- 10.3 - Final - Savoir partir

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Ils sont là, tous les trois. Ils me regardent lentement arriver. Je me sens soudainement porté par leurs yeux rivés sur moi. Je sens que j'ai de l'importance pour eux. Que je ne suis pas juste le flic gay ou le collègue qui s'est sacrifié. Il y a quelque chose de malsain dans ma présence dans la police aujourd'hui. Je ne suis plus à ma place. Ma place, elle est dans leur regard.

Clément se lève, et vient m'embrasser, tandis que le couple nous rejoint. Marc d'abord me serre dans ses bras, puis Favian qui vient nous enlacer par-dessus son mari. Clément rigole en voyant cette scène qui aurait été surréaliste pour moi il y a quelques mois. Je n'aurais jamais accepté que l'on me touche ainsi, et encore moins aux yeux de tous. Les plats arrivent, nous nous installons.

« Pour tout te dire Julien, nous n'imaginions pas une seule seconde que tu sois ce genre de policier. A tout risquer, souffle tranquillement Marc entre deux bouchées.

— Je ne sais pas comment le prendre, finalement ! dis-je en souriant.

— Disons que nous ne pensions pas que tu aurais pris un tel risque pour Samuel. Après tout... continue Favian.

— Après tout, il m'a sauvé la vie deux fois... Et malgré tout je n'avais pas le droit de l'oublier. Dans son état, au mieux l'enquête aurait été ratée, au pire il se faisait descendre. Quand ce mec te met son revolver sur le front en rigolant, il ne faut pas flancher.

— Clément nous a racontés au téléphone... Y compris que tu étais mal... souligne Marc

— Ce n'est pas à cause de cette infiltration. J'ai juste compris que tout ça était terminé pour moi. Vraiment.

— D'ailleurs, nous voulions nous excuser de ne pas être venus te voir pendant ces moments difficiles. Notre cœur était avec toi mais... lance Marc attristé.

— Nous étions en Espagne pour affaires. Il nous était délicat de rentrer. C'est pour ça que nous voulions vous inviter au restaurant dès notre retour, continue Favian.

— Je ne vous en veux pas, voyons. La vie continue en-dehors des mésaventures que je peux connaître. La Terre continuera de tourner. Mais je suis heureux d'être avec vous trois, sincèrement ».

Ma main gauche serre celle de Clément, tandis que ma main droite rejoint celle de Marc qui aussitôt la saisit.

« Et moi alors ? » éclate de rire Favian.

Je me lève alors, le rejoins et viens l'enlacer alors même qu'il est encore sur sa chaise. Plutôt surpris d'un tel témoignage d'affection de ma part, Favian se détend et laisse l'étreinte se poursuivre. Clément me lance un regard faussement jaloux tandis que Marc ne me quitte pas des yeux avec un sourire franc.

« Il est temps de parler de votre avenir, vous ne croyez pas ? » propose Favian.

Je le libère alors de mes bras, retourne à ma place, en face de lui donc, et m'installe confortablement pour les écouter.

« Au téléphone, nous avions commencé à vous dire que nous allions trouver une occupation à Julien.

— Oui, moi j'ai déjà l'hôtel, merci ! rigole Clément.

— Précisément Clément. Précisément ! reprend Favian.

— Nous avons fait de nombreux allers-retours à Barcelone et Madrid pour développer nos activités. De mon côté, j'ai de nouveaux partenaires proches de l'euphorie à l'idée de travailler avec nous. La mode espagnole a bien besoin de renouveau, et c'est le but de ma présence là-bas. Je vais donc désormais être le quart du temps à Madrid, explique Marc.

Hommes de Loi (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant