- 4.2 - Malaise (version romancée)

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L'alcool ne me permet pas d'analyser la situation. J'ai du mal à savoir qui est mon interlocuteur. Je dois me concentrer pour le reconnaître. J'aurais dû me sentir mal à l'aise, mais rien. Je suis sacrément amoché pour en arriver là.

« Je... Comment dire... Je venais voir si tout allait bien ici...

— C'est gentil, mais comment as-tu su que j'étais ici ?!

— A vrai dire, je n'en savais rien, j'ai simplement entendu un hurlement, j'en ai déduit qu'il était arrivé quelque chose dans la chambre d'en face. Je n'imaginais pas une seule seconde que tu étais là.

— Oh, je suis désolé de t'avoir dérangé, Thimothée...

— Il n'y a pas de soucis, honnêtement j'ai surtout eu peur. Et puis ... je t'avais dit qu'on se verrait ce soir... » lâche-t-il avec un regard carnassier.

Il ne bouge pas d'un centimètre, attendant probablement que je l'invite à rentrer. Evidemment, Clément arrive, me saisit par la taille, l'envie sans doute de poursuivre nos échanges affectueux. C'est en sentant sa main parcourir mon dos que je remarque d'ailleurs sa tendresse. Ce Clément me plaît décidément de plus en plus, respectant mes demandes pourtant peu habituelles quand deux personnes se plaisent tant.

En déposant des baisers sur mon cou, il se décide enfin à regarder, alors qu'il l'avait remarqué depuis déjà de longues secondes, notre invité et lance :

« Désolé, je me suis coupé, mais ça va, merci, lance-t-il froidement.

— Ah, euh... tant mieux... c'est juste que..., tente désespérément Thimothée, ravalant son regard envieux, son sourire et surtout son aplomb.

— Je pense que tu as été entendu par tout l'étage, vois-tu.

— Oh, c'est déjà passé, dit Clément en se frottant la coupure malgré tout bien présente.

— J'ai juste été surpris par la violence du cri. Sans doute par vieux réflexe, j'ai voulu vérifier que personne n'était blessé... souligne Thimothée qui semble avoir repris ses esprits.

— C'est cool, j'aurais fait la même chose ! L'armée laisse des traces. Je me réjouis de voir que nos clients sont aussi attentionnés ! »

La phrase de Clément laisse Thimothée perplexe. Sans doute que « nos clients » ne lui paraît pas clair, s'il n'a pas reconnu le serveur (et propriétaire, donc) de l'hôtel. Clément aussi est attentionné. Je suis très surpris qu'il soit venu contre moi pour parler à Thimothée, laissant ses mains sur mon bassin, posant sa tête sur mon épaule. Après l'hôtelier puis le jeune homme fougueux, je découvre un Clément presque romantique, ses doigts faisant sur ma peau de petits cercles adorables.

« Ecoutez, puisque tout va bien, je vais retourner dans ma chambre. Au plaisir de se recroiser Julien, et merci ... ? ..., reprend Thimothée en cherchant en vain le nom de Clément.

— Clément ! Je suis Clément ! pouffe-t-il. Mais rien ne t'empêche de rester, après tout. Si tu es réveillé à cette heure et que ce n'est pas notre faute, autant ne pas rester seul.

— Je ne suis pas très attiré par la polygamie, désolé... » se défausse Thimothée.

Je manque de m'étrangler à l'idée d'un tel projet. Je ne me sentais déjà pas capable de faire quoi que ce soit avec Clément, ce n'est pas cette nuit que j'allais connaître mes premiers ébats à trois.

« Qui a parlé de sexe ? Partager un bout de lit avec nous pour discuter, peut-être un verre – je fronce les sourcils à ce moment-là –. Oublie le verre, Julien n'a pas l'air emballé par l'idée, souligne-t-il en continuant à m'embrasser sur la joue.

Hommes de Loi (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant