XIV. 𓁈

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 La chaleur qui me bouffait rendait ma solitude insupportable. Je me tortillais dans les draps. Je me surprenais à vouloir du contact, à vouloir me loger dans les bras de quelqu'un.

Personne ne devait savoir de quoi je mourrais d'envie. Personne ne devait apercevoir ni connaître l'état pitoyable dans lequel j'étais. Alors, malgré la frustration que j'exprimais en me griffant la peau, j'essayais de m'en sortir tout seul.

Mais alors que je venais juste de venir, j'en avais toujours envie.

Les gémissements que j'entendais m'avaient aidé, mais ils ne s'étaient toujours pas arrêtés. Au contraire, ils avaient doublé. Le nombre de voix avait augmenté.

L'écho des couloirs me donnaient chaque détails échappés par ces sons. Je crispais mes yeux, ça ne m'aidait pas à redescendre. Et comme la fois dernière, mon esprit jouait à mettre des images sur ses sons, m'enfonçant de surcroît dans ce besoin charnel.

Condamné, je me caressais une nouvelle fois. Je jetais mon sentiment de honte de côté, et plongeais pleinement dans le désir ardant qui sciait mes phalanges.

Cette fois, je savais de source sûre de qui provenaient ces gémissements incessants. Ils s'étaient dénoncés tout seuls en ayant prononcé leur prénom. Si je comptais bien, ce petit groupe rassemblait cinq d'entre eux. Heeseung et Rina étaient exclus de ce cercle. Ils devaient certainement les entendre.

Etaient-ils dans deux chambres différentes ?

La deuxième fois, je suis venu avec plus de difficulté. Comme si ce n'était plus assez, comme si mon corps voulait plus que mes propres mains.

Je me nettoyais avec de l'eau froide et un mouchoir, veillant à bien éviter de croiser mon reflet dans le miroir. Mon regard fuyant trouva l'entrée, l'endroit qui conduisait ces sons qui ne s'étaient toujours pas éteints.

Leur ébat était long, pensai-je.

Proche de l'entrée de ma chambre, je touchais le mur dépourvu de toute porte. Puis, soudainement, je compris enfin. Je regardais attentivement le couloir, je pouvais toujours les entendre, mes oreilles toujours aussi ouvertes.

J'étais certain que ces gémissements résonnaient dans l'entièreté du temple. C'était impossible que je sois le seul à entendre toute cette mascarade.

Et c'était fait exprès.

S'il n'y avait pas de portes, c'est parce qu'ils voulaient s'écouter.

Ils aimaient s'écouter prendre du plaisir et le partager haut et fort.

Le faire sans retenue, sans aucun moyen de bloquer la résonance. Comme pour faire partager leur plaisir intime à tout le monde.

Quel fantasme osé.

- Quelle folie.

J'avais le rire pendu aux lèvres, que je retenais, imaginez qu'ils puissent m'entendre.

Une phrase de Rina me revint en tête: "Moi aussi, ça m'avait perturbé. Tu t'y habitueras. Peut-être même que tu partageras leur avis un jour qui sait ?"

C'était donc ça qu'elle sous-entendait ? Alors ils lui avaient dit depuis le début qu'ils avaient des tendances un peu partageuses ?

Mais ce n'était même pas ça qui me dérangeait, c'était plutôt l'ampleur que cette nouvelle contenait. Lors des repas, après mes moments que j'avais passé en compagnie du grisé, ils savaient.

Ils avaient tous entendu.

Puis l'épisode des douches des premiers jours me revenait en tête. Ma mâchoire s'ouvrit, j'étais bouche bée.

𝑫𝒊𝒗𝒊𝒏𝒆 𝑳𝒖𝒔𝒕  || 𝐇𝐞𝐞𝐣𝐚𝐤𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant