Deuxième exemplaire

Chapitre 30

Harry était sorti de l'infirmerie depuis deux semaines lorsque Pansy et Blaise, après s'être concertés, attrapèrent respectivement chacun un bras de Draco pour le tirer quelque part à la fin d'un cours sans répondre aux questions que leur posèrent leurs amis. Le blond tenta une fois de s'échapper de la poigne des deux complices mais, n'y arrivant pas, il n'essaya pas une seconde fois : quand ils étaient aussi déterminés, il était impossible de leur échapper.

Ils le conduisirent dans un coin reculé du parc, profitant du soleil de printemps qui commençait à pointer le bout de sa baguette pour se retrouver à l'écart des curieux de Poudlard. Alors que Draco, une fois qu'ils l'eurent lâché, croisa les bras, attendant de voir ce qu'ils allaient faire et dire, Pansy s'appuya contre un tronc d'arbre, un sourire malicieux sur les lèvres. « Je déteste ce regard... » pensa le blond en soupirant.

Au début, les deux ne parlèrent pas, semblant attendre que le blond s'explique sur quelque chose. Cependant, ce dernier ne parla pas, se limitant à hausser un sourcil en attendant que l'un des deux ne s'explique. Mais ce fut sans compter sa faible patience qui céda rapidement faisant ricaner les deux qui s'y attendaient, connaissant parfaitement leur ami.

« Bon, vous comptez l'ouvrir au bout d'un moment ou pas ? dit le blond. Sinon, je pars et je rentre au château en vous laissant ici.

-Il s'est passé quelque chose entre Potter et toi » déclara Pansy.

« Ce n'est pas une question » nota Draco tout en se tendant imperceptiblement.

« C'est-à-dire ? questionna-t-il, attendant de voir où ils voulaient en venir, ne voulant pas lâcher une idée qu'ils n'auraient pas supposée.

-Vous agissez bizarrement. Plus bizarrement que d'habitude je veux dire. On savait déjà que tu étais obsédé par Potter, ce n'est plus un secret ça, mais depuis deux semaines, vous vous asseyez toujours ensemble dans la salle commune, tu passes ton temps à l'observer du coin de l'œil et vous donnez l'impression d'être inséparables à force de chercher à vous frôler à la moindre occasion.

-Et Harry ! A chaque fois qu'il croise ton regard, il détourne la tête et l'extrémité de ses oreilles rougit. Pourtant, vous continuez de vous chercher sans arrêt en râlant contre l'autre ! » ajouta Blaise.

Comme Draco ne répondait toujours, ils se lancèrent alors dans une flopée de supposition, observant les réactions du blond pour en tirer des conclusions, jusqu'à arriver à celle qui fit apparaître un petit pli entre ses sourcils.

« Vous vous êtes embrassés ?

-Non.

-Attends vous vous êtes vraiment embrassés ?

-Vous écoutez quand je vous parle ? Non. »

Parfaitement synchronisés, ils haussèrent les sourcils en regardant leur ami, consternés, qui détourna légèrement la tête, avant de répondre si bas qu'il croisa les doigts pour qu'ils ne l'aient pas entendu.

« Bon d'accord, j'ai peut-être embrassé Harry.

-Tu l'appelles Harry en plus de ça ? Je croyais que vous étiez encore en train d'utiliser vos noms ! Eh bah, s'exclama Blaise en posant son bras sur l'épaule du blond, s'appuyant contre lui.

-Je le savais ! s'écria Pansy alors que Blaise allait continuer, faisant sursauter les deux garçons. Ils me doivent tous deux gallions ! Enfin, sauf Hermione, elle avait refusé de parier sans me dire pourquoi mais je suppose que c'est parce qu'elle avait deviné, marmonna-t-elle.

-Attends, vous avez parié ?

-Oui, tu aurais dû les voir à tous comploter et presque s'arracher les cheveux lorsque l'un disait un truc contraire à l'avis de l'autre. Je me demande d'ailleurs si Weasley manque cruellement d'instinct ou s'il essayait simplement d'occulter cette possibilité, ricana le métis.

-Mais ce n'est pas le sujet ! Raconte-moi, je veux tout savoir. »

Alors Draco se mit à leur raconter ce qu'il s'était passé, partant des vacances de Noël jusqu'à arriver au malaise d'Harry après sa retenue et, tandis que Pansy s'émerveillait, Blaise resta lui plus calme, demandant s'ils en avaient reparlé entre eux depuis.

Evidemment, la réponse fut négative et les deux Serpentards, une expression faussement horrifiée sur le visage, s'empressèrent de tenter de convaincre le blond d'en parler avec Harry. Ils y passèrent un moment et finirent par réussir avant que Draco ne fasse dériver le sujet sur eux en utilisant à son avantage des petites informations qu'avait laissé échapper sa version enfant.

L'heure du repas se rapprocha à grande vitesse et ils décidèrent de rentrer au château pour passer d'abord par leur dortoir afin d'y déposer les vêtements d'extérieur qu'ils portaient. Ils se mirent alors d'accord, ou plutôt Blaise et Pansy finirent par faire céder Draco : s'ils croisaient Harry avant de partir manger, le blond amènerait le brun à l'écart pour lui parler et les deux leur rapporteraient de quoi manger dans les dortoirs alors que, dans le cas contraire, Draco intercepterait Harry à la sortie de la Grande Salle.

La deuxième solution fut la bonne. Durant tout le repas, Draco ne mangea que très peu alors que les Serpentards regardaient avec une certaine peur Pansy tant elle était heureuse, si bien qu'ils hésitaient à manger leur plat étant donné que la dernière fois qu'ils l'avaient vu aussi heureuse étaient l'année précédente lorsqu'elle avait utilisé une potion des Weasley dans les boites de bonbons pour Halloween.

Cependant, puisqu'elle mangeait elle-même dans les plats, ils en vinrent à la conclusion que ce n'était pas le cas, ce qui leur fit étrangement plus peur.

A la fin du repas, alors que Blaise tentait tant bien que mal d'obliger Draco à se lever du banc, Pansy s'étouffa à moitié avec son verre de jus de citrouille lorsqu'Harry se planta face à eux, demandant au blond s'il pouvait lui parler. Cela sembla suffire à Draco pour qu'il reprenne ses esprits et se lève, acquiesçant en suivant le brun hors de la Grande Salle.

A table, Blaise et Pansy se regardèrent, stupéfaits, avant d'éclater de rire.

« Visiblement, on peut encore compter sur le courage des Gryffondors ! s'exclama la brune.

-Ou alors il vient simplement de nous sauver la vie inconsciemment » ajouta le métis au bord des larmes alors que les autres cinquième année de Serpentard les regardaient, fatigués, attendant une explication à ce fou rire.