Partie 8.

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« Aurélien ! »

Il sortit lentement de sa crise de larmes en entendant quelqu'un l'appeler et il releva la tête d'un air perdu. Quelqu'un l'avait bien appelé, non ? Est-ce que c'était Julien ? Guillaume...? Pitié, faites que ça soit lui plutôt que Julien... Il tourna la tête de gauche à droite pour chercher la personne qui venait de l'appeler et quand il aperçut enfin Guillaume, courant dans sa direction, il se remit à pleurer violemment tant il était soulagé. Oui, c'était bien lui, ce n'était pas Julien. Il voulut se relever mais n'y arriva pas et Guillaume se jeta à ses pieds, le faisant sursauter de peur.

« Eh, eh, je suis là... Qu'est-ce qu'il s'est passé, Aurél ? Est-ce qu'il t'a fait du mal ? Ça s'est mal passé votre conversation ? »

Il le sentit prendre avec délicatesse son visage dans ses mains et il secoua la tête en sanglotant, ne réussissant plus à s'arrêter de pleurer.

« Guillaume... C'est de ma faute... Si toi et Clara... J'avais raison...

— Hein ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? Je t'ai déjà dit que non, Aurél.

— Mais Julien, lui... Il dit que tout est de ma faute. Que c'est à cause de moi que vous avez rompu... Que j'aurais mieux fait de me la fermer... »

Guillaume lui lança un regard inquiet à ça et il se laissa tomber dans ses bras en se blottissant contre lui. Il sentit Guillaume se tendre un court moment au contact avant que ce dernier ne vienne entourer sa taille de ses bras fortement.

« Aurél, arrête. C'est un connard s'il t'a dit ça. Absolument rien n'est de ta faute, ok ? Rien du tout. Tu n'y es pour rien. C'est de leur faute à tous les deux et ça montre bien à quel point ils sont débiles de vouloir mettre ça sur ton dos. C'est Clara qui lui a raconté ce qu'il s'est passé hier ? Pour qu'il sache qu'on a rompu elle et moi...

— Oui... C'est ce qu'il m'a dit... Il m'a dit que c'était de ma faute. Que c'était moi qui avait décidé d'aller foutre la merde en allant chez elle... Je suis désolé...

— Aurél, arrête maintenant, lui dit d'un air sévère Guillaume en le forçant à se reculer de lui et il le sentit poser ses mains sur ses épaules. Tu le sais que tu n'y es absolument pour rien, je te l'ai déjà assez répété, hein. »

Il resta silencieux, les larmes aux yeux, et lança un regard larmoyant au plus grand alors qu'il sentait son cœur battre de manière erratique dans sa poitrine. Il avait tellement peur.

« Qu'est-ce que c'est que cette marque sur ton visage ? lui demanda alors Guillaume et il écarquilla les yeux en se rappelant de la gifle que Julien lui avait donnée un peu plus tôt avant qu'il ne s'enfuie de chez lui.

— Je... C'est... C'est rien... bégaya-t-il et Guillaume fronça les sourcils à cette réponse avant qu'il ne le sente se mettre à caresser sa joue endolorie avec délicatesse.

— Est-ce que ton copain a levé la main sur toi, Aurél ? lui demanda Guillaume et comme il ne répondait pas, Guillaume reprit. Dis-moi la vérité, Aurél. Est-ce qu'il t'a frappé ?

— O-Oui... Et ce n'était pas la première fois... se remit-il alors à sangloter. Il a aussi essayé de m'embrasser de force mais je ne le voulais pas alors je l'ai repoussé... C'est pas la première fois, Guillaume, il me fait peur... Il a dit que j'avais agit comme un égoïste et qu'il allait me faire la peau s'il me retrouvait... Je ne peux pas... Je ne peux pas l'affronter de nouveau... J'ai peur...

— Il a dit quoi ? s'exclama alors Guillaume en écarquillant les yeux et il se rendit compte de ce qu'il venait de laisser échapper. Et c'est pas la première fois qu'il te frappe, tu dis ?!

— Mais il... il frappe pas fort... C'est rien... Juste une claque ou une gifle de temps en temps et... Je... »

Il eut soudain énormément honte en voyant l'expression de choc absolu sur le visage de Guillaume à ce moment précis et il baissa la tête, s'arrêtant net de parler. Il sentit alors Guillaume l'attirer à lui avec douceur et il explosa en sanglots dans ses bras, complètement terrifié. Il avait tellement peur de Julien. Qu'est-ce qu'il avait fait, bon sang ?

***

« Tu le sais qu'il n'en a pas le droit, n'est-ce pas ? lui dit Guillaume près d'une demi-heure plus tard alors qu'ils étaient au restaurant, n'ayant encore rien mangé l'un comme l'autre à cette heure-là. De lever la main sur toi. De te frapper. C'est encore plus choquant si ce n'est pas la première fois qu'il le fait.

— Oui... Je le sais... répondit-il doucement en posant ses couverts contre son assiette à moitié vide de pâtes. Mais je ne suis pas... assez fort. Assez courageux... Pour lui faire face. Et maintenant... S'il vient chez moi pour me parler ? Je suis terrorisé, Guillaume. Je ne veux pas être seul. Je ne sais pas ce qu'il pourrait me faire... »

Guillaume resta silencieux un petit moment, l'observant de manière hésitante, avant qu'il ne le sente poser sa main sur son avant-bras, ce qui le fit sursauter :

« Est-ce que... tu aimerais que je reste encore un peu chez toi ? Est-ce que peut-être... ça te rassurerait ? »

Il écarquilla les yeux de surprise en entendant la proposition de Guillaume et celui-ci lui lança un regard hésitant, semblant incertain de ce que sa réponse allait bien être.

« Tu... Tu ferais ça...? bégaya-t-il et Guillaume hocha la tête doucement, un petit sourire s'inscrivant alors sur ses lèvres.

— Je te paierai même un loyer pour ça, Aurél. Tu sais... j'ai nulle part où rester pour l'instant alors... si tu as besoin de moi, je peux rester.

— Mais... même si on ne se connaît pas ? Ça ne te... dérange pas ?

— Pas le moins du monde. Surtout que j'ai l'impression... que t'es vraiment une bonne personne, Aurél. Ça me donne envie d'apprendre à te connaître.

— Et ça te dérange pas que je sois... Enfin, que je... que j'aime les hommes ?

— Pourquoi ça me dérangerait une chose pareille ? lui demanda Guillaume en haussant les sourcils de surprise. C'est ta vie, hein. T'as pas choisi en plus que je sache. Puis je m'en fous. C'est pas ça qui va me faire peur, qu'est-ce que tu crois. Ou me repousser ou je sais pas quoi, hein. »

Il vit que Guillaume semblait s'emmêler les pinceaux dans son raisonnement alors il lui sourit doucement, une petite chaleur dans la poitrine. C'était agréable.

« D'accord. Si ça ne te dérange pas, alors je ne vois aucun inconvénient moi non plus. Ça me ferait énormément plaisir, Guillaume, de partager mon appart avec toi. Et je dois t'avouer... que je m'y sentirai bien plus en sécurité avec toi. »

Guillaume lui sourit en l'entendant dire ça et il reprit sa fourchette pour finir son assiette, sans jamais se départir de son petit sourire. Guillaume aussi était une bonne personne. C'était quelqu'un de bien, ça se voyait, et il l'avait compris dès l'instant où il l'avait rencontré la veille.

Fiction OrelxGringe - Tromperie. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant