𝟏𝟗 - 𝐃𝐞́𝐬𝐢𝐫𝐞-𝐦𝐨𝐢.

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 𝐂𝐚𝐥𝐝𝐞𝐧.

— Au fait Heaven, ça donne quoi ta recherche de colocation ?

Comme un cheveu sur la soupe, Sarah fait prendre un virage à cent-quatre-vingt degrés à notre conversation. Tous installés sur la terrasse, excepté Teddy qui s'est endormi devant un dessin animé qu'il nous a obligés à regarder avec lui, nos tasses d'infusion à la cannelle presque vides mais nos ventres pleins, nous détournons notre attention vers notre invitée. Heaven termine, surprise, son breuvage sucré, puis répond en haussant les épaules.

— Rien de concluant pour le moment mais j'ai encore le temps. J'ai épluché les petites annonces : c'est soit trop cher, soit trop loin. Ou il faut être étudiant, ce qui n'est pas mon cas.
— Mais tu as bien fait des visites hier, non ? s'enquiert mon frère, plus au courant que moi.
— Oui.
— Et ? insiste Angela, blottie dans son chandail ethnique XXL, fait main.

Heaven prend une grande inspiration qui termine en un soupir las et une grimace frustrée.

— Pour la première, dans South Melbourn, l'annonce ne précisait pas qu'il fallait partager la chambre. Elle était spacieuse, avec un petit balcon et bien exposée, poursuit-elle comme pour justifier ses réticences, mais je préfère avoir un coin à moi, un peu d'intimité.
— Tu en aurais si tu acceptais mon offre, lui glisse Granny. J'ai deux chambres inoccupées dans cette maison et je ne te fais pas la charité.
— C'est très gentil Angela, mais je préfère me débrouiller. Vous avez déjà fait beaucoup pour moi, entre le Foyer, mon travail ici et le Quiet. Et la clé de la cabane à Brighton Beach, aussi. Je vous suis redevable...
— Ce qu'il ne faut pas entendre ! la sermonne notre doyenne. Je ne te force pas la main mais si tu as besoin d'un lit et de bonnes pâtisseries, tu sauras où nous trouver, moi et toute ma clique !

Sarah intervient en me jetant un coup d'œil mystérieux qui me fout sur la défensive :

— Et puis Heaven n'oserait pas ramener ses petits amis ici, Granny.
— Balivernes ! Je ne suis pas coincée même à 75 ans, il faut bien que jeunesse se fasse ! Je sais comment fonctionnent les belles choses de la vie et le sexe n'est pas un gros mot. Il faut vivre, aimer et jouir beaucoup, sinon, à quoi bon se lever le matin ?

C'est reparti...

Les yeux écarquillés, Heaven cherche comment les choses ont encore dérapé. Sous la guirlande lumineuse, ses joues prennent une jolie carnation carmin avant qu'elle ne lâche un rire sexy qui crée un crépitement là où il ne devrait pas y en avoir. Charlie traite sa sœur de bonne à enfermer mais surenchérit en souriant que l'Américaine va briser le cœur de plusieurs « pauvres » Australiens.

Riley ajoute son grain de sel.

— En tout cas, mon fils est déjà fou de toi. Je vais devoir vous surveiller.
— Il est adorable, dommage qu'il n'ait pas vingt ans de plus, réplique-t-elle avec un clin d'œil. C'est le petit homme idéal !

Pas grâce à sa mère, pensé-je.

— Sa version adulte existe, rigole Charlie en me pointant vaguement du doigt après deux verres d'eau de vie. Le permis de conduire en plus et les couches en moins.
— Un sens de l'humour parfois douteux mais un type fiable, confirme Miley. Sa seule grosse erreur, c'est Carly !

Faux, parce que tu ne sais pas tout.

— Il aurait bien besoin d'une petite copine, m'enfonce Angela. Pas une qu'il trouve sur son téléphone. Les jeunes de nos jours ne savent plus se parler en dehors des écrans. Avec vos applications Twitter et vos Am Stram Gram, il n'y a plus le charme du face à face ! Les regards, les vrais échanges, la séduction dans les sourires et les gestes, tout ce qui fait la flamme naissante d'une relation, vous n'avez plus ça !
Instagram, se gausse mon oncle. Arrête de vouloir faire la jeune, la Momie.
— Oui, voilà, gesticule ma grand-mère dans son élan d'excitation. Ces trucs n'ont aucun charme.

Falling For Heaven | En pause jusqu'à novembre 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant