Falling For Heaven | En pause jusqu'à novembre 2024

𝟕 - 𝐐𝐮𝐢 𝐬'𝐲 𝐟𝐫𝐨𝐭𝐭𝐞...

𝐂𝐚𝐥𝐝𝐞𝐧.

«Playboy». «Coureur de jupons». «Mister Coup-D'un-Soir». «Baiseur compulsif». «Enfoiré», aussi. Il parait que tous ces termes seraient de parfaits qualificatifs à graver en épitaphe sur ma tombe. Je mets quand même un bémol à «Coureur de jupon». Je les soulève quand je n'ai pas le temps de les baisser – le feu de l'action exige des choix stratégiques –, mais je n'ai jamais couru après une paire de jambes ni de seins, aussi parfait soit leur galbe. Mes conquêtes d'une nuit – rarement beaucoup plus –, me ramènent chez elles après avoir usé de tous leurs charmes pour me glisser entre leurs cuisses, et n'y vont pas de main morte pour étirer les heures. Je n'ai qu'à choisir parmi la horde de groupies qui attendent leur tour et l'affaire est dans le sac.

Je suis la proie, pas le chasseur. Ou alors...

Puis le matin est un nouveau jour, ma vie reprend son cours.

J'ai pris le pas il y a bien longtemps de laisser les gens penser ce qu'ils veulent de moi. Après tout, leur opinion vite emballée ne m'a jamais empêché de fermer l'œil. On a qu'une vie et je profite de la mienne comme je l'entends, mes choix ne concernent que moi et j'ai mes raisons. Libre à eux de s'assommer dans la monotonie d'une petite existence lisse et planifiée, enfermés dans les cases BCBG de Monsieur & Madame Je-Fais-Mieux-Que-Tout-Le-Monde. Je les emmerde ! Métro-boulot-dodo, compte-rendu des moindres faits et gestes, petite sortie du dimanche et baise tous les mardis soir de 21h01 à 21h17, non merci. Ma liberté et ma famille sont les seules à qui je suis attaché, ma ligne de conduite et c'est très bien comme ça.

En parlant de famille, je crois que mon frangin a envie de me catapulter sur Jupiter en ce moment-même. Il n'a gueulé qu'une fois, provoquant le mutisme des clients friands d'engueulades de fin de soirée, mais son silence à lui est pire qu'une beigne dans la tronche.

Et je crois qu'il a raison de vouloir me démonter. Merde !
Bon, dans l'ordre.

D'abord : virer sans ménagement les mains de Carly qui me tamponne avec ses serviettes apéro – aussi utile qu'un cendrier sur une moto – comme si c'était de l'acide que la nouvelle venait de me balancer et que je risquais de me désagréger à tout instant. Et comme si ce n'était pas assez, elle ne se gêne pas pour tâter mes muscles au passage à travers mon t-shirt imbibé de bière fraîche. À croire qu'elle vérifie si mes abdominaux sont toujours là, si je n'en ai pas oublié dans l'Outback après cinq semaines passées là-bas. Je la connais trop bien : elle marque son territoire l'air de rien, jusqu'à descendre trop près de la ceinture de mon jean noir. Stop ! Mon geste brusque pour lui faire cesser sa mission sauvetage à la con est accompagné d'un grognement, et c'est surtout ça qui l'a fait reculer d'un demi-mètre. Son regard vexé de se prendre un vent ne m'atteint pas, je ne veux plus laisser aucune ambiguïté s'installer entre nous.

Il faut lui parler en quelle langue pour qu'elle imprime ?

Carly est une de ces belles filles qui ne laissent aucun homme ou presque indifférent. Elle a pleinement conscience de ses atouts et sait comment les mettre en valeur, tout autant qu'elle sait ce qu'elle veut et fait le nécessaire pour l'obtenir. Le hic, c'est que s'il faut rabaisser une rivale au passage et jouer les bêcheuses méprisantes, elle ne se pose pas trois mille questions sur les conséquences : elle fonce d'abord, pense après. Ses grands yeux de biche aiment lui regarder le nombril comme si le monde tournait autour de ses hanches – qu'elle balance à la perfection dans des situations torrides.

La brune est un cyclone à qui peu résistent, butée, pleine de ressources. Et contrairement à la rumeur qui court régulièrement à son sujet, lancée par des jalouses coincées qui l'envient secrètement, elle n'est pas le cliché incarné de la bimbo écervelée qui n'a que son corps pour plaire. Mais elle choisit trop souvent ses courbes comme chemin vers les hommes et finalement, alimente elle-même le feu dans lequel pas mal de nanas veulent la jeter.