- 3.2 - Manuel (version explicite)

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*** Contenu sexuel explicite ***

Samuel et moi avons déjeuné séparément. Je devais impérativement voir le substitut sans lui, pour lui faire un point sur la situation. Il paraissait rassuré, encore une fois touché par les discriminations dont pourraient faire l'objet certaines minorités. Bauer a décidément une manière très particulière d'aborder ces sujets avec moi. Quoi qu'il en soit, c'est un atout précieux pour l'avenir. Même si, pour l'instant, je n'ai eu aucun problème avec les brigades.

J'ai enfin récupéré un bureau, au quatrième étage, juste en face de celui du commissaire. Je me souviens que ce bureau était inoccupé lors de mon passage. Il servait d'archive et de réserve si mes souvenirs sont exacts. Loin de cette image poussiéreuse, la pièce est désormais exposée plein Sud, le soleil vient donc illuminer mon bureau, la table ronde à côté ainsi que le second bureau, placé ici « au cas où un de vos collègues devrait rester avec vous ». Ce n'est pas ridicule, loin de là.

Je suis perdu dans mes pensées, à regarder par la fenêtre. Les mains dans les poches de ce jean trop serré, je me demande exactement ce que l'avenir va me réserver ici. Je sens, à l'intérieur de ma veste de costume, vibrer mon portable, mais l'envie de répondre ne vient pas. Après deux appels volontairement délaissés, j'entends quelques légers coups sur ma porte. Non pas avec la main, mais avec les ongles, comme s'il ne s'agissait pas de me déranger.

Sans quitter des yeux le parc du Palais de Justice, je murmure un entrez à peine perceptible. Suffisamment, du moins, pour les jeunes oreilles de Samuel qui, chuchotant presque, me demande : « Je te dérange, Julien ? ». Il ne le voit pas, mais j'esquisse un large sourire en entendant sa voix. Elle est encore juvénile, et en cela est plaisante.

« Je t'en prie, Samuel, dis-moi, lui proposai-je en ayant tout de même peu envie de perdre le contact visuel avec l'extérieur.

- Je voulais te remercier et m'excuser, dit-il avec une voix très fluette.

- Je ne vois pas pourquoi, ni pour l'un ni pour l'autre ? demandai-je en tournant sur mon fauteuil pour l'observer se tenir droit mais stressé.

- Te remercier de m'avoir fait confiance. Tu es directement venu me parler de tes doutes quant au couple Thomas, alors que tu aurais pu faire cavalier seul. En discutant avec le procureur et le commissaire, j'ai compris que ce n'était pas ton habitude. Et cela m'a beaucoup...

- Je l'ai fait, Samuel, parce que j'avais confiance en toi, l'interrompis-je.

- Justement, Julien. Rien ne le justifiait, et ne le justifie d'ailleurs.

- Si ce n'est que tu m'aies sauvé la vie sur les marches, peut-être ?

- C'était mon devoir, simplement.

- Tu sais que non, on en a déjà parlé.

- Je voudrais aussi m'excuser, donc. J'ai eu une remarque déplacée, à propos de ton hôtel. Après tout, ça ne me regarde pas. Si tu as accepté cette chambre dans l'attente de ton logement définitif, c'est que tu dois avoir tes raisons. Je n'ai pas à interférer dans ta vie privée, surtout qu'au moins tu peux recevoir ».

Les derniers mots de mon coéquipier me perturbent. Ma vie privée est inexistante, et la seule personne que je voudrais recevoir, c'est lui. Je n'ai pas le temps de penser à une quelconque réponse que mon téléphone fixe sonne. Je suis bien obligé de répondre. Il s'avère que j'ai eu raison. L'hôpital qui a accueilli notre agresseur voulait m'informer qu'il était réveillé et qu'il était désormais possible de l'interroger.

Hommes de Loi (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant