Chapitre 9

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Dans la salle d'étude régnait un silence religieux. Tous les élèves étaient penchés sur leurs cahiers et faisaient leurs devoirs avec la plus grande concentration. Quiconque osait parler avec son voisin était fusillé du regard de dizaines d'autres élèves. La plupart, en plus des devoirs, révisait déjà pour le grand examen à la fin des trois années de lycée, le gaokao. Porte d'entrée vers les études supérieures, c'était une épreuve des plus redoutées, puisqu'un échec signifiait souvent tous les espoirs d'une vie, envolés. Les élèves travaillaient avec acharnement pour obtenir de bons résultats et avoir accès aux meilleures universités du pays.

Cette deuxième année n'avait pas très bien commencé pour Xie Lian. Renvoyé de son lycée, il était difficile pour lui de ne pas perdre la face. Les autres élèves de sa classe, à part quelques exceptions, lui jetaient des regards en biais car peu importe la raison, elle devait être terrible pour valoir l'exclusion. En plus de ces problèmes de réputation, il devait s'habituer au programme d'un nouveau lycée. Pour espérer rattraper ce retard, il devait travailler avec plus d'ardeur que les autres.

Ce soir-là, il resta à l'école jusqu'à 22h. Lorsque ses yeux se fermaient malgré lui, il comprit qu'il était temps de rentrer. Il n'arriverait à rien retenir dans cet état de fatigue de toute façon. Il se leva et remarqua qu'il faisait partie des derniers élèves à partir. Il rangea ses affaires et quitta la salle.

À cette heure-ci, il n'y avait plus beaucoup de monde, un calme apaisant régnait dans les rues. Xie Lian décida de rentrer à pied, il avait besoin de respirer l'air frais. Des écouteurs dans les oreilles, il marchait depuis une dizaine de minutes lorsqu'il aperçut une silhouette solitaire sous un lampadaire, au coin d'une rue. Xie Lian s'approcha prudemment et, avec la lumière, il remarqua qu'elle portait une longue robe blanche, les bras longeant le corps. Il s'arrêta et l'observa un moment, peu rassuré.

Avant qu'il puisse faire quoi que ce soit, la personne se tourna vers lui. Un masque dissimulait son visage. Un masque dont la moitié pleurait, l'autre riait. Xie Lian fut parcourut de frissons alors qu'il reconnut la silhouette de son cauchemar qui l'avait transpercé avec l'épée plus noire que le jais. Était-ce une illusion, une hallucination ? Cela ne pouvait pas être réel, et pourtant...

Faisant face à Xie Lian, la silhouette pencha légèrement la tête sur le côté d'une manière très étrange. Puis elle commença à s'avancer vers lui, lentement. Sa robe semblait flotter derrière elle. À un pareil moment, il fallait fuir le plus loin possible. Mais Xie Lian était incapable de faire le moindre geste ou de prononcer un mot. Il fut pris d'une soudaine panique face à cette apparition anormale. Qui était cette personne ? Ou plutôt, qu'est-ce que c'était ? Il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il s'agissait d'un...

— Gege ?

Xie Lian sursauta et laissa échapper un cri d'effroi. La voix venait de derrière et quand il se tourna, San Lang se tenait devant lui. Celui-ci ne savait pas s'il était plus surpris de voir Xie Lian dans la rue à cette heure-ci ou par sa réaction.

— Gege, tout va bien ?, demanda-t-il d'une voix inquiète.

Xie Lian reprenait progressivement son souffle. Son cœur battait si fort qu'il semblait vouloir s'échapper de sa poitrine. Il mit un certain temps avant de pouvoir répondre.

— Ça va, ça va...

À ces mots, il avait inconsciemment saisi le bras de San Lang, se raccrochant à lui comme à une bouée de sauvetage. Ses mains tremblaient, son regard était vide. San Lang devint de plus en plus inquiet, et méfiant.

— Tu as vu quelque chose ?, demanda-t-il.

Semblant se rappeler, Xie Lian se retourna. La silhouette blanche avait disparu, laissant le lampadaire seul au milieu de la rue. Cela ne faisait que confirmer son hypothèse. Même s'il aurait préféré avoir tort.

— Non... rien..., finit-il par répondre.

San Lang fronça les sourcils. Il se doutait qu'il lui cachait quelque chose, mais il ne l'interrogea pas davantage. À la place, il plaça ses mains sur celles de Xie Lian dans une tentative de le rassurer.

Xie Lian se tourna de nouveau vers San Lang, essayant de chasser cette silhouette de son esprit. Sa respiration se régulait et il commençait à reprendre le contrôle de lui-même. Lorsqu'il remarqua qu'il tenait le bras de San Lang et que leurs mains se touchaient, il les retira précipitamment.

— Je suis désolé, San Lang, je...

Il était encore confus, les mots s'embrouillaient. La peur, l'embarras, la fatigue ; tout cela ne formait pas un bon mélange. Il essaya tant bien que mal de mettre de l'ordre dans son esprit, mais San Lang ne le brusquait pas. Au contraire, il se montrait patient, laissant son ami récupérer à son rythme.

— Il vaut mieux rentrer, Gege. Viens, je vais te raccompagner, dit-il après un moment.

— Oui, tu as raison, merci beaucoup San Lang...

Xie Lian n'allait certainement pas refuser d'être raccompagné. Il était rassuré de ne pas faire le reste du chemin seul, surtout après ce qu'il venait de se passer. Il jeta un dernier regard au lampadaire. Comme il pouvait s'y attendre, il n'y avait rien d'anormal ; était-ce un bon signe, ou la preuve que ce n'était qu'une sorte d'hallucination ? Il ne savait pas s'il fallait en rire ou pleurer.

Il reprit la route avec son ami, essayant de chasser cette silhouette de son esprit.

— Et toi San Lang, que fais-tu dehors à une heure pareille ?

— Rien de spécial, je me promenais...

Alors qu'ils marchaient l'un près de l'autre, l'obscurité devenait moins menaçante. Xie Lian n'avait plus peur. Il se sentait en sécurité en présence de San Lang et avait une entière confiance en lui. Ce n'était pas réellement fondé, ils ne se connaissaient que depuis peu de temps ; c'était une intuition. Jusqu'alors, San Lang l'avait toujours traité avec attention et sincérité.

— En fait, ma famille m'a mis dehors, ajouta San Lang au bout d'un moment. Je n'ai rien à faire, alors je me promène.

Xie Lian trouvait cela triste. Mais quand il repensait aux discussions houleuses qu'il pouvait avoir avec son père, il savait que ce n'était pas toujours simple de s'entendre avec sa famille. Toutefois, son père le renvoyait dans sa chambre tout au plus, il ne le jetait pas dehors...

Xie Lian réfléchit quelques instants avant de demander :

— Mais où vas-tu dormir cette nuit ?

— Je ne sais pas encore. Dans la rue ?

— Si tu veux, tu peux venir chez moi. On a une chambre pour les invités, je suis sûr que ça ne posera pas de problème.

— Vraiment ?

— Bien sûr. J'aimerais aussi te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi.

Heavenly High School {TGCF AU Fanfiction}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant