Elle semble réservée mais lumineuse, indépendante. Interdite.
Séducteur assumé, il ne vit que pour son bar et sa famille.
Quand Heaven débarque en Australie, elle pense vivre la plus belle expérience de sa vie. Pourtant, ses espoirs partent subiteme...
Il y a six semaines, les rebonds des roues du vol UA900 en provenance de San Francisco, escale de notre trajet depuis Londres, mettaient un terme à trente heures de voyage. Trente heures à rédiger mentalement le brouillon de ma nouvelle vie entre l'Océan Pacifique et Indien. Je me voyais découvrir la mer pour la première fois, main dans la main avec Simon. Je sentais déjà l'iode dans mes narines, le sable sous la plante de mes pieds, l'eau fraîche et l'écume recouvrir ma peau. J'imaginais l'odeur de l'Outback, les couleurs, l'aridité de la chaleur. Il a tout pris. Même mes études, celles que je devais enfin commencer maintenant que sa situation me le permettait. C'était mon tour.
— Mademoiselle, tout va bien ?
Assise en tailleur sur un banc de Hyde Park, le plus ancien parc public d'Australie, à l'abri sous la coupole de feuilles denses que forment les arbres de part et d'autre de l'allée principale, je relève le visage pour croiser le regard inquiet d'un vieil homme. À la lueur des lampadaires, le bleu clair de ses iris devient presque transparent. Sa main gauche, en appui sur une jolie canne de marche sculptée et à la poignée en argent, tremblote autant que mon cœur. À sa droite, un Golden retriever plus sage qu'une image, qui semble compatir à tous mes malheurs. Tous.
Hagarde et toujours sous le choc vingt-quatre heures après ma rupture, mon fidèle et vieux Dumbo contre moi en bouclier pour me protéger de la nuit, je ne sais pas quoi lui répondre. Alors j'arque un sourire factice qui se veut rassurant. Pas dupe pour un sou, il hoche néanmoins la tête, me gratifie d'une tape sur mon épaule et reprend sa marche. Sa vie.
La vie...
À cette simple évocation de mon esprit, je sais ce que je dois faire : pas m'apitoyer sur mon sort, mes erreurs, mes échecs. Mes pertes. Ma solitude nouvellement retrouvée. Mais plutôt me battre pour me prouver une fois de plus que je suis bien plus que ce pour quoi on m'a mise au monde. Je n'ai pas choisi de naître il y a 23 ans, comme tout à chacun. Mais ce soir, alors que j'avise mon fidèle Dumbo de mon regard las qui va reprendre du poil de la bête, je lui promets que je vais m'en sortir, que je ne baisserai pas les bras. Même quand ce sera dur.
Que ce n'est pas demain la veille que je remettrai les pieds à Atlanta !
Que je peux encore naître, aujourd'hui. Et que c'est ce que je choisis. Alors je fredonne, le sourire aux lèvres, en levant la tête vers les étoiles. L'une d'entre elles est forcément «ma bonne». Plus qu'à trouver laquelle
« Break down, only alone I will cry on out You'll never see what's hiding out Hiding out deep down Yeah, yeah »
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Notes et références.
«Unstoppable» : Sia. Voir chapitre précédent. (22 mots cités)
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