XIX. 𓃠

112 16 68
                                    

  Je me baissais brusquement, mon corps rejoignant la platitude de l'herbe. Je pinçais mes lèvres entre elles, non seulement pour ne pas laisser l'herbe s'y insérer, et m'empêcher de sortir un quelconque son sans le vouloir.

J'étais dans les jardins, j'y étais retourné seul. Quelques jours étaient passés depuis la fois où j'y étais avec Jungwon et Jay, quelques jours depuis que j'avais appris qu'ils étaient Isis et Osiris. Je croisais Heeseung au moins une fois tous les jours, m'obligeant à ne pas oublier de le garder à l'œil, l'idée de l'espionner étant toujours présente. Mais au moindre moment d'inattention, il disparaissait. Je commençais à me demander s'il ne le faisait pas exprès. 

Son comportement était pourtant normal, pas très bavard, très observateur. Il m'arrivait quelquefois à croiser son regard, le fuyant directement. Je me retrouvais alors à trouver un réel intérêt à la nourriture sur la table, où à converser avec le grisé, qui était souvent mon voisin de divan.

Sunghoon était plus calme depuis la dernière fois. Par dernière fois, j'entendais le soir où je l'ai rejeté un peu soudainement. Nous n'en avons pas reparlé, je ne me suis pas excusé, et je ne comptais pas spécialement le faire. Il ne s'était pas éloigné de moi, il avait l'air même plus tendre à mon égard. Comme si mon rejet lui avait fait l'effet d'une douche froide, avec laquelle il s'était drastiquement adouci. Peut-être s'excusait-il de cette façon ?

Son approche était moins envahissante, mais plus accueillante.

Alors sans aucune rancune, je communiquais avec lui, pour lui montrer que je ne lui en voulais pas. Et peut-être pour camoufler le fait que nous entretenions quelque chose de charnel.

Rina était bien souvent absente, et Sunghoon ne restait jamais longtemps à table. Il prenait toujours le temps de me saluer avant de partir d'un pas pressé dans les couloirs. Il revenait parfois en retard au dîner, repartant toujours avec une assiette remplie.

Je grimaçais en visualisant le beau visage de la blonde. Je m'évitais complètement de penser à elle, essayant de paraître aussi nonchalante qu'elle pouvait l'être. Rina devait simplement être malade. Sunghoon n'avait pas l'air paniqué non plus, alors je ne m'inquiétais pas.

Rien ne sera aussi dramatique que le jour où le grisé était rentré couvert de sang.

Un frisson me parcourra, ce souvenir me semblait si récent, s'en était effrayant.

Après plusieurs échecs de la mission d'espionnage, j'avais décidé de me reposer un peu au calme dans les jardins. Je m'étais longuement appliqué à analyser cette ouverture dans le plafond, attendant miraculeusement que mes yeux puissent apercevoir cette matière orangée. Comme si mes yeux allaient au fur et à mesure que je le fixais, s'habituer au point de développer une sorte de capacité spéciale. Ce qui était une bien enfantine pensée, car comme je pouvais me l'attendre, rien ne se passa. Je ne voyais toujours aucune trace de ce soi-disant bouclier.

Je profitais alors de cet air frais qui remplissait mes poumons avec harmonie. Je prenais de grandes inspirations, expirant lourdement, relâchant avec tout ce qui pouvait occuper mon esprit. Je me surpris à créer un semblant de méditation, pour enfin me retrouver au calme.

Alors que je me sentais bien, je sentis le contact d'une douce fourrure sur mon tibia. J'ouvris les yeux, rencontrant la belle surprise de Bastet, la chatte errante du temple. Je ne la voyais que très rarement, alors je lui caressais la tête calmement, c'était notre façon de se dire bonjour, je crois. Je ne caressais pas souvent de sa tête à son dos, car son collier d'or me gênait. Et elle avait l'air de préférer par-dessus tout entre les oreilles. Son ronronnement ne tardait pas à vibrer jusqu'à mes oreilles, me faisant sourire.

𝑫𝒊𝒗𝒊𝒏𝒆 𝑳𝒖𝒔𝒕  || 𝐇𝐞𝐞𝐣𝐚𝐤𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant