Falling For Heaven | En pause jusqu'à novembre 2024

𝟖 - 𝐃𝐞𝐫𝐫𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐥𝐚 𝐟𝐚𝐜̧𝐚𝐝𝐞.

𝐂𝐚𝐥𝐝𝐞𝐧.

Putain, ça m'avait manqué !

Beaucoup ne me croient pas quand je le dis, mais j'aime bien le calme. En même temps je les comprends : je suis un hyperactif coproprio d'un bar qui ne désemplit pas, point de chute d'une jeunesse hétéroclite depuis son ouverture, et d'habitués moins jeunes qui apprécient le concept new-authentic à sa juste valeur. Les sons entremêlés de la musique, des conversations qui ricochent les unes contre les autres, les tintements de verres et les voix des commentateurs sportifs enflammés en gonfleraient plus d'un en moins de deux. Ce brouhaha est presque une berceuse pour moi, et c'est surtout la preuve auditive que Riley et moi avons réussi notre pari : ouvrir un bar. Le faire prospérer. Devenir des incontournables dans un quartier en perpétuels changements.

Notre rêve à nous et ceux à qui ça déplait, on les emmerde.
Le problème, c'est que les emmerdes semblent m'adorer.

Cinq semaines dans l'Outback loin de mon tapage à moi m'ont paru une éternité. Le retour aux sources dans le bush sauvage m'a fait du bien, on ne va pas se mentir, et j'y ai quand même trouvé mon compte en n'ayant plus Carly sur le dos – satisfaction non négligeable parce que putain ! elle en tient une couche quand elle s'y met. Mais c'est mieux à petite dose et surtout, quand le séjour n'a que deux buts : passer du temps avec mes parents et profiter des meilleurs coins de la zone que je connais comme ma poche. Idéalement, le faire avec mon frangin et Little Teddy.

Problème n°1 : le repos n'était pas au programme de mon séjour, cette fois. N°2 : les seules nanas entre 25 et 35 ans avec qui j'aurais pu passer du bon temps et combattre ma solitude nocturne étaient soit des clientes – souvent étrangères – en plein safari, soit les employées de mes parents. Il y avait bien de quoi occuper mes mains, ma queue et ma bouche mais dans un cas comme dans l'autre c'est mort, je ne touche pas. Ngintaku Taka c'est le travail de toute une vie. Je respecte bien trop ma mère, mon père et Aleksander – celui de Miley – pour prendre le risque que qui que ce soit aille colporter des ragots qui terniraient la réputation de la réserve.

Je vois ça d'ici : « gardez vos femmes sous clé, les crocos et les varans ne sont pas les plus dangereux à Ngintaku Taka. Un spécimen rare y chasse et n'attend pas que vous ayez le dos tourné : Calden Swann, le queutard de ces dames ».

Quelle pub de merde !

Je n'invente rien en réalité car ce sont les mots de Morgan un soir après deux ou cinq bières de trop. Un de mes plus anciens potes à Melbourne et malheureusement, le plus digne de confiance de ma bande puisque ce con est pompier, ce qui n'arrange pas mon cas quand il se met à déclamer mes soi-disant vérités. On a fait les quatre cents coups ensemble depuis le lycée, il est donc un des seuls qui puissent me chambrer sans craindre d'avoir besoin d'une rhinoplastie par la suite.

Ou alors, c'est parce qu'il est monté comme une armoire à glace, le con !

Bref. Ces conneries-là prennent plus vite qu'un feu de broussailles en période de sécheresse. Il suffit d'une étincelle pour que tout s'embrase, ne laissant que cendres et désolation. Je rentre donc de cinq semaines de dur labeur et d'abstinence. Levé aux premiers rayons du soleil pour faire le maximum avant qu'il ne cogne plus fort que les eaux de vie artisanales d'Angela qui vous colle une cuite en sept minutes, couché bien trop tard et souvent endormi dans le hamac prenant la moitié de l'espace sur la terrasse de ma chambre.

Mon hamac, une bonne bouteille, une clope bien méritée et la voûte céleste à perte de vue, que demande le peuple alors que ces quatre points sont synonymes de bonheur ?

Ah oui : du cul. Internet H24. De la télé-réalité débile à souhait qui rend encore plus con pour nous prouver que le pire n'a aucune limite. Les réseaux sociaux greffés à leurs mains. Pour ma part, une bonne partie de baise de temps en temps me va parfaitement.