II. 𓂀

241 26 81
                                    

  Je baissais mon regard, je rencontrais deux paires d'yeux qui appartenaient à deux jeunes hommes, debout en face de moi. Il n'y avait que quelques petits mètres qui nous séparaient.

Ils avaient un teint pâle. Leurs peaux étaient aussi lisses que du marbre, leurs expressions aussi neutres que la pierre. Même si en cet instant, ils me faisaient plus penser à de la porcelaine.

Le plus grand avait les cheveux bruns accompagnés de mèches blondes. Ses yeux bridés tiraient et accentuaient cet air grave qu'il affichait. Je pouvais distinguer ses yeux noirs qui m'analysaient en retour. Il portait une chemise de lin grise, ainsi que de jolies chaussures cirées. Il se tenait les bras croisés, le haut du corps légèrement vers l'arrière.

Le physique de son compagnon à ses côtés contrastait avec le sien. Il avait les cheveux plus courts, légèrement plus longs à l'arrière et de couleur noir, d'un noir profond. Ses yeux, plus clairs me toisaient de la même façon que son partenaire. Sa mâchoire était plus petite et il était moins imposant. Pourtant, il ne dégageait pas moins de présence que l'autre. Il portait un pull en laine de couleur liège avec des trous assez grands, laissant apercevoir un haut gris par-dessous. Il allait à merveille avec son pantalon blanc. Sa paire de chaussures avait une semelle plus haute et la couleur était plus claire.

Se sentait-il trop petit par rapport à son camarade ? Pour quelle autre raison pourrait-il porter des semelles hautes en forêt ?

Inconfortable face à leurs élégantes positions, je me redressais plus convenablement pour finir à leur niveau. Sans perdre de temps, je cherchais par la même occasion du regard une quelconque trace de Rina.

Elle n'était nulle part.

Je pris peur et me figeais un instant. Ça ne pouvait être qu'eux, je ne voyais d'autre possibilité.

Je tournais mon regard vers mes deux interlocuteurs qui semblaient s'y attendre.

- Elle est-

- Où est-elle ? Demandai-je précipitamment.

J'avançais de trois pas faussement assurés vers eux, ce pseudo-cran me permettait de facilement cacher la panique qui montait dans mon organisme. Je n'avais aucune idée de ce qu'il se tramait, et le fait que la situation me dépasse augmentait ma peur. Leur expression ne flancha pas d'un pouce, les deux restaient impassibles face à ma provocation, manquant de me décontenancer.

L'homme en talonnette soupira ce qui semblait être de l'exaspération avant de déclarer :

- Si tu ne m'avais pas coupé, tu le saurais déjà. Sa voix était très particulière, elle avait un timbre que je ne connaissais pas. Il fit une pause et s'assura que je le regarde dans les yeux pour continuer. Elle est en sécurité, m'assura-t-il.

- Où ? Elle n'a rien fait laiss-

- Tu peux me laisser finir ? Me coupa-t-il sèchement.

Aussitôt sa voix élevée, la mienne s'éteignit dans ma gorge. Cette fois, son regard me transperça plus fort, me dépaysant sur le coup.

- Elle est actuellement avec l'un de nos amis. Je t'assure qu'elle va pour le mieux là où elle est en ce moment. Je me concentrais sur ma respiration, car -sans que je ne m'en rende compte- mon corps l'avait bloqué trop longtemps. Non, nous ne l'avons pas capturée si c'est ce qui t'inquiète.

Je ne comprenais pas. Comment était-ce possible qu'ils ne l'aient pas capturé ? Qu'avait-elle à faire avec eux ? Où était-elle ? Qui étaient ces individus sortis de nulle part ? D'où venaient-ils ?

- C'est elle qui a voulu venir avec nous, déclara le plus petit.

- Pardon ? M'exclamai-je.

𝑫𝒊𝒗𝒊𝒏𝒆 𝑳𝒖𝒔𝒕  || 𝐇𝐞𝐞𝐣𝐚𝐤𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant