XXXII. 𓆗

121 13 16
                                    

! Juste, avant de commencer ! 

Il faut bien avoir lu l'interlude III pour comprendre l'ampleur de ce qu'il se passe ici.

En ce début de chapitre, laissez-vous porté par l'esprit de Jake, enfouis sous un tas de souvenirs. Accrochez vous ! (si vous avez bien fait attention aux chapitres précédents, il n'y aura pas de problème) 

___________________________

Le soleil tapait fort ces derniers jours, et la fraîcheur de la pierre était insuffisante pour repousser les rayons. Certaines plantes des jardins s'affaissaient à vue d'œil et de manière semblable, ma peau s'était raffermie, asséchée.

Au plein milieu d'un repas, ma peau se mit à se craqueler, se détacher. Comme un reptile, je muais.

J'usais l'eau du bain ramollissait mon corps pour m'en débarrasser. De cette façon, il suffisait de frotter un peu pour que les peaux mortes s'enlèvent de fait.

Les cicatrices de brûlure que Sunghoon disparaissaient enfin, en compagnie du passage de Heeseung. Malheureusement.

Sous cette vieille peau qui s'effritait, une surface neuve régnait. Plus douce encore que ma peau d'antan.

En-dehors de ce petit désagrément, les terres du peuple se craquelaient par la sécheresse. Le pouvoir de l'astre solaire était dominant en Egypte, les habitants supportaient son poids malgré les conséquences. Du balcon, on remarquait que la circulation était plus légère, et que les quelques vadrouilles étaient faites efficacement et chacun étaient couverts de tenues blanches.

Les femmes partaient tôt le matin pour se diriger jusqu'au puits. Puis le midi arrivant, elles revenaient avec leurs seaux pleins. Ainsi, elles distribuaient les rations aux membres de la ville, de maisons en maisons.

Cependant, en tant que dieux, nous privilégions d'une eau permanente. Jamais nous n'avions eu à faire face à une question de rations comme le peuple pouvait le vivre. L'eau ne nous manquait pas. En majorité, car notre breuvage ne se rimait pas qu'à elle.

Sous la force de Râ exposée par le soleil, mon dieu quémandait plus de sang. Par friandise ou par besoin ? Qu'importe, le sang animal que l'on me distribuait ne me suffisait pas. La qualité était supérieure, mais rien n'y faisait.

Mon désir frustré me parut ridicule face au sort que certains vivaient en cet instant.

Plus loin, une statue d'Horus s'établissait, et même sous cette chaleur, les travaux n'étaient pas pour le moins suspendus. Je plaignais les esclaves qui devaient porter et pousser de lourdes charges sous un temps aussi peu commode.

Les esclaves se devaient de travailler sans relâche, et le premier qui se plaignait était puni au fouet. Les gardes prétextaient au respect de Râ.

Même si mon ancienne vie ne m'avait pas couvert d'un beau statut, je remerciais les Dieux de ne pas m'avoir fait naître esclave. Être à la servitude d'Apophis était déjà bien assez, et je ne pouvais nier que la tranquillité du Temple était bien plus appréciable.

D'autres hommes, se pensant les plus audacieux, priaient sur la grande place, là où nulle ombre ne pouvait s'aventurer. Ils pouvaient rester des heures dans la même position, montrant leur confiance en la puissance de Râ par l'immobilité.

Qu'il me bénisse de sa grâce et emporte toutes mes fautes, devaient-ils sûrement se dire.

Certes, rien de mieux que la servilité pour plaire à un dieu. Mais qui serait assez têtu pour s'exposer sans une seule offrande ?

𝑫𝒊𝒗𝒊𝒏𝒆 𝑳𝒖𝒔𝒕  || 𝐇𝐞𝐞𝐣𝐚𝐤𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant