𝟐𝟒 - 𝐍𝐨𝐭𝐡𝐢𝐧𝐠 𝐁𝐞𝐭𝐭𝐞𝐫 𝐭𝐡𝐚𝐧 𝐏𝐚𝐫𝐚𝐝𝐢𝐬𝐞.

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𝐂𝐚𝐥𝐝𝐞𝐧.

Je laisse mon verre sale en plan sur la table basse, attrape mon portefeuille, ma veste, éteins la lumière et quitte mon bureau. Direction la sortie. Mais avant même d'arriver au bout du couloir, l'envie se fait trop pressante. Je rebrousse chemin, souffle, tire sur mes cheveux, passe une main sur mon visage. Et je sens son parfum. À elle, et personne d'autre. Instantanément, mes mauvais souvenirs sont remplacés par de plus agréables. Pour une fois, je ne cherche pas à bloquer ce qui m'arrive ni à m'auto-psychanalyser. Je ferai ça demain. Ou pas.

J'ouvre la porte du vestiaire, la lumière est déjà allumée. La main en suspension au-dessus de l'interrupteur, il me faut deux secondes pour comprendre. Que je me suis planté. Que je n'ai pas mis tout le monde dehors. Qu'Heaven se tient devant moi, une serviette bleue autour de son corps nu, trempé ; parfait. Que son regard troublé cache autre chose de plus profond, et que c'est surtout ça, que je vois. Cette étincelle qui me réchauffe, m'apaise. Cet appel que son désir me lance. À moins que ce soit le mien qui me fasse imaginer tout ça.

— J'avais besoin d'une douche avant de pédaler, se justifie-t-elle, sans bouger.

Je mets trop longtemps à répondre, trop occupé à balayer sa silhouette, trop hypnotisé à contempler les gouttes glisser sur son épiderme doré, sucré. À m'imaginer les aspirer une à une, partout, même si ce serait le pire des poisons pour moi. La meilleure des drogues dures.

— Ok.

Je remonte vers son visage. La bouche entrouverte et le regard plissé de questions, l'Américaine a perdu sa langue. Que je suis à un cheveu d'aller la débusquer quand elle exhale :

— Je crois que tu devrais sortir d'ici. Tout de suite.

J'aime ce jeu entre nous : lorsqu'elle reprend mes mots à l'intonation près. Lorsqu'elle me pousse toujours plus loin en ouvrant les portes d'un truc qui ne devrait pas exister. M'exciter. M'étonner autant. Parce qu'elle semble à la fois innocente mais pas inoffensive. Cette fille est un mystère qui embrume mes neurones à coup d'images salaces, de désir brûlant et d'une retenue qui ne m'avait jamais autant fait souffrir. Dans mon fute, c'est un branle-bas de combat : préparation mentale et plan d'action.

J'avance d'un pas, puis un deuxième, mes iris plongés dans les siens pour sonder la moindre de ses envies, le plus infime de ses desseins. Je la veux mais je veux être certain que c'est réciproque, qu'elle ne va pas fuir, juste me faire cramer. La belle penche légèrement la tête sur le côté, réprime un sourire en coin. La peste ! Je suis sûr qu'à l'intérieur, elle se fout de moi. J'ai déjà été plus direct avec elle dans mes paroles, mes gestes. Mais ce moment me paraît important. Ma frustration monte aussi vite que mon désir de la posséder, de virer cette foutue serviette dont elle retient fermement les pans, sans pour autant me demander de me barrer.

— Tu réfléchis beaucoup pour un mec, me nargue-t-elle.
— J'essaie de faire ce qui est bien, je m'entends lui répondre.

Je n'en reviens pas d'avoir dit ça.

— Parce que si tu restes c'est mal ? chuchote-t-elle, un peu déroutée.

Aussi bien que sauter dans un ravin sans harnais de sécurité, ni sans savoir combien de temps la chute va durer.

— Tu poses trop de questions, Hendrix.
— Tu éludes trop, Swann, réplique-t-elle avec un aplomb qui me fait un peu plus durcir. Tu dis que je fuis mais tu te caches. Tu me fais des promesses qui te font douter. TU te poses des questions comme s'il s'agissait de m'épouser, alors qu'on sait tous les deux que tu vas juste me...
— Tais-toi, ordonné-je.

Mais l'insolente n'en a pas fini avec moi.

— Je suis majeure, libre, et toi aussi. Je ne veux pas de menottes, pas de corde au cou et aucune promesse en dehors de cette pièce. On est adultes, assez grands pour gérer l'après. S'il y a un après...

Falling For Heaven | En pause jusqu'à novembre 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant