Isabelle sortait de son bureau, enjambant tant bien que mal les différents scellés qui allaient clore son bureau pendant de longs jours. Personne ne voulant me dire quelle horreur s'était déroulée ici, je tente à mon tour de pénétrer dans la pièce. Une main, posée sur mon avant-bras, m'en empêche. Isabelle.
« Je ne suis pas sûre que ce soit une idée pertinente, Julien.
— Pourquoi dont ? Ce n'est pas la première scène de crime que je vois, je vous rassure.
— J'insiste, réellement ».
Ne voulant pas la contredire, je laisser désormais agir la police criminelle. Le commissaire prend alors la parole :
« Allons dans mon bureau, je vous en prie. Je crois que ce sera plus sûr.
— Sûr ? Dans quel sens ? interrogeai-je.
— Nous allons tout vous expliquer » précise le commissaire.
Samuel et le Commissaire entrent en premier tandis qu'Isabelle me retient :
« La balle. Elle était comme... Comme... Vous avez compris.
— C'était la même balle ?! m'époumonai-je.
— Non, non... Mais elle était au même endroit. J'ai eu peur que vous ayez de mauvais souvenirs... ».
Même si ses paroles visaient à me protéger, tout comme son acte de tout à l'heure, je n'aime pas être infantilisé. Encore moins dans ces moments-là. Avant de rentrer dans le bureau, je vois que le GIGN est en train de s'installer dans l'ensemble des bâtiments.
« Et eux, que font-ils ici ? demandai-je.
— Le substitut Bauer a été abattu alors qu'il était dans le bureau de la procureure, les rideaux tirés, au quatrième étage. Cela signifie qu'un tireur a pu se poster en regard de nos fenêtres, commence le commissaire.
— Que faisait Stéphane dans votre bureau, Madame la Procureure ? continuai-je.
— Il devait récupérer un dossier sur mon ordinateur, je lui avais demandé quelques minutes avant.
— Si je comprends bien, un tireur a réussi à faire feu à votre fenêtre sur quelqu'un qui était à votre bureau ; sans pour autant savoir qui y était. Rien ne vous choque ? »
Evidemment, cette conclusion ne me plaisait pas, mais je devais impérativement leur communiquer. Ce n'est pas Stéphane que l'on visait mais Isabelle. Cette dernière devient blanche, tandis que le sang du Commissaire ne semble faire qu'un tour. Seul Samuel est silencieux. Etrangement discret. Complètement abasourdi, il est vrai. Du moins jusqu'à ce qu'il ne prenne la parole.
« Non, c'est à Stéphane que l'on en voulait.
— D'où te vient cette intuition ? soufflai-je.
— La procureure et moi étions dans le bureau d'à côté qui, lui, n'a pas de rideaux à ses fenêtres. Le tireur nous a clairement vus. C'était Stéphane qui était visé.
— Expliquez-nous, Lieutenant ! » s'agace Isabelle.
Un long monologue commence, entrecoupé de sourires mélancoliques et de larmes maladroitement stoppées par les mains de Samuel. Il y a quelques mois, comme nous le savions déjà, Samuel et Stéphane se sont rencontrés à Lyon. Tous les deux enquêtaient sur le fameux réseau qui tout à la fois fait vibrer les nuits étudiantes de Lyon – et désormais de la capitale –, recrute et « offre » des escorts, trafique de la drogue. Bien sûr, tout prend une tournure différente aux précisions apportées par Samuel :
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Hommes de Loi (B&B)
RomansaParfois la vie nous ramène dans le passé, là où tout a commencé : Julien Daviau revient là où il a fait ses premiers pas. Mais tout a changé : homosexuel assumé (quelquefois dépravé), désormais commandant (aux méthodes souvent contestables mais tou...