XII. 𓆣

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 Maintes et maintes cris roulaient le long des couloirs atteignant doucement le plus profond de mes oreilles. M'obligeant à écouter cette mélodie des plus lascives. Parfois silence, parfois crescendo, une vraie partition. J'étais malgré moi son auditoire secret au jugement silencieux. Mon avis n'étant entendu de toute façon que par moi-même.

J'expirais en ricanant. La silence ne pouvait perdurer entre ces murs.

Je me moquais doucement de cette ridicule chorale qui semblait s'extasier d'une façon si envahissante, vendeuse. Au fur et à mesure, ma curiosité agissait de son plein gré. Derrière mes paupières il y avait deux d'entre eux, dans une position assez simple et affichant des expressions qui se rapprochaient au plus du désir. Leur action collant ainsi en harmonie avec ses fameux gémissements que j'entendais. Mon esprit avait créé une image si claire, que je la savais ancrée à jamais.

A partir de là, mon esprit ne s'arrêta plus d'imager. Il s'acharnait à la reproduire avec plus de détails, puis en créait une autre, la construisait avec précision, tout était limpide et clair comme de l'eau de roche. Friand, j'analysais tout ce que ma tête inventait d'une façon si naturelle, comme si j'y avais déjà assisté. Mes tympans captaient le plus de sons possibles pour enrichir et former de meilleures images.

Je devenais artiste de ses peintures si charnelles. Leurs visages crispés, rougis, et leurs corps désespérés de désir.

Je crus sentir mon pouls s'accélérer, et mon souffle se faire plus court. Mais à peine eus-je le temps de m'en rendre compte que les bruits disparurent, reculant loin de mes sens, s'enfonçant dans les abysses de ses couloirs infinis. Le silence me paraissait désormais bien plus retentissant que les sons précédents, parce qu'il me laissait seul face à moi-même. Avec quelque chose en plus.

- Oh merde.

Emporté par ce torrent de belles images, qui fut bien vite balayé par l'absence de geignements, je réalisais le potentiel caché de ce que je venais de faire.

Mon corps avait eu l'air d'aimer ce qui s'était passé. Il me laissait une trace qui témoignait de l'effet de l'aventure que je venais de créer par la simple force de mon esprit. Je rougis de honte, impossible que quelque chose de pareil me provoque ainsi.

Je cachais cette humiliante sensation en passant ma couette par-dessus mon corps. Je forçais mes yeux à se fermer, comme si en les enfonçant assez fort, j'allais m'endormir instantanément et effacer ce passage nocturne si déplacé.

La vérité c'est que cette nuit-là, je n'ai pu réussir à m'endormir avant de me soulager, à contrecœur, honteux. Cachant au plus possible mon visage et mes sons alors que j'étais seul.

Seulement après cela, j'ai pu m'assoupir.


* * *


J'écoutais d'une oreille absente, impuissant face à mes pensées bloquées sur les images d'hier. Maintenant que j'étais face à eux, les images remontaient et s'affichaient, et elles me semblaient encore plus troublantes. J'essayais de cacher tant bien que mal mon embarras en mangeant, mon bol cachait la moitié de mon visage, m'évitant de croiser leurs yeux par inadvertance. Et lorsque je ne mangeais pas, j'essayais de divertir mon esprit en pensant aux dieux qu'ils pouvaient porter.

Je savais que Niki était un dieu guérisseur. Il me suffisait de trouver son nom. J'avais appris que Sunghoon était Horus, ce qui s'accordait avec la chaleur qu'il produisait, et le fait qu'il puisse voir le territoire entier du royaume qu'il gouverne.

Mais si c'était lui Horus, je n'avais aucune idée pour Heeseung. Et pour les autres, c'était le mystère.

Le fait qu'ils soient tous d'une beauté resplendissante aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Sur ce point, qu'ils soient des dieux n'était pas étonnant. Ils avaient tous un charme à leur manière, une énergie spéciale qu'ils dégageaient avec aisance. Quelque chose d'affirmé, d'inné.

𝑫𝒊𝒗𝒊𝒏𝒆 𝑳𝒖𝒔𝒕  || 𝐇𝐞𝐞𝐣𝐚𝐤𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant