Mes pensées ne s'éteignent jamais

Si l'homme était dépourvu d'yeux

On se rend compte à quel point on est différent
À quel point on est infime comparé à l'océan
Cette vague immense d'eau salée
Contenant des gens souvent biaisés
Nous aussi, nous sommes insignifiants

Non, « je » n'est pas mieux qu'un autre, il est en réalité bien pire. Si son niveau atteint le ciel : celui de l'autre, le Paradis.
Non, « je » n'est jamais le meilleur. Il vante sa vie et ses petits bonheurs. La réalité fait autrement les choses : souvent il revient chez lui en pleurs.

Nous ne serons jamais mieux. Nous ne pourrons qu'être pires.
Je ne ferai jamais mieux. Il vaudrait bien mieux mourir.

Le vent emporte avec lui les désirs des gens utopiques : on dit souvent que la mort survient quand on l'attend le moins, mais ce désir d'abandon a fait fuir le dindon. La mort ne viendra pas de suite car notre désir est parti en fuite. Il ne hoche la tête que pour dire oui. Il ne hoche la tête que pour dire non.

***

– Ça t'intéresserait de me suivre ?

– Oui.

– Alors approche-toi seulement.

– Non.

– Décidément, qui es-tu vraiment ?

***

L'insignifiance donne goût aux gens du farfelu, de l'extrême au plus nu, pour dé-tisser la toile d'araignée. Le coton semble nous étrangler mais seulement on souffle, on étouffe, on suffoque, on meurt... d'envie d'atteindre l'identité : celle qui nous sortirait de l'insignifiance dans laquelle nous sommes tous nés. Pour se démarquer. Pour prouver aux autres que « je » suis mieux fait.

Si les hommes étaient dépourvus d'yeux, l'insignifiance se tairait peu à peu. Ils n'auraient pas à sortir du lot pour accueillir les mots : ceux-ci seraient leur seul centre d'occupation, où l'animation serait réduite aux mouvements du son.

Grammaticalement, tout cela est correct. Est-ce pourtant acceptable ?

20 avril 2022, 22:50