Chapitre 33

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Lorsqu'on lui demandait ce qu'il s'était passé cette nuit-là, Harry ne savait pas vraiment répondre. Non pas qu'il ne se souvenait pas de son cauchemar, il en avait encore des visions, qui lui revenaient par flash, mais la suite était pour lui totalement floue à partir du moment où il avait ingéré la potion de son professeur.

Il se souvenait vaguement de l'évocation de son lien avec Voldemort, il se rappelait avoir eu une pensée éclair « Donc je n'avais pas tort ? » à l'évocation de la place d'espion de Lucius et il sentait encore sa tête peser sur l'épaule de Draco, alors qu'il était collé entre lui et Théo. Ils avaient certainement dû parler longtemps puisqu'il se réveilla le lendemain dans son lit, les autres garçons du dortoir assis dans leur lit, tombant de fatigue, mais incapables de s'endormir.

Trois jours plus tard, Harry avait pu retrouver Sirius alors que tous les élèves ou presque rentraient chez eux pour une petite semaine de vacances. A peine avaient-ils franchi le pas de Square Grimmaurd, devant être supposément rapidement rejoints par les Malfoy qui devaient passer la semaine avec eux, qu'il avait pris son parrain dans ses bras, le serrant comme s'il ne voulait pas le laisser partir, laissant sortir les larmes d'angoisse qu'il retenait.

Sirius avait essayé de le calmer, mais ce n'était pas vraiment ce en quoi il était doué, alors il avait attendu qu'il le fasse seul, se contentant de lui caresser les cheveux, lui assurant en boucle qu'il n'avait rien.

Harry avait arrêté de pleurer lorsque Remus et Tonks arrivèrent en compagnie de leurs invités. Alors, après un dernier regard à son parrain pour s'assurer qu'il était bien là, il l'avait lâché et était parti saluer Remus qu'il n'avait encore vu.

Dans son dos, Sirius avait salué les Malfoy, gratifiant d'un rictus Lucius, embrassant sa cousine comme ils le faisaient lorsqu'ils étaient petits, ébouriffant les cheveux du plus petit qui plissa du nez, mécontent, avant d'étreindre Draco, qui se tendit sous le rire discret de sa mère, en le remerciant de s'être occupé de son filleul.

Puis les deux adolescents finirent par monter à l'étage avec le petit, pour ranger leurs affaires, après qu'Harry ait pesté lorsqu'on lui avait annoncé que leur professeur de potions viendrait assurer l'heure habituelle d'occlumencie qu'ils avaient mis en place depuis son cauchemar.

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Assis autour d'une petite table, profitant du soleil, Sirius et Narcissa discutaient, tout en gardant un œil sur les trois garçons qui profitaient du jardin magiquement agrandi du manoir Black. Nymphadora avait trainé Remus ailleurs après le déjeuner, sous le regard amusé d'Harry qui s'était tourné vers son parrain avec un « J'ai loupé une étape ? », et Lucius avait été demandé au ministère.

Tenant dans ses mains une tasse de thé avec l'élégance attendue d'une Sang-Pure, la Malfoy observait, un sourcil levé, son cousin avachi sur la table. Il grimaçait, à moitié rieur, à moitié dépité, et il se tourna vers elle.

« Tu crois qu'ils se sont déjà embrassés Cissy ? demanda-t-il avant d'ajouter, sa cousine se contentant de lui sourire. Je n'arrive pas à savoir si je dois être heureux pour lui ou dégouté qu'il ait choisi le fils de ton mari.

-Donc mon fils également. Je ne sais pas comment je dois le prendre, Sirius. »

Ce dernier éclata d'un rire semblable à un aboiement avant de ricaner en entendant ce qu'ajoutait Narcissa.

« Cependant, pour répondre à ta question, il m'est d'avis que c'est déjà le cas. Ou du moins, je l'espère, j'ai un pari à gagner contre mon mari et ce cher Severus.

-Oh, se redressa Sirius avec un regard intéressé. Lucius et Servilus ont accepté de parier ?

-Comme si je leur avais laissé le choix. Severus a osé dire qu'ils attendraient leur septième année alors qu'il les côtoie toutes les semaines et Lucius affirme que ça n'arrivera jamais. Et ils viennent dire qu'ils connaissent parfaitement Draco. D'autant plus que ton filleul est un satané Gryffondor, ce n'est pas comme s'il pouvait se montrer patient. Et il se pourrait que les amis de mon fils soient particulièrement... Attentifs et intéressés à ces deux-là. »

Sirius ricana, marmonnant qu'il s'en doutait depuis que ces derniers étaient venus aux vacances de Noël, et les deux adultes détournèrent leur regard vers Draco qui, assis dans l'herbe, éclatait de rire, Narcissa ne l'ayant jamais vu aussi détendu, alors qu'Harry était étalé sur le sol, le petit assis sur son ventre, essayant de le chatouiller.

Quand Harry roula sur le côté, s'échappant de l'emprise de l'enfant en faisant semblant de devoir se débattre, le petit blond se leva d'un bond, et se tourna vers son lui-même, lui demandant de l'aider à rattraper le brun.

Mais, au milieu de sa course après Harry, il disparut l'espace d'une demi-seconde et les deux adolescents ne le ratèrent pas, leur contact visuel le montrant. Alors, Sirius s'adressa à sa cousine, tout en attrapant un muffin que venait d'apporter Kreattur.

« C'est la deuxième fois que je le vois disparaître comme ça alors que ce n'est même pas la moitié de la semaine...

-Il semblerait que ce soit de plus en plus récent depuis que Tu-Sais-Qui a envoyé cette vision à ton filleul. Peut-être que la théorie dont la jeune née-moldue -Granger, c'est ça ?- est avérée. »

Sirius hocha la tête.

« Cette petite a souvent raison, je me demanderai presque comment elle ne s'est pas retrouvée à Serdaigle... Mais alors, pour quelle raison est-ce qu'il s'est retrouvé ici ? »

Il n'eut pas de réponse alors il observa sa cousine et, la voyant observer les enfants avec un rictus, il tourna la tête pour suivre son regard. Il eut à peine le temps de voir Draco poser rapidement ses lèvres sur celles d'Harry en riant. Il entendit sa cousine ricaner, oubliant ses manières de femme bien élevée, et il entrevit un éclat de malice dans les yeux argentés si semblables aux siens.

« Ni toi, ni moi ne parlerons de ce que l'on vient de voir. On va attendre que ces deux grands idiots si sûrs d'eux se rendent compte d'eux-mêmes de la situation, ça n'en sera que plus satisfaisant. »

Il y eut un silence et, voyant Harry se baisser pour embrasser sur la joue le petit garçon qui semblait se montrer jaloux, le parrain du brun soupira.

« Il ressemble de plus en plus à Lily... »


Deuxième exemplaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant