XVIII. 𓆃

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   Fatigué, mes pieds traînaient sur le carrelage froid, je me dirigeais à pas lourds vers ma cible: mon lit. Un chemin que j'avais dû faire plus d'une fois durant cette nuit. Une nouvelle nuit interminable qui s'ajoutait à ma liste, et j'avais eu tout le temps pour regretter d'avoir rejeté Sunghoon en début de soirée. Non pas que je regrettais de l'avoir repoussé, mais parce qu'être seul ne me semblait plus supportable. Cela ne semblait plus être à la hauteur de ce que mon corps demandait. Le manque d'expérience était loin d'être le problème car j'apprenais au fur et à mesure comment faire. Mais, parmi cela, je ne pouvais enlever la terrible envie d'être accompagné dans ces moments-là. Une pensée qui m'obsédait et qui m'empêchait de profiter du "plaisir" que je m'offrais.

Je soufflais d'exaspération, je plongeais ma tête dans mes draps, embarrassé. Mon esprit était rempli de pensées corrompues, j'avais honte. Si je réfléchissais bien, ce n'était clairement pas la première fois que je me surprenais à penser pendant si longtemps à ce genre de choses. Là où je pouvais trouver cela intéressant à découvrir, je trouvais également cela très gênant. Surtout dans un cadre comme celui-ci.

Le mensonge de Rina était encore bien frais dans mon esprit, tout aussi frais que l'idée que je sois moi aussi, destiné à devenir l'un d'entre eux. Cela m'inquiétait, j'y pensais beaucoup à vrai dire, mais jamais autant que cette constante envie qui tenait mon organisme éveillé. Pas autant que mon cerveau fonctionnant à mille à l'heure qui réussissait à poser une image perverse à tout ce qui m'entourait.

Mes joues étaient rouges, de honte ou bien dues à la chaleur que je ressentais. Peut-être un peu des deux. Cette nuit m'avait parut longue car mes yeux divaguaient, comme pris de vertige. J'avais eu chaud, trop chaud et le simple contact de mes draps m'était devenu insupportable. Insupportable ou soulageant ? Encore une fois, un mélange des deux.

Ce matin, mon état s'était largement calmé, j'étais allongé sur mon lit, au-dessus de ma couette, ayant peur de réanimer cette température corporelle handicapante. A la place, je laissais de doux frissons caresser ma peau à l'air libre, semblable à comment pouvait se déposer la rosée du matin sur l'herbe.

Mon esprit encore un peu dans les vapes, j'observais ma main, regardant la petite trace brûlée, me remémorant ainsi la façon dont je me l'étais faite. Puis je touchais de mon ongle ma brûlure, reproduisant l'exact mouvement du couteau que Heeseung avait guidé de sa main la fois dernière. Je me souvenais du regard à la fois si neutre et si profond qu'il m'avait lancé. Un regard qui m'avait transpercé, qui m'avait glacé le sang d'un violent frisson.

Un frisson qui me rappelait sans mal ceux inoffensifs que j'avais à présent. En effet, ils n'étaient pas du tout déclenchés par le même facteur. L'un à l'air libre et l'autre sous pression. Dit ainsi, cela se voulait encore plus opposé. Pourtant, même si la sensibilité n'était pas la même, je ne pouvais m'empêcher de chercher à retrouver cette sensation si particulière que j'avais ressentie par sa faute.

Car oui, c'était de sa faute. Je n'avais pas demandé à ce qu'il s'approche.

Cependant, je savais que je ne pouvais pas totalement l'accuser, tout simplement car je ne l'avais pas repoussé.

J'émettais rapidement l'hypothèse que ce frisson, aussi marquant m'avait-il pu être, ne s'était provoqué uniquement parce que cette envie se propageait dans mes veines. C'était mon corps qui avait parlé, qui avait communiqué sans que je ne contrôle l'effet que je trouvais exagéré pour un simple toucher sur ma peau. C'était une réaction purement physique, comme celles que je pouvais avoir à l'égard de Sunghoon.

C'était purement physique.

C'est avec cette phrase que je martelais mon cerveau lorsque mes yeux perçurent sa silhouette passée avec élan dans une intersection d'un couloir, ne me remarquant pas.

𝑫𝒊𝒗𝒊𝒏𝒆 𝑳𝒖𝒔𝒕  || 𝐇𝐞𝐞𝐣𝐚𝐤𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant