- 9.3 - Retrouvé (version explicite)

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Nos langues et nos lèvres dansent entre elles, alors que mon corps quitte le sol. Clément me serre contre lui et m'emporte dans cette valse continuelle. Je suis complètement transporté. Nous avons passé les étapes une à une. Comme si c'était normal. Peut-être parce que ça l'est. Si j'avais su que tout pouvait être si simple parfois. Si évident.

Notre idylle momentanée se termine lorsque l'on frappe à ma porte. En me retournant, je découvre Adrian, qui affiche un sourire immense. Décidément, il nous surprend toujours, sans indiscrétion, mais avec curiosité sans doute.

« Excusez-moi mais, je voulais vous remercier ».

Clément, en levant un sourcil, me fait part de son incompréhension.

« Adrian est l'un des jeunes qui nous a permis de savoir que Thimothée était mêlé au réseau lyonnais. Et son ami et lui étaient protégés le temps que nous puissions mettre hors d'état de nuire les personnes concernées.

— Et puis aussi...

— Et Adrian est homosexuel. Il nous a vus nous embrasser alors il s'est permis de venir nous voir.

— Tu veux en voir plus ? éclate de rire Clément, rendant le visage d'Adrian complètement pourpre.

— Disons plutôt qu'il a encore du mal à s'assumer... Il est venu chercher des conseils auprès de moi et, n'étant pas forcément le mieux placé, j'ai pensé que nous pourrions en parler ensemble. Souviens-toi, tu l'as déjà vu.

— M'assumer, je commence... Mais en parler non... Il n'y a que vous... lâche doucement Adrian.

— Pourquoi tu ne te sens pas capable de le conseiller ? m'interroge Clément, curieux.

— Parce que je n'ai pas, comme toi, ton sens de la communication. Surtout, j'ai eu du mal à te dire ce que je pensais, n'osant pas me l'avouer. Alors... »

Clément sourit, comprenant mes arguments. En s'asseyant, je le vois prendre un air très sérieux, ainsi qu'une grande respiration.

« Tu vois Adrian, aujourd'hui je m'assume et tout le monde sait que je suis gay. Je n'ai ni honte, ni peur. Quand j'étais encore ado, c'était différent. Non pas que j'avais peur ou honte, non. Seulement, je ne savais pas qui j'étais, et pourquoi ça m'arrivait. La différence entre les autres et moi ne me gênait pas, ne me choquait pas. Elle était juste une surprise. Paradoxalement, c'est en rentrant à l'armée que je me suis accepté. Ou du moins j'ai accepté d'être moi. J'y ai compris que si l'on n'était pas authentique, au clair avec soi, rien ne pouvait advenir. Rien.

— Ce qui me fait peur, c'est de les perdre.

— Qui donc ? demandai-je.

— Mes parents, mes amis, ma sœur...

— Quand vivras-tu alors, Adrian, si tu restes muet ? Je veux juste que tu comprennes qu'ils ne sont pas toi. Et qu'un jour tu ne pourras plus tenir, plus résister, plus faire face. Ni à eux, ni au monde, ni à toi.

— Mais c'est difficile quand on est seul... »

Ce n'était pas Adrian qui venait de répondre. C'est moi. Seulement moi, qui suis en train de transférer sur le jeune adulte toute ma tristesse passée. Clément se tourne vers moi, alors qu'Adrian semble quelque peu surpris.

Le regard de mon homme est rempli de lumière, comme pour me rappeler que je ne suis plus seul. Cette si difficile période, alors que la solitude rongeait tout mon être, faisait ressortir mon absence. Je n'étais pas là. Je n'étais pas moi. Je n'étais qu'une ombre. C'est la mort de Grégoire qui m'a fait comprendre que je devais vivre. Il aura fallu attendre quasiment mes trente ans pour que j'y parvienne.

Hommes de Loi (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant