de lui. Etait-elle là depuis longtemps ? Il eut un moment de doute, se demandant si elle était bien réelle, mais elle semblait tout ce qu'il y avait de plus tangible, se réveillant en clignant des yeux l'air surpris à cause du réveil brusque de Dao. Dès que leurs regards se croisèrent, elle lui sourit. Le jeune elfe fut submergé par une vague de soulagement. Sa compagne était de retour. Avec le soleil, c'était comme si elle avait ramené la lumière dans sa vie.

Il s'était agrippé à elle et avait fondu en larmes, nerveusement, à cause du soulagement. Il sanglota longtemps dans les bras de sa compagne, tandis qu'elle le serrait fort et lui caressait affectueusement les cheveux, le temps qu'il s'apaise. Puis lorsqu'il fut calmé, elle se montra curieuse quant aux événements, étant donné qu'elle n'en n'avait pas vraiment de souvenir. Mais Dao n'était pas prêt à parler de cela. Il n'en n'avait de toutes façons pas envie et répondit du bout des lèvres, sans entrer dans les détails. Regardant sa compagne, il eut une vision de son corps démembré et couvert de sang, les yeux rouges de haine, agité de spasmes grotesques. Il était resté médusé quelques instants, s'était remis à trembler. Sandre l'avait repris dans ses bras, l'avait réconforté encore et n'avait pas insisté.

Lorsqu'il fut à nouveau calmé, elle se mit tout doucement à caresser son corps, d'abord tendrement, puis très sensuellement. Tous les sens de Dao furent immédiatement mis en éveil. Le plaisir le ramena dans l'instant, dans la bulle qu'il partageait avec la femme qu'il aimait. Il s'abandonna à elle, à ses attentions, et arrêta de penser. La voyageuse prit son temps ce matin-là, plus que d'habitude, pour faire monter lentement son excitation. Très passionnée, elle se laissait généralement emporter assez vite par son propre désir pour engager des ébats explosifs et de courte durée. Mais là elle avait réussi à rester calme et, prenant son temps, avait complètement électrisé le corps du jeune elfe, en faisant une boule de plaisir, gémissant et suppliant, en même temps pour qu'elle aille plus loin, et en même temps pour que ça ne s'arrête jamais. Il n'y avait pas de présent dans ces moments-là. C'était exactement ce dont il avait besoin.

Peu après leurs retrouvailles, ils furent visités par Caleb, qui leur suggéra avec délicatesse de quitter le palais central pour aller s'installer avec les autres membres du convoi. L'endroit était désormais le siège et l'habitation principale des nouveaux seigneurs de Lochkov, qui n'étaient absolument pas alliés avec les nations représentées par le convoi. Ils étaient encore officiellement des invités diplomatique et les Aravallis avaient probablement d'autres chats à fouetter, mais Caleb préférait qu'ils ne restent pas trop près de ce panier de crabes.

Il sous-entendit aussi à demi-mots que le moment était peut-être venu pour le convoi de quitter Lochkov. La situation dans la ville était devenue tendue et délicate, et avec le pouvoir qui changeait de main, tout était possible, y compris le pire. Surtout le pire.

T4 - Le MonstreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant